Quand ce fut la pleine lune (3/3)

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La silhouette était accompagnée de trois autres vampires. Sentant le danger imminent, Adeline attrapa Gaen par le bras et lui murmura quelque chose à l'oreille. Discrètement, Gaen disparu dans la foule pendant que sa Maîtresse quittait la table pour épauler Meiré.

Inquiète à en vomir, j'étais paralysée, tenant encore les cartes dans mes mains. Le Maître et Adeline, impassibles mais vigilant, toisaient de leur regard ardent le groupe de jeunes irresponsables.

— Vous n'avez aucune chance, bluffa Meiré.

La créature dont le sang noir s'écoulait du front jusqu'au menton, cracha aux pieds du Maître en guise de provocation. Ses camarades, à l'affût, attendaient la moindre ouverture pour attaquer.

— J'arracherai les yeux du premier qui s'approche, continua Meiré, sans ne laisser aucun doute sur ses intentions.

À l'instar du Maître qui jouait de son aura ancestrale pour dissuader ses adversaires et éviter la confrontation, Adeline se réjouissait du retournement de soirée inattendu et affichait un sourire pervers.

— Nous n'avons rien à prouver à d'éternels immatures ! Vous êtes plus jeunes que nos chiens ! lâcha-t-elle, dans l'unique but d'attiser la colère du groupe.

À l'entente des propos injurieux d'Adeline, les yeux de Meiré s'écarquillèrent. Avait-elle vraiment osé insinuer qu'ils étaient inférieurs aux chiens ? Il fixa Adeline avec consternation. Elle ne lui était vraiment d'aucune aide. Il soupira, blasé. Pourtant, c'était ce qu'il aimait chez elle, cette imprévisible touche de folie.

Les mots forts de la rouquine réveillèrent le public dont la réaction fut variée : des éloges, des insultes, des rires, des moqueries.

Prise de rage, la créature se jeta sur le Maître, bien décidée à se venger de l'affront qu'elle venait de subir. Suivant de ses yeux vifs les assauts de son agresseur, Meiré évita chacun de ses coups. Décelant une ouverture, il envoya ses ongles aiguisés en direction du visage de la femme pour mettre à exécution sa menace. Avant qu'il n'atteigne sa cible, son élan fut intercepté par deux vampires qui lui bloquèrent les bras. Adeline, tout crocs sortis, empoigna la défigurée par ses épaules et lui enfonça un genou dans le dos, avant de l'éjecter contre le troisième frère qui s'apprêtait à prendre part au combat.
Sur les quatre attaquants, ils n'étaient plus que deux à tenter d'ébranler le Maître qui se défendait avec aisance, bien qu'il ne fut pas entièrement sobre.

Soudain, la milice apparu, se frayant un passage entre les spectateurs enjoués. Le Maître baissa immédiatement sa garde, essuyant des jeunes éternels de violentes attaques qui le plaquèrent au sol.

— Maître ! hurlai-je, retrouvant mes esprits.

Les gardiens casqués immobilisèrent instantanément les deux ravisseurs, pendant que Meiré se relevait péniblement.

S'en suivit un sermon froid sur l'ordre à respecter dans les rues et une enquête rapide sur l'origine du combat. Des témoins appuyèrent les propos d'Adeline qui expliqua que le Maître et elle n'y étaient pour rien, qu'ils jouaient tout simplement aux cartes quand il furent, sans raison, pris pour cible. Rapidement, la milice jugea que le problème était mineur et sans intérêt, d'autant plus qu'il n'y avait aucun mort à déplorer.

Essuyant le sang noir qui coulait sur ses lèvres, Meiré dévisagea d'un œil carnassier les agresseurs qui s'éloignaient, suivis de la milice.

— Oh non ! J'ai tout raté ! fit soudain la voix de Fred.

Le joyeux blond s'extirpa de la foule, suivit du chien d'Adeline.

— Je me serais battu avec vous, comme au bon vieux temps, mais Gaen a vraiment insisté pour que j'appelle la milice !

Les chiens des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant