9. Retour à la réalité

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Ma tête était prise dans un étau qui se resserrait de plus en plus. J'entrouvris les yeux.
La lumière traversant les grandes verrières m'éblouit violemment. Je les refermai immédiatement et changeai de position.
J'atterris lourdement sur le sol. Ma tête me lançait horriblement. J'étais à terre mais cela m'était égal. Je voulais juste qu'on me laisse dormir.
J'entendis le grincement d'une porte. Le bruit résonna dans ma tête, la douleur martelant dans mon crâne. Je gémis et me recroquevillai sur ce qui semblait être du parquet. La seule chose que je désirais était le silence absolu. Pourtant, la vie semblait en avoir décidé autrement car une voix beaucoup trop forte à mon goût s'éleva.

"Et bien la belle au bois dormant, on est enfin réveillée ?"

Je gémis de nouveau. Bon sang, il fallait que quelqu'un le fasse taire. Des pas firent craquer le parquet. Des mains me saisirent sous les bras et me soulevèrent. Je me retrouvai sur quelque chose de plus confortable. Je me sentais bien là, il ne restait plus qu'à l'inconnu de partir. Une fois encore, mes souhaits ne furent pas exhaussés et je reçus une claque sur la joue. Peu forte, mais efficace et accompagnée d'une brimade.

"Non tu ne te rendors pas ! Tu vas te prendre en main maintenant, je ne suis pas ta mère, je ne t'ai pas voulu et je n'ai jamais signé pour t'avoir sur les bras."

Je me forçai à ouvrir les yeux. Ugo se tenait au-dessus de moi, les sourcils froncés. J'émergeai difficilement. J'avais la bouche pâteuse et une légère nausée. Je balayai comme je pus la pièce des yeux. J'étais dans la chambre d'Ugo. Je le dévisageai sans comprendre. Que faisais-je chez lui ? Pourquoi s'était-il soit disant occupé de moi ? Mon Dieu, je ne me souvenais pas. Je tentai de me redresser. La position assise me donnait des maux de ventre. Je me laissai à nouveau tomber sur le lit de mon meilleur ami. Je couvris mes yeux de ma main en soupirant. Je demandai d'une voix enrouée à Ugo :

"Qu'est-ce que je fous là ?"

Il s'esclaffa.

"Tu ne te rappelles pas ? T'es trop vieux pour tenir l'alcool, mon pote !
-Moins fort..." Le suppliai-je.

Si il pouvait juste m'épargner tous ses sermons et ses remarques, ce serait parfait.

"Ugo, viens en aux faits, que s'est-il passé pour que je me retrouve dans ton lit ?
-Je suis un grand séducteur, voilà ce qu'il s'est passé, et pourtant tu n'es pas un mec facile."

Il me sourit de toutes ses dents. Il se moquait de moi, ouvertement. Je lui posais une question importante. C'était grave, j'avais un trou de mémoire. Mais comme toujours, Ugo était un gamin. Il ne pouvait pas être sérieux un instant.
Je lui jetai un regard noir, son sourire s'amincit et il reprit.

"Ok c'est bon, je t'explique. Hier soir, j'étais retourné au Bosphore pour récupérer Chiara, la serveuse. Tu sais la petite brune avec la queue de cheval qu'on avait vu. Elle n'avait pas l'air timide la Chiara et..."

Je me raclai la gorge. Ugo comprit qu'il s'égarait et poursuivit.

"Enfin bref, je suis rentré dans le bar et je t'ai vu au comptoir. Mais au début je ne t'avais pas reconnu de dos, tu étais tout voûté, t'étais bizarre...
-Abrège ! Cette partie-là, je la connais. La dernière chose dont je me souviens c'est un homme qui me parlait à moi et à la barmaid, c'était toi ? Et ensuite, que s'est-il passé ?"

Je n'avais pas besoin qu'il commente mon état d'hier. Je me souvenais de la raison pour laquelle je m'étais retrouvé à ce comptoir et je ne souhaitais pas qu'il en parle. Me réveiller avec tous ces problèmes à affronter de nouveau était largement suffisant.

Ugo haussa les sourcils.

"Et bien...disons que tu es tombé de ton tabouret et que j'ai dû payer ton énorme consommation. Ensuite j'ai voulu te ramener chez toi mais tu m'as supplié de ne pas le faire. Enfin, "supplier", le mot est fort...tu as plutôt tenté d'articuler trois syllabes avant de te mettre à chouiner. Après, j'ai été obligé d'abandonner Chiara pour te ramener chez moi. En descendant de la voiture, tu as vomi sur ton jean. Tu t'es lamenté sur ton triste sort en montant les quatre étages te séparant de mon appartement et tu t'es lamentablement endormi sur le parquet alors que j'allais mettre ton jean à laver. Pour finir, je t'ai couché là et j'ai dormi sur le canapé parce que tu me faisais pitié."

Overwhelmed.Where stories live. Discover now