Y a Une Fille Chez Moi [Terminé]

Chapitre 1: Game over

Shikamaru avait toujours trouvé les femmes très chiantes. A commencer par sa mère. Aussi, peu après avoir fêté ses vingt ans, il décida qu'il était temps pour lui de prendre son envol. Malheureusement, rêver de la liberté était plus simple que de la vivre... C'était la première chose dont il se souvenait, tous les matins, en prenant sa douche glaciale. Penser à payer les factures de gaz, c'était galère. D'autant plus que, depuis qu'il vivait seul, Shikamaru aurait du faire plus de missions pour subvenir correctement à ses besoins. Seulement voilà, faire des missions, c'était galère.

Le plus souvent, il s'agissait de protéger tout le gratin du village et ce n'était pas du tout, mais alors pas du tout, au goût du jeune homme. Déjà parce que ces stupides missions ne demandaient pas beaucoup de stratégie, mais en plus parce que les clients, des hommes et femmes plein aux as ou des enfants pourris gâtés, exigeaient qu'on cède à tous leurs caprices et qu'on leur lèche les bottes tout au long de la mission.

Or, si le clan Nara était bien connu pour son exceptionnelle intelligence, ses membres n'étaient absolument pas prédisposés au léchage de bottes. Déjà parce que c'était horriblement chiant, ensuite parce que c'était gaspiller inutilement de la salive et enfin parce que c'était déjà assez galère d'être un ninja, alors il fallait au moins que ce statut donne droit à un minimum de respect et d'amour propre. Autrement dit, Shikamaru préférait être au chômage que d'accepter des missions d'escorte de rang C où il était constamment censé se montrer admiratif, aimable et respectueux, ce qui se soldait toujours par un cuisant échec.

Bien sûr, il aurait pu faire des choses moins inutiles, comme s'occuper des nukenins ou des criminels de rang S. Mais ces missions un peu moins chiantes étaient réservées aux juunins. Oh, Shikamaru aurait pu devenir un très bon juunin. Selon Asuma, il aurait même pu devenir Hokage. Mais depuis la mort de son sensei, il n'y avait plus personne pour vraiment prendre le temps de le pousser à faire quoique ce soit. Et Shikamaru avait vraiment trop la flemme. Sans compter que se taper encore un examen, ce serait horriblement chiant.

Par conséquent, le jeune ninja refusait plus de missions qu'il n'en acceptait, ce qui était fatal pour ses finances. Voilà pourquoi il se retrouvait à prendre des douches glacées en se demandant si oui ou non, il devrait finir par retourner chez ses parents, la tête basse et la queue entre les jambes. A cette pensée, il laissa échapper un de ses habituels « galère ! » et s'empressa de sortir de la douche en s'emmitouflant dans une épaisse serviette. L'hiver serait long. Très long. Et encore plus s'il ne trouvait pas de quoi payer le chauffage...

Chassant ces pensées peu agréables, le jeune homme s'habilla et prit un rapide petit déjeuner. Même s'il détestait se presser, il avait rendez-vous avec Chôji et Ino dans moins de dix minutes et cette dernière lui avait bien fait comprendre que s'il arriverait encore une seule fois en retard, elle lui arracherait les yeux. C'était bien une femme, elle. Plus galère, tu meurs. Sur cette charmante observation, il sortit de chez lui et se dirigea lentement vers le restaurant préféré de Chôji, leur lieu de rendez-vous habituel.

- Shikamaru !

Un sourire se dessina sur le visage de ce dernier lorsqu'il reconnu au loin la silhouette un peu « enrobée » de son ami.

- Ino n'est pas encore là, lui expliqua Chôji. Je crois qu'elle est tellement habituée à ce que tu sois en retard qu'elle ne prend même plus la peine de venir à l'heure...

- Quelle fille chiante..., lâcha le jeune shinobi en retour.

- Pardon ? murmura la concernée, d'une voix qui aurait fait fuir Kyuubi lui-même.

D'un même mouvement, les deux ninjas se retournèrent pour faire face à leur coéquipière qui aurait facilement pu rivaliser avec Sakura dans l'une de ses grandes crises de fureur.

- Je pense qu'il est temps qu'on aille voir Tsunade-sama, si on veut avoir une mission correcte, détourna Chôji avec diplomatie.

Mais Ino avait pris les devant :

- J'en reviens. J'en ai plus que marre d'avoir les restes parce que ce crétin n'est pas capable de se lever à l'heure. Cette fois-ci, on aura enfin une mission digne de ce nom !

Malgré son intelligence et son incroyable faculté à prévoir les choses, Shikamaru n'imagina pas une seule seconde que cette mission, pourtant si anodine, allait se révéler être un véritable fiasco.

- Essaie de te montrer plus aimable que la dernière fois, souffla discrètement Ino en souriant de toutes ses dents à la nouvelle cliente qui s'approchait. Si tu te conduis comme la dernière fois, je t'assure que quand j'en aurais fini avec toi, le visage de Morino Ibiki te semblera plein de douceur et de charme.

Cette menace aurait peut-être fait frémir plus d'un ninja, mais Shikamaru resta impassible. Il détaillait la civile replète qui s'était maintenant arrêtée devant eux pendant qu'Ino se pliait aux formules de politesse habituelles. La mission consistait à l'escorter vers le village voisin, mais en passant par la forêt qui entourait Konoha, afin d'y parvenir plus vite. Rien de bien palpitant en somme. Sans attendre plus longtemps, ils se mirent en marche. Avec un peu de chance, ils y seraient à la tombée de la nuit. Avec un peu de chance...

Les ennuis commencèrent à une dizaine de kilomètres du village. Shikamaru remarqua un certain nombre de détails étranges. Au début, il n'y prêta pas attention, mais, au bout d'un moment, les différents éléments anormaux s'assemblèrent pour constituer une sorte de puzzle. On leur avait préparé le terrain... Oh, ce n'était rien de vraiment flagrant. Mais tout était trop calme. A peine trop calme, mais trop calme quand même. A ce stade, ils auraient dû au moins croiser quelqu'un, ou même juste un animal... Un simple lapin sortant des fourrés sans prévenir et les faisant sursauter aurait suffi. Seulement voilà, il n'y avait encore rien eu de tel. Comme si quelqu'un était passé par là et s'était assuré qu'ils ne trouveraient rien de déplaisant... pour qu'ils continuent sur cette route et tombent dans un piège.

- Ino, je crois qu'il va falloir changer d'itinéraire, lui murmura-t-il.

- Pourquoi ? s'étonna la jeune kunoichi.

Mais Shikamaru n'eut même pas besoin de répondre à sa question. Quelques mètres plus loin, là où ils auraient du passer, un ninja avait lancé un grossier genjutsu, une technique d'illusion qui sautait aux yeux.

- Je ne sais pas comment tu l'avais deviné, lui sourit-elle, mais tu avais raison.

- Non, j'avais tort.

Ses deux coéquipiers le regardèrent, surpris. La cliente, elle, commençait à s'inquiéter.

- Il y a un problème ? demanda-t-elle en essayant de cacher le tremblement de sa voix.
- Aucun, la rassura Chôji avec un sourire réconfortant. On réfléchit juste au chemin le plus court.

C'était un mensonge en bonne et due forme, mais au moins, elle parut rassurée.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il tout bas à Shikamaru.

Ino se rapprocha un peu, visiblement aux aguets.

- C'est un piège, leur expliqua Shikamaru. La technique est si grossière qu'on ne pouvait pas la rater.

- Peut-être que celui qui a fait ça est un piètre ninja, suggéra Ino, sans comprendre où voulait en venir son ami.

- Non, la contredit-il, je ne crois pas. Depuis qu'on est parti de Konoha, tout est étrangement calme. On nous a tracé une route, en nous débarrassant de tous les obstacles possibles.

- Je n'avais même pas remarqué, fit Chôji en regardant attentivement autour de lui.
- Justement ! argumenta Shikamaru. C'était si discret et léger que nous n'avions pas remarqué. Celui qui s'en est occupé est très doué, pas du tout du genre à créer des genjutsu aussi médiocres.

- Conclusion ? s'impatienta Ino.

- C'est un piège.