Metanoia | KTH

Chapitre 3

Le téléphone da la jeune femme n'a cessé de sonner durant son trajet jusqu'à chez elle si bien que pour ne pas s'attirer d'ennuis dans le métro parisien, elle a préféré le mettre en mode silencieux. Elle avait oublié combien Jeongguk pouvait  être bruyant.

Si elle n'a pas été privée du délicieux kimchi préparée par madame Jeon, elle a en revanche été victime d'un des nombreux tours du jeune coréen qui ne s'est pas gêné pour parler de l'entretient organisé par Vante & Co à table, pour la plus grande joie de ses parents.

Regard pétillant de malice et sourire adorable, Jeongguk a toujours su comment flatter les parents de sa meilleure amie qui ne cache désormais plus l'affection et l'admiration qu'ils éprouvent envers le jeune brun. Jeongguk est aux yeux de Simon et Daphné le troisième enfant qu'ils n'ont jamais eu. Passionné, poli, beau, intelligent, drôle et talentueux, Jeongguk ne pouvait qu'être aimé. Il peinait pourtant à en prendre conscience. Le manque de confiance en lui lui mettait bien des barrières sur son chemin, entachant par moment sa grande ambition.

Elle avait pourtant préparé un dessert, et même boudé, en vain. Tout le monde lui demandait d'y aller, prétextant qu'elle n'avait rien à perdre et que son patron trouverait quelqu'un pour la remplacer. Cela avait couté à Jeongguk de dormir dans la chambre de Jason, maintenant  inoccupée  depuis que celui-ci s'est installé chez sa petite amie. Dormir restait tout de même un grand mot puisque le jeune s'est pointé à plus de minuit dans la chambre de sa meilleure amie qui lui avait alors laissé une place à ses cotés, trop fatiguée pour lui refuser quoi que ce soit.

C'est la raison pour laquelle Céleste se réveille à nouveau le lendemain, une expression froissée peinte sur son visage de porcelaine. Ses yeux encore entre ouverts se posent sur le jeune homme endormi à ses cotés. L'idée de le réveiller pour se venger est rapidement balayée lorsqu'elle observe sa poitrine se lever au rythme de sa respiration, il  était épuisé. Mais lorsqu'elle s'apprête à quitter sa chambre, elle l'entend marmonner si bas qu'un simple bruit aurait pu couvrir sa voix :

« Céleste, je peux t'accompagner si tu veux. »

« Dors Gukie, je ne serai pas longue. »

« Je viendrai te chercher alors. Bonne chance. »

C'est après trois quart d'heure de route qu'elle descend du métro et commence à chercher le bâtiment de Vante & Co parmi les nombreuses tours qui décorent le quartier de La Défense. Pendant une fraction de seconde, elle déteste Jeongguk de l'avoir mit dans un tel pétrin. De quoi va-t-elle avoir l'air devant tous ces gens ? Comme si elle ne se sentait pas assez ridicule de se présenter pour un poste de remplacement qu'elle n'obtiendrait certainement pas.

Regard rivé sur son smartphone, elle suit attentivement le chemin tracé par le GPS lorsqu'elle lève la tête elle la voit enfin. Petite tour de verre ornée de lettres battons à l'effigie du cabinet. Estomac noué et  coeur battant  à la chamade, elle pousse la porte pour se retrouver dans le hall principal du siège des associés. Le grand comptoir derrière lequel l'hôtesse d'accueil est installée semble à des lustres de marches, à moins que ce soit ses pas qui se fassent plus lent. Gorge sèche, elle s'adresse à la femme qui lui sourit professionnellement.

« Les entretiens ont lieu au sixième étage, quatrième porte à gauche. Bonne chance. »

Frissons, tremblements, Secouée et perturbée, Céleste s'interroge. Pourquoi était-elle aussi anxieuse pour un entretien qu'elle ne souhait pas passer de base ? Pourquoi ses peurs prenaient-elles constamment le dessus ? Pourquoi les laisser gagner, à chaque fois ? Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et la brune se faufile parmi les employés. Le bouton numéro 6 est déjà allumé, et ses doigts se resserrent sur la hanse de son sac à main. Quelle idée de venir ? Etait-ce vraiment pour le kimchi ? Elle savait bien que la réponse était négative.