12. Déclaration de guerre

188 30 16
                                    


Après cette après-midi spéléologie, Aaron et Kilian furent les premiers à se rendre aux douches, l'un pour profiter de l'eau chaude tant qu'il y en avait, l'autre de la quasi-nudité du premier avant qu'il ne rentre dans sa cabine individuelle. En l'espace de quelques instants, tandis que leurs colocataires se pressaient à leur tour pour une toilette bien méritée, ils se retrouvèrent tous les deux propres dans leur chambre. Presque seuls. La présence de Julien, affalé sur son lit au téléphone avec sa chère mamounette, avait quelque chose de particulièrement dérangeant pour les deux amoureux. Se faire des mamours discrets nécessitait un peu de calme et, surtout, d'éviter les regards globuleux d'un binoclard bien gentil. Trop gentil, même, si bien qu'Aaron ne mit que quelques secondes avant de tirer son blondinet par le collier à la recherche d'un coin plus tranquille et propice à leur échange de salive.

« T'es obligé de me trainer derrière les douches pendant que tout le monde se lave ? Sérieux ? »

Cette scène rappelait de mauvais souvenirs au garçon aux yeux émeraude. Aaron, lui, préférait s'en amuser. Voire en jouer. En fait, il en éprouvait simplement le besoin. Même s'il savait que son attitude foireuse causerait sans doute des larmes à celui qu'il aimait, il se devait d'aller jusqu'au bout. Par amour. Après lui avoir passé la main sur la joue, déposé un léger smack sur les lèvres et glissé les doigts entre le cou et sa parure, le brunet se mit à grignoter l'oreille de son blondin, plaqué contre le mur des douches.

« Pendant qu'elle se lave ? Ouais, c'est volontaire ! Avoue, tu la trouves mignonne, non, Alia ? À moins que tu sois juste jaloux parce qu'elle me tourne autour ? Tu te souviens des trous pour l'aération ? Même si Basile les a masqués l'année dernière, ils sont toujours accessibles, suffit de virer le cache... On jette un coup d'œil ? »

Ce foutu regard sadique, Kilian ne le connaissait que trop bien. C'était celui qu'Aaron avait toujours quand il avait une mauvaise idée derrière la tête. Et même s'il appréciait de se faire contracter la gorge par la main experte de son homme, le blondinet détestait la méchante blague qui accompagnait ce geste.

« Va t'faire foutre, Aaron ! Tu joues à quoi là ? J'en ai rien à péter des autres, c'est toi que j'veux voir ! Si ça t'amuse de t'rincer l'œil avec cette pute qui te tourne autour et d'me montrer à quel point tu peux être con, j'm'en fous, fais-le, mais lâche-moi la grappe ! »

Kilian ne pensait pas un mot de ce qu'il disait. D'Alia, il n'en avait pas du tout rien à foutre. Bien au contraire, il l'appréciait sincèrement. Elle était gentille, belle et douce et, surtout, elle avait pris son parti devant Béa et Guillaume. À son contact, il se sentait presque homme. Bien plus que dans les bras d'Aaron, en tout cas. Il aurait vraiment été prêt à la considérer comme une amie, si seulement elle n'avait pas eu l'idée stupide de tourner autour de son mec. Et même malgré cela, il n'arrivait pas à la considérer comme une jeune péripatéticienne, et encore moins à lui en vouloir. Après tout, ce n'était pas sa faute à elle si Aaron était le plus beau, le plus charmeur et le plus désirable de tous les ados du camp. Non, c'était bien lui et sa manie de se laisser draguer comme si de rien n'était qu'il considérait comme fautifs. Cette foutue panthère qui ne savait pas se tenir et qui osait poser son regard sur un autre visage que celui du blondinet qui était sien !

Aaron, lui, n'attendit pas pour escalader une partie du mur et se poser sur la poutre qui donnait accès aux aérations. Le visage collé contre la cloison, il lâcha avec un ton des plus cruels et ironiques une petite provocation en direction de son camarade :

Ce qu'il voulaitWhere stories live. Discover now