3. Paranoïa

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Je me réveillai en sueur, le cœur battant. Je touchai les draps du lit pour vérifier que j'étais bel et bien éveillé. J'étais dans ma chambre. Je poussai un soupir de soulagement et passai mon poignet sur mon front. Je jetai un coup d'oeil à côté de moi. Laura était endormie paisiblement.

Mais pourquoi faisais-je de tels rêves ? Je ne comprenais pas comment mon esprit pouvait-il envisager de telles choses. Je revis le visage rayonnant de bonheur et ensanglanté de Cassandre devant le corps sans vie de Laura.
Je rejetai la couverture et me levai sans bruit. Je descendis les escaliers sur la pointe des pieds et me rendis dans la cuisine. Je fouillai dans les placards et sortis une boîte de gâteaux. Je n'avais pas spécialement faim, mais je voulais me changer les idées. Malheureusement, j'avais beau manger tous les gâteaux que je voulais, le visage éclaboussé de sang de Cassandre me revenait éternellement en mémoire. Alors que j'attaquai mon sixième cookie, une petite voix se fit entendre dans mon dos.

"Papa ?"

Je sursautai et fis volte face. Lyna se tenait devant moi, en pyjama, les joues baignées de larmes. D'extérieur, la scène était ridicule. Ma fille et moi nous faisions face, moi, la bouche pleine de gâteaux et elle, sanglotant. Je déglutis tant bien que mal, m'approchai de Lyna et me baissai à sa hauteur.

"Qu'est ce qu'il t'arrive ma chérie ?"

La fillette se confia, la voix entrecoupée de sanglots :

"J'ai fait un cauchemar, Papa...je n'arrive plus à dormir maintenant et je voulais pas réveiller Maël. J'ai rêvé que Maman était morte, j'ai eu très peur tu sais."

Je me figeai soudain, comme tétanisé. Ma fille aurait-elle fait le même rêve que moi ? Je ne savais pas pourquoi mais je sentais la peur me gagner. Puis je me rappelai que c'était moi l'adulte et que je devais consoler Lyna.
Je la pris dans mes bras et la berçai. Elle finit par me dire doucement :

"Toi aussi Papa tu étais mort et il y avait le feu à la maison."

Je ne pus m'empêcher de sourire. Je devenais paranoïaque. C'était ridicule, comment avais-je pus penser que ma fille et moi avions fait ce même cauchemar idiot. Ce que j'avais vu n'était qu'un mauvais rêve et rien d'autre. Je devais prendre un peu de recul et ne pas m'enflammer pour des choses aussi futiles.

Je rassurai ma fille et la raccompagnai jusqu'à son lit. Elle se recoucha avec appréhension mais semblait déjà plus détendue car je restai à son chevet. Au bout d'un petit quart d'heure, Lyna se rendormit. Je sortis de sa chambre et retournai me coucher. Laura n'avait pas bougé, elle dormait toujours à poings fermés. Je fermai les yeux et tentai d'oublier les images de ce rêve qui m'obsédait.

Le lendemain matin, je me préparai sans grand enthousiasme pour la monotone journée qui m'attendait.
Je partis, morose, au lycée.
Tandis que je roulais, les images du rêve défilaient devant mes yeux. Mais pourquoi étais-je tant obsédé par ce foutu rêve ? De quoi avais-je tant peur ?
Soudain, je vis un chien au milieu de la route. Je pilai. La voiture se stoppa à quelques mètres de l'animal qui déguerpit une fois le véhicule arrêté.
Je regardai dans le rétroviseur. Heureusement, il n'y avait personne derrière moi. Je serrai les mains sur le volant et soufflai longuement. Je redémarrai en tentant de me calmer.
J'arrivai au lycée, n'adressai la parole à personne et me rendit directement dans ma salle. Je voulais juste être seul et pouvoir m'éclaircir les idées.
À peine étais-je arrivé devant la salle qu'une voix féminine m'interpela :

"Monsieur !"

Je me retournai et vis Victoire. Oh non pitié, je voulais qu'on me laisse tranquille. Je lui avais pourtant dit de venir pendant un inter cours. Bon, de toute façon, maintenant je n'avais plus le choix. Je ne pouvais pas l'envoyer balader. Je lui adressai un sourire forcé. Tant pis, j'allais lui expédier une brève explication et ce serait réglé.

Overwhelmed.Where stories live. Discover now