Chapitre 10

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Bonsoir, voilà un nouveau chapitre de Metanoia. J'espère que cette histoire vous réchauffe un peu le cœur en ces temps difficiles. Prenez soin de vous.

N'hésitez pas à voter et commenter.
— Sephora

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La vie n'a jamais été aussi calme. L'hiver succède lentement à l'automne. Les arbres se retrouvent lentement dévêtis de leurs feuilles qui jonchent désormais le sol froid et parfois mouillés par la pluie incessante des plus longues nuits. Comment aurait-il  pu savoir qu'il aurait froid dans son grand lit ? Comment aurait-il pu savoir qu'il se perdrait dans son esprit comme un petit oiseau se perdrait dans le ciel nocturne ? Comment aurait-il pu savoir qu'il serait cet oisillon perdu, venant tout juste de quitter son nid ? Cette pensée était tout simplement inadmissible pour Taehyung qui pensait connaitre un minimum la vie. Il s'était visiblement lamentablement trompé.

Iris charbonneux rivés sur l'écran de son ordinateur, Taehyung tente tant bien que mal de faire disparaitre l'étudiante de son esprit comme on cacherait de la poussière sous un tapis. Lancé dans une chasse sans fin, il semble pourchasser un remède qu'il a pourtant si longtemps cherché à  fuir.

Emprisonné dans un tourment sans issue, le noiraud succombe au poids porté par ses paupières, les laissant enfin tomber lourdement. Cils caressant ses pommettes, doigts claquant contre le bureau de verre, il s'abandonne à un songe de circonstances plus favorables, presque utopiques.. Si utopiques qu'un juron échappe les barrières de sa bouche.

D'un mouvement hâtif, il se redresse et ses longues jambes le portent en dehors de son bureau en quelques secondes. Traits sévères obscurcissent son visage alors qu'il vient se pencher sur la banque d'accueil où son meilleur ami travaille. Avant-bras reposant paresseusement sur quelques feuilles de papiers que le châtain avait prévu de lui faire signer dans la journée, il laisse sa main tomber devant l'écran d'ordinateur se trouvant juste en dessous.

« Jiminie, donne moi son numéro. »  Le jeune homme relève le regard, et incline la tête, curieux. « S'il te plait. »

« Le numéro de qui ? Jung Hoseok ? Le responsable de missions chez BPCE ? Celui de Jeongguk ? »

« Non, celui de Céleste, idiot.»

Un son mélodieux fait écho dans le couloir et Jimin secoue la tête de gauche à droite avant de soudainement perdre le sourire qui étiraient ses pulpeuses. Taehyung n'est pas entrain de plaisanter.

Yeux ronds comme des billes, il prend son téléphone portable qui reposait près du clavier. Quelques mouvements de pouces plus tard, il le pose à nouveau, offrant toute son attention à son ami tourmenté. Il n'était plus l'heure de rigoler.

« Pourquoi un tel revirement ? Je pensais que tu ne voulais rien à faire avec elle »

« Ai-je l'air de savoir, Jiminie ? »

« Je ne suis pas dans ta tête. Tu es celui qui vient de me demander son numéro. Tu as la tête d'un mort. »

Taehyung soupire lourdement, contemplant les différentes options qui se présentaient à lui ; elles n'étaient pas nombreuses et aucune d'entre elles n'étaient satisfaisante.

« J'ai parlé avec Namjoon Hyung la semaine dernière. » Il murmure. « Et il se peut que j'ai été un peu trop méchant avec lui. Aujourd'hui je me rends compte qu'il avait raison. Je vais simplement réparer mes erreurs. »

Jimin hausse les épaules, alors qu'un sourire rassurant vient illuminer son visage.  Il refusait d'interférer plus entre les deux, ce combat appartenait à Taehyung et il ne pouvait absolument rien faire.

« Aujourd'hui elle termine le travail à vingt heures, si jamais tu es intéressé. »

Huit heures moins cinq du soir, l'astre nocturne règne librement dans le dôme céleste alors qu'une averse s'abat sur la capitale française. Les gouttes de pluie chutent bruyamment du ciel sur la voiture du noiraud, déferlant par la suite les unes sur les autres le long des vitres. Seulement, la brouhaha causé par la chute incessante des perles d'eau représente un simple bruit de fond.

Ses pensées sont trop nombreuses, trop importantes, bien trop fortes, pour que le volume soit ne serait-ce qu'équivalent. Il s'y noie, il s'y perd. Paupières clauses, crâne appuyé contre le repose tête du siège conducteur, il répète encore et encore. Il parle, il réfléchit, il songe à ce qu'il pourrait bien dire.

Or, rien ne vient. Il vaut mieux abandonner.

Glissant sa main dans la poche de son manteau noir, il sort son téléphone qui lui indique l'heure : vingt heures dix passées. Le sort s'acharne sur lui.
Le temps avait-il accéléré ? S'était-il assoupi en l'attendant ? Était-ce tout simplement un signe du destin ? Le consultant ne prend pas le temps d'y réfléchir et saisit son parapluie avant de quitter le véhicule pour faire des courses. Il ne voulait pas se rendre malade. Pas pour ça.

Les fines gouttes de pluie se transforment rapidement en épaisses cordes tombant des nuages qui planaient au dessus des têtes, si bien qu'au final, la bonne visibilité devient un luxe.

Arrivé près de la petite enseigne, il entrevoit une silhouette agenouillée face au mur de béton. Cheveux trempés, manteau marron traînant sur le trottoir, mains s'activant sur le sol, attirent l'attention du consultant qui s'approche puis tapote sur le dos de la jeune femme.

« Tout va bien ? »

Un faible sursaut se fait entendre alors que la jeune femme se tourne, sourcils froncés puis orbes écarquillées. Expression qui se trouve être le parfait reflet de celle de son interlocuteur.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Ils prononcent simultanément et le plus vieux secoue la tête de gauche à droite, avançant pour abriter l'étudiante de son parapluie.

« Non, toi qu'est-ce que tu fais sur le sol alors qu'il pleut des cordes, il fait nuit et froid-» Divaguant, Taehyung racle sa gorge. « Tu es trempée. Qu'est-ce que tu fais par terre, Céleste ? »

« La ligne 1 est arrêtée pour le moment alors je suis venue faire des courses et je l'ai trouvé. » Elle se décale, laissant apparaître un petit chiot noir et feu  dans une boite en carton ramollie par l'eau. « Je ne peux pas le laisser là. »

« Et c'est une raison pour te traîner au sol de la sorte ? » Il commence, sévèrement puis s'arrête lorsque une larme coule sur la joue humide de la brune. « Tu pleures ? Céleste ? »

« Il est en hypothermie. »

Elle répond faiblement et le brun pose son regard sur le petit animal enveloppé dans l'écharpe de Céleste. Il s'agenouille, et dans un geste urgent, vient du pouce essuyer la larme qui tachait la joue froide de la candide.

Son coeur pinçait, son esprit était incapable de fonctionner correctement. Il se retrouvait dénué de tout discernement, de tout sens de réflexion. Une seule chose lui dictait quoi faire ; son myocarde affolé.

« Lève toi, tu es congelée. Prends le avec toi dans la voiture. »

« Huh ? »

Tendant les clés du 4x4 à la jeune femme, il se redresse et s'empare du carton où se trouve le chiot et fait signe à son âme sœur de se relever.

« Tu ne veux pas le mettre à l'abri ? »

Sans répondre, elle se relève et reprend le carton. Confuse et affolée, Céleste lance un nouveau regard au noiraud. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Pourquoi était-il dans cet état ? Pourquoi était-il gentil ? Elle ne pensait plus correctement. Ses cheveux bruns collaient à son visage comme si elle venait de sortir de la douche, son jean était tout aussi trempé que son manteau alors que sa chemise blanche, s'était simplement transformée en vêtement transparent.
Claquant des dents, elle répond doucement :

« Et toi ? »

« Je vais acheter le nécessaire pour qu'on s'occupe de lui. Va dans la voiture, Céleste. »

Metanoia | KTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant