Chapitre 1

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20 mai 3026

« Pourquoi est-ce que j'ai cette cicatrice sous mon poignet ? »

Long cheveux bruns tombant en cascade le long de son dos, Céleste interrogeait sa mère. Regard rivé sur son poignet, la jeune fille de quatorze ans tentait encore de percer les mystères de la marque sur sa peau.Souvenirs vagues, presque brumeux, ils semblaient alors inaccessibles, comme s'ils fuyaient et ils n'étaient pas les seuls.

Le bruit causé par le couteau tombant au sol était la seule chose qui se faisait entendre dans l'étroite cuisine de la famille Arren . Anxieuse, la mère fit face à sa fille, regard reflétant un sentiment inconnu aux yeux de l'adolescente en quête de réponses.

« Euh,  Céleste chérie. Ce n'est pas vraiment le moment d'en parler... »

« Maman, tu ne peux pas me cacher quelque chose indéfiniment, ça me concerne après tout. »

Ramasser le couteau semble être ce qu'il y a de plus intéressant à faire pour la mère de famille qui l'utilisait ensuite comme un jouet anti stress, sous le regard perturbé de sa fille. Le stress émanait d'elle comme un parfum fort, il était impossible de l'ignorer tout comme il était impossible de respirer l'air devenu maintenant bien trop lourd, si bien que lorsque l'homme vêtu d'une chemise à carreau et d'une paire de jeans bleu clair arriva dans la cuisine, il se rendit rapidement compte que quelque chose s'était produit.

« Céleste demande des explications à propos de sa cicatrice. »

Il n'eut le temps de demander prendre connaissance de la situation. Les yeux noisettes de son épouse disaient déjà tout, ils criaient à l'aide. Les mots lui échappaient, comme si elle lançait une alerte.

« Alors expliquons lui. » Daphné ouvrit la bouche, prête à riposter. « Elle finira par le découvrir, chérie. Ne penses-tu pas qu'il est préférable qu'elle l'apprenne par nous? Je ne veux pas qu'elle ai à l'apprendre par ses copines ou par le concerné. »

« Tu assumes les conséquences. Te rappelles-tu de la manière dont son frère a réagit ? »

Les secondes semblaient alors s'écouler comme des minutes et Céleste se sentie rapidement étrangère à sa propre famille. Que s'était-il passé ? De quoi parlaient-ils ?

Jambes se balançant nerveusement, l'adolescente scrutait ses parents, toujours installée sur le plan de travail prêt de l'évier.

« Daphné ce n'était pas la même chose avec Adam. Il avait une petite amie quand il l'a apprit. Et c'est ce genre de choses que nous devons éviter avec Céleste. Nous ne devons pas laisser cela se produire de nouveau. Tu ne peux pas la laisser dans l'ignorance encore une année. Elle a 14 ans. Elle est en âge de connaitre la vérité. »

Vérité. Vérité. Vérité.
Éviter que cela se produise.
Sourcils froncés, revers de t-shirt froissé, petite brune réfléchit. Lourd soupir quitta ses lèvres, laissant place au début de la plus grande des histoires, le plus grand des bonheurs, le plus grand des malheurs.

« Quelle verité ? De quoi est ce que vous parler et depuis quand est ce que la rupture de Adam et Mia a un rapport avec la cicatrice sur mon poignet ? »

Mensonges, mensonges, mensonges. Que des mensonges blancs. La pièce était envahie par un lourd silence. Regards se croisaient, mots silencieux furent échangés, choses changèrent. Plus aucun retour en arrière n'était possible, ni même envisageable. Mensonges blancs ne seraient plus acceptés.

« Allons nous installer au salon, veux-tu ? Ça sera bien plus confortable pour discuter de tout cela. »

Voix de velour brise la tension, et Céleste traîna des pieds jusqu'au salon où elle s'installa, en tailleur, sur le canapé noir. Regard innocent avide de connaissances observait avec attention les moindres gestes des deux parents, mais la jeune fille n'en restait pas moins perdue. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait plus.

« Alors, ce que tu as sur ton poignet, c'est une cicatrice. Seulement, cette cicatrice n'est pas banale ; Une autre personne dans le monde, a la même que toi, au même endroit, peut être pour la même raison, qui sait ? »

Jamais il n'avait été aussi prudent. Tout se jouait maintenant. Il ne pouvait pas se permettre d'échouer. Il ne pouvait pas la brusquer. Il ne voulait pas lui faire traverser ce son son grand frère avait vécu. Il ne voulait pas la brisé. Son dernier enfant. Son unique fille. Il devait la protéger.
Simon parlait doucement, comme s'il marchait sur des œufs sous le regard inquiet de Daphné qui priait pour que tout se passe bien. Elle priait, pour qu'elle accepte. Elle priait pour que ce soit facile. Elle priait pour que Céleste n'en souffre pas. Elle priait, pour qu'elle comprenne.

« La cicatrice que cette personne et toi avez en commun vous permettra de vous reconnaître. Car vous êtes liés. C'est ta moitié. Vous êtes destinés à vous aimer. Quelque part dans le monde, il y a un jeune homme qui te recherche. Il est ton âme sœur. Et peu importe la distance géographique et sociale qui vous sépare, vous finirez par vous trouver. »

Peut-être que c'était une illusion, peut-être que ventait simplement la peur, peut-être que c'était la fatigue, mais une chose était certaine. Ils avaient perdu de leurs éclats. Les yeux de Céleste s'étaient comme éteints durant une fraction de seconde, laissant ses parents mortifiés.

Être lié à quelqu'un.
Être destiné à aimer quelqu'un.
Être destiné à passer sa vie avec quelqu'un.
Être privé de choix.
Le concept était en soit déroutant, un peu compliqué mais il était bel et bien réel. Il était réel, tout comme ce moment et ce fut la pression dans la poitrine de la jeune adolescente qui l'a fit redescendre sur terre.
Devait-elle être heureuse ? Devait-elle être triste ? Ou même en colère ? Qui était-il ? Comment les choses allaient se passer ? Allait-elle être forcée ?
Questions sur questions, doutes sur doutes, peurs sur peurs, Céleste se noyait dans son esprit. Il était trop profond, trop dense, et son âme était trop innocente, trop inexpérimentée pour garder la tête hors de l'eau. Elle manquait de sagesse pour ne pas paniquer.

« Comment ? Pourquoi ? »

Orbes tourmentées, muscles crispés, elle parla de manière presque inaudible.

« C'est écrit depuis la création de l'univers. Durant la quatorzième année de la vie de chaque Homme, quelque chose se produit, provoquant l'apparaition de sa cicatrice qui lui permettra de trouver son âme soeur. On a tous une cicatrice. C'est comme ça, poussin. » Ultime tentative de réconfort, Daphné sélectionne méticuleusement chaque terme.
« Ça l'a toujours été, et ça le sera toujours. Mais tu verras, ton âme sœur sera quelqu'un de bien. Tu seras bien traitée mon ange. j'en suis convaincue. Qui serait capable de faire du mal à quelqu'un comme toi ? »

« Et vous ? Vous êtes des âmes sœurs ?

« Oui nous le sommes, Céleste. »

Doigts entrelacés, le père et la mère voyaient presque la fin du tunnel. Lointaine lumière se montrait enfin, il ne reste plus que quelques mètres à parcourir, même un peu moins si candide humaine n'était pas si curieuse.

« Qu'en est-il de Adam et Mia ? Pourquoi ont-ils rompu ? »

« Adamet Mia ne sont pas âmes sœurs. Et même si ils s'aimaient énormément, ils ne pouvaient pas rester ensemble. Ils ont dix huit ans et ils ne peuvent plus se permettre de s'amuser. »

Elle avait envie de rire.
Elle avait envie de pleurer.
Elle avait envie de faire comme si cela n'était qu'une blague, une simple plaisanterie.
Elle avait envie d'y croire, de s'y accrocher.

Assaillie de questions, Céleste tentait de faire le tri.
Elle tentait de comprendre, de digérer la nouvelle. Elle tentait d'accepter, de faire taire ses doutes.
Elle luttait, et ses parents s'en rendirent rapidement compte. Ils luttèrent alors à ses côtés, trouvèrent, dans une dernière recherche désespérée, quelques paroles pour apaiser ses tourments et satisfaire sa juvénile curiosité.

« Mais tu encore du temps. C'est à dix-huit que l'on doit rechercher son âme sœur. »

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