Chapitre 5

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PDV Elena

Je n'avais pas fait la dissertation. Personne ne l'avait faite. En fait, on s'était senti pousser des ailes quand Parker avait annulé l'heure de colle de Greg et on avait décidé, après un long débat sur Facebook, que personne ne devait faire la dissertation. J'espérais vraiment que tout le monde allait suivre cette décision, et que personne ne nous planterait un couteau dans le dos.

Nous sommes tous restés solidaires les uns des autres contre cette punition abusive (vous avez vu, tout de suite j'utilise les grands mots ^^ Je l'aime pas vraiment pas Maillard).

Et, comme on s'y attendait tous, Maillard a gueulé. Et Martin (un des leaders du mouvement anti-dissertation) a pris la parole, contre toute attente.

Martin : « Écoutez Monsieur, on peut parler calmement ? »

Et Maillard a gueulé de plus bel.

Martin : « Monsieur, il faut nous comprendre aussi, on avait rien fait. Et puis, on n'est pas les seuls de cet avis, regardez Mr Parker a fait sauter l'heure de colle de Greg, il a compris que vous étiez en colère ce jour-là »

Maillard : « Qu'est-ce qu'il a fait ce connard ?! Il a fait sauter MON heure de colle ?! Mais il va m'entendre celui-là ! »

Et il est parti en claquant la porte.

On avait tous retenu notre respiration devant la colère de Maillard, il fait vraiment peur quand il s'énerve, on l'entendait sûrement de l'autre bout du lycée... Pauvre Parker, il allait prendre cher.

Greg : « Putain Martin, j'espère qu'il va pas me recoller »

On était tous morts de rire. Après tout, on avait raison dans l'histoire, non ? Ok, on aurait peut-être dû faire la dissertation et en discuter avec lui mais est-ce qu'il nous aurait écoutés ? Est-ce que ça n'aurait pas fini de la même manière ?

PDV Ethan

J'étais en salle des profs avec Yves quand on a entendu crier sur les élèves. J'ai reconnu la voix de Maillard.

Moi : « Tiens, il est encore en colère l'autre. Le jour où je le vois rire je vous paye un verre ! »

Yves : « Ça va, tu prends pas de risques, quand tu es dans son champ de vision, la seule chose à laquelle il pense c'est t'enfoncer ! »

On se moquait encore quand il a déboulé en salle des profs. Il. Maillard. Je ne l'avais jamais vu avec un regard aussi noir, il s'est approché de moi et m'a attrapé par le col.

Maillard : « Toi, tu vas me le payer »

Je ne comprenais pas. Payer quoi ?

Et puis il a resserré son emprise et par réflexe je l'ai repoussé avec un coup dans l'abdomen. Et j'ai mal dosé ma force. Et j'ai encore fait une connerie. Et j'ai encore aggravé les problèmes. Et je le sens mal.

Maillard était tombé par terre et se tenait les côtes. Plusieurs collègues m'ont regardé bizarre et se sont approchés de lui. Je me suis également approché.

Moi : « Je suis désolé... Mais vous êtes taré vous aussi, je sais pas ce qu... »

Il me coupa net : « Dégage, connard ! »

Tiens, il avait retrouvé sa force. Quand c'était pour me traiter, il était en pleine forme.

Alors je suis parti. J'étais vraiment énervé, contre moi-même, contre mes réflexes pourris, contre mon impulsivité, un peu contre Maillard et puis j'en voulais au monde entier, à l'abandon de mon père, à Bryan, à la dépression de Juliette, à mon manque d'argent, à la hausse des prix, à la vie qui s'acharnait sur ma mère, sur notre famille qui tenait à peine debout. J'étais en colère face à mon incapacité à sortir Juju de cet enfer et parce que mon père avait raison : jamais je ne serais à la hauteur, jamais je ne serais là quand Juliette en aura besoin.

Bleeding out (Relation prof/élève)Where stories live. Discover now