Chapitre 10 : du rire aux larmes

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Shikamaru se tournait et se retournait, sans parvenir à trouver une position confortable. Il faut dire que les coussins sur lesquels il était installé ne l'aidaient pas beaucoup... Mais c'était surtout de la faute de Temari. De toute sa vie, il n'avait jamais passé de soirée aussi étrange. Il avait l'impression de ne plus rien contrôler, chose qu'il détestait au plus haut point. Il avait beau essayé d'analyser calmement la situation, il n'y parvenait décidément pas. Il revoyait encore la jeune femme se baisser vers lui, juste avant que ses lèvres ne frôlent sa joue... Un frisson le parcourut et il secoua la tête, comme pour essayer d'éclaircir ses pensées.

« Ça ne veut rien dire pour elle..., songea-t-il, les yeux grands ouverts dans l'obscurité. C'était juste pour me remercier. »

Cette explication le rassurait. Il ne se sentait absolument pas prêt à gérer une fille. D'ailleurs, il s'était toujours promis, dès son plus jeune âge, de ne jamais avoir à en gérer une. Il n'était pas fait pour ça et il n'en avait ni le courage ni l'envie. Oui, tout était très clair. Il n'y avait et il n'y aurait jamais quoique ce soit entre Temari et lui, si ce n'est de l'amitié. Mais alors pourquoi se sentait-il si étrange, presque fébrile ? Pourquoi ne parvenait-il pas à chasser cette scène de sa tête ? Pourquoi revoyait-il encore et toujours son visage, si près du sien, son souffle léger et chaud sur sa peau, ses lèvres sur sa joue ?

« Ce n'était qu'un simple baiser, en toute amitié, sans rien de plus », se rappela-t-il encore une fois, sans parvenir à s'expliquer pourquoi est-ce qu'il ne parvenait donc pas à en détacher ses pensées.

Et si... Et si ce n'était pas un geste anodin ? Et si elle attendait quelque chose de lui maintenant ?

Il poussa un profond soupir. Il avait toujours su que les filles étaient galères. Et compliquées. Très compliquées. Tiens, par exemple, pourquoi ne pas tout simplement dire :

« Hey, Shikamaru, je t'embrasse sur la joue, mais ça veut juste dire merci ».

Ou bien alors... Ou bien alors cela avait une toute autre signification...

Il se retourna brusquement. Non. Il ne préférait même pas y songer. Temari et lui, ensemble, ce serait le retour des grandes guerres ninjas mais à l'intérieur même de son appartement. Autrement dit, une catastrophe. Le fichu « et si ?» rappliqua au galop. Et si finalement, ça valait le coup d'essayer ? Et si... Le jeune homme lutta pour éloigner cette hypothèse de son esprit et poussa un profond soupir. Non seulement les filles étaient galères et compliquées, mais en plus, elles étaient cruelles. Le genre de sadiques qui vous embrassent sur la joue avec un sourire énigmatique et qui vous lance un regard moqueur du genre: « Vas-y, amuse-toi bien à essayer de décrypter ce que j'ai voulu dire par là... ».

Il se retourna encore une fois, près à lâcher un nouveau soupir, quant il entendit la voix de Temari s'élever.

-Je n'arrive pas à dormir non plus, déplora-t-elle avec lassitude.

La jeune femme hésita encore quelques secondes : se lever pour venir auprès du jeune homme était tentant. Elle avait vraiment besoin de réconfort et Shikamaru savait y faire, même si c'était loin d'être évident à première vue. L'espace d'une soirée, elle avait pu mettre de côté tous ses soucis, toutes ses incertitudes et toutes ses peurs. Grâce à lui. Il ne lui avait pas posé de question, il n'avait pas cherché à la pousser à se confier, il ne s'était pas montré indiscret ou inquisiteur. Il avait juste été là et lui avait changé les idées, sans rien demander en retour, comme un véritable ami. D'un autre côté, il avait déjà fait des pieds et des mains pour lui remonter le moral ce soir, épuisant certainement son stock d'énergie pour l'année... Inutile de l'embêter encore plus. Malheureusement, se ranger du côté de la raison et rester maître de soi-même n'était pas toujours chose facile et, entre son départ de Suna et la fatigue accumulée, Temari sentait bien qu'elle était sur le point de craquer. Or, la dernière chose dont elle avait envie, c'était de fondre en larmes sur l'oreiller du jeune homme, même si elle avait d'excellentes raisons de le faire... En quittant Suna, elle avait perdu ses amis et sa famille. Aujourd'hui, elle n'était qu'une étrangère à Konoha et, pour la première fois de sa vie, elle comprenait toute l'ampleur du mot « solitude ».

Y a Une Fille Chez Moi [Terminé]Where stories live. Discover now