Quand je me suis réveillée à l'hôpital (1/2)

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La sensation désagréable de ne pas dormir au bon endroit me reveilla. Ma nuque, lourde, reposait sur un oreiller qui me paraissait aussi dur que du béton. Ce n'était ni le coussin moelleux, ni les draps cotonneux auxquels j'étais habituée. Le lit était bien plus ferme et une odeur de propreté, de désinfectant, s'en dégageait ; un parfum tout autre que celui du bois humide de l'appartement du Maître.

Aussi floue que mes pensées, ma vision était saturée d'une lumière chaude. Tournant la tête pour chercher un point de repère au milieu de la lueur éblouissante, je reconnus la forme d'une fenêtre aux stores à moitiés fermés. Celle-ci traversait le mur de la pièce dans toute sa longueur et donnait sur une vaste plaine d'herbe. Je clignai des yeux plusieurs fois, fixant ce qui me semblait être le ciel.

Rêvai-je ou était-ce bien le soleil qui venait juste de se coucher au loin ?

Le spectacle étrange avait fait naître une certitude en moi : je n'étais pas chez le Maître. Le ciel, encore éclairé par les derniers rayons du soleil disparu, paraissait aussi bleu qu'avant la guerre. Pendant un court instant, j'embrassai l'espoir que je ne vivais plus dans un monde contrôlé par les vampires.

Réveillant mes jambes, puis mes bras, je m'assis sur le lit en repoussant le drap blanc. Le mouvement réveilla une sensation désagréable dans mes côtes. Jetant un regard inquiet sur la zone sensible, je découvris sur mon ventre une cicatrice de plusieurs centimètres.
Elle avait été soigneusement recousue dans toute sa longueur par des fils encore tâchés de sang séché.

Confuse, j'allai chercher de mes mains le seul objet qui pouvait me situer dans le temps : le collier. Il était bien là, soudé autour de mon cou. Mon pouce glissa le long du cercle de métal jusqu'à ce qu'il rencontre la première lettre gravée du nom de mon Maître actuel. Reconnaissant la double vague, je lâchai un soupir de soulagement.

Soudain, un bip retentit. Peu après, une femme pénétra dans la pièce devant mes yeux éberlués.

— Bonsoir, jeune fille, fit-elle avec calme.

La femme d'âge mûr portait une blouse blanche et ne semblait pas gênée par le reste de lumière qui traversait la fenêtre.

— B...Bonjour, bredouillai-je, étonnée que l'on s'adresse à moi avec tant de douceur.

Elle fit un pas en avant pour m'ausculter rapidement.

— Comment te sens-tu ?

Je lui répondis d'une expression mêlant confusion et détresse. Elle soupira.

— Ici, c'est un centre de soins pour humains. Tu as failli mourir. Tu as eu de la chance d'avoir été soignée par Dame Catherine.

Le nom qu'elle venait de prononcer ne m'était pas complètement inconnu. Le Maître l'évoquait quelques fois.

— Je ne me souviens pas de m'être blessée, Madame, fis-je avec le même ton poli que je réservais normalement aux Maîtres.

— Et pourtant, enchaîna-t-elle, tu es arrivée en très mauvais état. N'as-tu aucun souvenir de ce qui s'est passé ?

Elle avait bien plus d'assurance qu'un simple humain. J'étais intimidée.

— Je ne me souviens pas, réfutai-je en secouant la tête.

— As-tu mal ? s'enquit-t-elle après un court silence teinté d'embarras.

— Pas vraiment.

— C'est déjà ça. Je vais l'annoncer à Dame Catherine.

Elle inscrivit quelque chose sur un écran et fit demi-tour. La voyant partir, j'avais subitement envie de lui poser tout un tas de questions.

— Vous êtes humaine ? dis-je précipitamment.

Les chiens des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant