Bleeding out (Relation prof/élève)

Chapitre 48

/Lire la note de fin svp ❤/

Jeudi 19 novembre 2015, 9h50

PDV Elena

Arrivée en retard en SVT, j'ai dû suivre le cours depuis le premier rang, juste en face du bureau et bien loin de mes amis. Ça m'apprendra. Et comme si ce n'était pas suffisant pour un jeudi matin, le cours suivant était un cours de philo. « Achevez-moi » ai-je murmuré à Mélanie alors que l'on entrait dans la salle.

Greg était très silencieux. Beaucoup trop silencieux. J'avais envie de le réconforter, de le faire parler de ce qui n'allait pas mais au fond, je n'avais envie d'entendre ce qu'il avait à dire parce que j'étais sure d'être la cause du problème. Alors, je me contentais d'un sourire compréhensif, sans même chercher à engager la conversation sur un autre sujet comme j'en ai pourtant l'habitude. L'heure passa très lentement. Vraiment très lentement. Tellement lentement que je regardais la trotteuse de ma montre avancer, en calculant combien de minutes il restait. Quarante-cinq. Quarante-quatre. Quarante-trois. Quarante-deux. Quarante-et-un. Quarante. Trente-neuf.

« Mademoiselle Morra, si vous n'êtes pas intéressée, vous pouvez sortir et aller en cours d'horlogerie ! »

J'ai levé la tête, rangé mes affaires et je suis sortie. Je n'ai pas répondu, je suis juste partie, sans trop savoir pourquoi. Je savais que ce n'était pas la chose à faire, que ce n'était pas vraiment une suggestion et qu'en disant ça, la professeure s'attendait à des excuses et à ce que je porte attention au cours mais au fond, je n'avais fait qu'obéir, pas vrai ? « Et puis, la note que j'aurai au bac philo on s'en fiche pas vrai ? » demandai-je à moi-même.

J'ai longé le couloir jusqu'à la salle d'Ethan dans l'espoir qu'il soit là, et puis je me suis souvenue qu'on était jeudi et qu'il ne travaillait pas le jeudi cet enfoiré.

J'ai pris mon téléphone pour lui envoyer un message et j'ai vu trois messages non-lus datant de plus tôt dans la matinée.

Il faisait son retour.

Inconnu : « Salut ma jolie, comme on se retrouve »

Inconnu : « Tu m'as impressionnée en tout cas ces derniers temps, je ne pensais pas que tu réussirais une telle mission. La rumeur est un succès, félicitations. Je vais pouvoir te donner d'autres missions bien plus compliquées maintenant que je sais de quoi tu es capable. »

Inconnu : « Tu n'as pas idée de ce que je te prépare .... Haha. »

Des missions plus compliquées ?! Parce que trahir son meilleur ami c'était pas déjà compliqué ? La peur m'envahissait de plus en plus alors que je priais pour être dans un cauchemar, pour que ma mère me réveille parce que j'étais en retard pour l'école et pour que ma vie reprenne son cours. Je ne voyais pas le bout du tunnel, je n'avais pas d'échappatoire. Quand est-ce que tout ça prendrait fin ? Est-ce que ça prendrait fin un jour ?

Parfois, la peur laissait place à la colère, et j'étais alors déterminé à démasquer cette personne et à lui en faire baver pour qu'elle regrette d'être née. Et puis, je réalisais que je n'avais aucun moyen de la trouver. Ca pouvait être n'importe qui. Aujourd'hui, avec l'omniprésence des nouvelles technologies, des réseaux sociaux (et des connards), il n'y avait plus de limites. Il était facile de s'en prendre à quelqu'un. Tout ça s'était développé tellement vite que personne ne pouvait plus contrôler ce qu'il se passait sur internet. Je ne dis pas qu'internet c'est la peste, ça reste incroyable, ça ouvre pleins d'opportunités, c'est quand même impressionnant de pouvoir parler en direct avec quelqu'un à l'autre bout du monde ! Le problème, c'est les gens et les comportements. C'est comme si l'on vivait dans un monde où rien n'a d'importance à part sa propre existence et son compte en banque et c'est triste quand on y pense. Je veux dire, c'est évident, on ne peut pas aimer tout le monde, on peut n'aimer personne. Je ne suis pas un exemple en la matière, il y a plein de gens que je n'apprécie pas, et je ne m'en cache pas. Mais ce n'est pas pour autant que j'irai pourrir leurs petites vies, à quoi ça servirait ? Perdre mon temps ?