And the winner is ...

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(LISE)

- Lise, mange !

- Mmmmmmmmmm ... plus tard ... pas le temps !

- LISE !

J'allais protester une nouvelle fois quand un maki concombre recouvert de gingembre confit atterrit dans ma bouche. Je l'avalai sans mal, le gobant littéralement tant mon estomac criait famine, dans un bruit de gargouillis épouvantable.

- Putain Lise, mais t'as rien avalé depuis quand ?

- Scroumpfffff ... chais pas ... vas y encore ... un sushi saumon maintenant ... blindé de sauce ... blindé j'ai dit, ça c'est juste saupoudré !!! ... oh merde ce que c'est bon .... un autre !

Zoé s'exécuta comme un bon petit soldat et en moins de 2 minutes, tout le plateau était englouti

- Tu vois que t'avais faim Lise

- J'ai jamais dit que j'avais pas faim Zoé, j'ai dit que j'avais pas le temps, nuance

- Ouais, enfin c'est pas en tombant malade que tu vas trouver une solution en tout cas. 

Elle avait pas tort, mais je connaissais mon corps et mes limites. J'étais encore loin du cap critique. Et une petite diète ne pouvait de toute façon pas me faire de mal, ma parenthèse brésilienne m'avait trop bien remplumée ici et là à mon gout (enfin en évitant soigneusement les seins, comme par hasard !) De plus, il me restait à peine une semaine avant la fin de l'ultimatum de la banque et je devais me concentrer uniquement sur ça. Même si je devais bosser dessus 18 heures pas jour pour ça et me passer de manger 2 fois sur 3. Hors de question qu'en moins d'un mois, je fasse couler la boite que mon père avait créé de ses mains et porté à bouts de bras pendant 35 ans. J'en mourrais de honte.

- Alors, qu'est-ce que ça donne ?

Je levai la tête vers ma cousine et meilleure amie. Les cernes sous ses yeux me montraient le soutien sans faille qu'elle m'apportait depuis le début de cette histoire. Chaque soir après sa journée chez Froufrou elle me rejoignait ici et ne retournait à l'appart que pour y dormir une poignée d'heures. Elle avait fait une croix sur sa vie sexuelle débridée et trépidante, et transformé ses soirées épiques avec ses 4 copines en réunions de crise ici. J'avais jamais autant vu sa bande que ces 15 derniers jours et je m'attachais de plus en plus à elles sans m'en apercevoir. "Lise la Solitaire" avait bien changé depuis quelques temps et je commençais à apprécier de plus en plus l'esprit de meute dans lequel je baignais ces derniers jours. 

Mais malgré leurs rires, leur folie et plus sérieusement leur aide pour sortir de ce marasme, le bilan était sans appel. Sans injecter un max d'argent frais dans l'affaire et un ménage de fond en comble de la situation financière, aucun miracle n'aurait lieu. Le dépot de bilan se rapprochait de plus en plus et cette épée de Damoclès commençait à faire de sacrés dégâts sur mon moral. J'avais réussi jusque-là à me cacher autant de fois que ça avait été nécessaire mais mes crises de panique étaient de plus en plus fréquentes, l'air me manquait parfois au point de passer de longs moments sur le balcon pieds nus et en T-Shirt alors que la température frisait le 0 et que la neige menaçait. J'avais même du passer un soir en urgence au cabinet de mon psy, que je voyais pourtant déjà deux fois par semaine depuis mon retour, pour vider mon sac au sortir d'une crise qui m'avait littéralement laissée sur le carreau de la salle de bains. Par chance, je n'avais eu à déplorer aucun bobo physique pendant cette interruption momentanée de mes programmes, mais j'avais maintenant la certitude que je ne pouvais plus laisser mon état émotionnel à l'abandon. Quelques pilules qui m'aidaient à prendre un peu de recul plus tard, j'avais pu me remettre à la tache, plus déterminée que jamais. Mais toujours aussi déprimée par l'absence d'issue positive qui se profilait aussi surement que 2 + 2 faisait 4.

Puissance 1 000 (Terminée)Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ