Atterissage

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(ALEX)


Oh putain il était moins une. Quand j'ai vu son visage passer du rose au blanc et les appels d'air qu'elle faisait avec sa bouche, j'ai juste eu le temps de l'attraper avant qu'elle ne s'écroule.

Heureusement que je sais où se trouve la sortie de secours parce que je ne me voyais pas traverser cette immense salle avec ma fausse petite amie évanouie dans mes bras comme une princesse de conte de fées.

Même pour moi, c'était too much.

Le temps que Paul fasse le tour du pâté de maisons et je peux déposer Lise dans la voiture.

Ce calme soudain me vide la tête. J'arrive pas à comprendre comment les choses ont pu m'échapper à ce point. Bon, pour être honnête, à part la rencontre fortuite avec mini Green, j'échangerai pour rien au monde le moindre moment de cette soirée.

J'ai l'impression qu'avec Lise tout est puissance 1 000.

Ses colères, ses baisers, ses défis, ses réparties, ses jeux, même son retrait de la scène en mode Belle au Bois Dormant. Incroyable.

Quand je la vois si paisible, endormie dans mes bras, bercée par le roulis de la voiture, simplement éclairée par de rares lampadaires, je ne sais plus quoi en penser.

A part que j'ai plus envie d'elle que jamais.

Cette fille que j'ai prise pour une ombre, certes hyper efficace mais transparente au possible pendant près d'un an, vient de sortir de son cocon en mettant un grand coup de pied dans mon existence en moins de 24h. Et a fait voler en éclat ma vie peinarde faite de gonzesses d'une soirée, juste bonnes à baiser mais vides à l'intérieur pour la plupart. Étrange.

Et dire que si je n'avais pas baisé mini Green au bureau, rien de tout ça ne serait arrivé.

Jamais je n'aurais découvert l'autre Lise.

Elle se met à bouger sur moi, j'ai l'impression qu'elle va se réveiller.

Bingo. Mais en mode panique. Aie.

Au premier feu rouge elle essaye de se barrer, je la rattrape in extremis par le bas de sa robe, ce qui fait plonger son décolleté au bas de ses fesses. Toujours nues.

Et une main dans ma gueule, une !

Au moins elle a réintégré la voiture.

Elle hurle. Logique.

Et me frappe. Classique.

Je la prends dans mes bras et la maintiens.

Quand je sens que sa fureur est descendue d'un cran, je prends le risque de desserrer mon étreinte.

Elle jette alors sa tête sur mes genoux et se met à pleurer.

Elle évacue la pression. Bien.

Parce qu'il va falloir qu'on ait une discussion. Elle nous a foutu dans une belle merde, et même si ça me rend plus vivant que jamais, je ne suis pas sûr qu'elle sache gérer le boulet de canon qui s'apprête à pulvériser sa vie tranquille.

Dès demain, les photos seront partout dans les kiosques et sur internet, les commentaires s'attarderont obligatoirement sur notre relation patron / assistante, sur sa robe volcanique, sur nos baisers, sur les mines déconfites des autres femmes.

Tout un tas de conneries seront rajoutées pour faire vendre, et j'avoue que j'appréhende un peu sa réaction.

Puissance 1000 a priori.

Ma main posée sur sa tête caresse délicatement ses cheveux incroyablement doux. J'ai l'impression qu'elle a arrêté de pleurer. Sa respiration s'est faite plus lente. Elle s'est rendormie sur mes genoux.

Épique soirée.

N'écoutant ni la raison ni la bienséance, je me penche subitement vers Paul qui tourne en rond dans les rues en attendant mes instructions.

- A la maison !


Puissance 1 000 (Terminée)Where stories live. Discover now