Chapitre 16 - Rien qu'une fois

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- Aline?! s'écria quelqu'un depuis l'entrée.

Qui m'empêchait encore de me taper ma voisine? Ce que je m'apprêtais à faire, j'en rêvais la nuit depuis plusieurs jours. Avec un peu de chance, ça aurait même dérapé sous la couette.

Pourquoi? Pourquoi suis-je aussi maudit?

Je me décollais rapidement d'elle, prêt à envoyer chier cette personne qui venait de gâcher mon moment.
- Vous êtes qui? lâchais-je sèchement.

L'individu me regarda avec étonnement. Il était assez grand, mince, et il avait les cheveux grisonnant. A coup sûr, c'était son père.

Ils s'étaient tous donné rendez-vous pour me faire chier ou quoi?

- Je suis le père d'Aline, et je suis chez moi ici, répondit-il sur le même ton.
- Et alors?

Ouais, j'étais un sale gosse, mais le sentiment de frustration était tellement immense que je n'étais pas apte à adopter une attitude qui aurait pu lui plaire.

- Et alors, je ne tolère pas le genre de personne que tu es sous mon toit. Sors d'ici, et ne t'avise pas de recroiser ma fille.
- Sinon quoi? J'suis votre voisin, répondis-je en riant.
- Sinon, au lieu de déménager dans un an, c'est demain qu'on part.

Touché, coulé.

Déména- quoi?

- Papa! intervint -enfin- Voisine. On avait dit qu'on prendrait cette décision ensemble!
- Et tout le monde est pour, sauf toi. La majorité l'emporte chérie, il va falloir t'y faire. 

Déména- quoi?

- Non! Je ne veux pas partir! C'est hors de question!
- Tu n'as pas le choix... Aline, je suis désolé...

- Bordel, vous allez déménager? m'écriais-je quand l'information fut enfin traitée par mon cerveau.
- Heu..  Oui... répondis son père quelque peu étonné par ma 'lenteur d'esprit'.
- Loin d'ici? m'empressais-je de rajouter.
- Oui. Dans le sud de la France.
- Le...Sud... De la... France?

Ils me regardaient tous les deux avec des yeux ronds, surpris par ma réaction quelque peu disproportionnée. Mais je ne voulais pas que Voisine s'en aille... Elle devait vivre sa vie en face de la mienne, puis avec la mienne. C'était comme ça et pas autrement.

Pourquoi les gens que j'apprécient s'en vont toujours trop tôt? Énervé, je sortis en claquant la porte et me rendis chez Maxence à pied. Je ne devais pas y penser, je ne devais pas penser à cette journée de merde.

Mon père qui revient, Voisine qui va déménager...

***

-Mec, calme-toi, si ça se trouve tu lui parleras même plus dans un an.
- Très drôle, murmurais-je à Maxence avant de boire ma bière.

Il jouait avec sa bouteille en face de moi, et son comportement détaché me tapait sur les nerfs. Il avait l'air de complètement s'en foutre de mon état.
- Tu devrais baiser, ça te ferait du bien hein.
- Elle voudra pas, lâchais-je sans réfléchir.

Il me fixa la bouche ouverte, surpris.
- Elle voudra pas quoi?
- Bah... Baiser...
- Et alors? T'es pas marié et t'as plein d'admiratrices...

Son air ahuri se transforma en un sourire malicieux et je sus que j'allais le regretter.
- Tu t'es tapé personne depuis que tu connais Voisine hein? 

Il se leva brusquement pour me prendre par les épaules et me regarder dans les yeux:
- Mec, t'es amoureux. L'heure est plus grave que je pensais.

La fenêtre d'en faceWhere stories live. Discover now