Chapitre 22 - Brisé

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J'avais mal dormi. Et le pire, c'est que c'était de ma faute. Voisine avait raison, je n'avais pas à la forcer, je devais respecter son choix. Mais c'était plus fort que moi, j'étais tellement frustré hier soir que je suis redevenu désagréable.

Mais le pire, c'est que je faisais beaucoup d'effort pour elle et qu'elle ne semblait pas s'en rendre compte...

Néanmoins, je voulais me rattraper. Je voulais lui prouver que je n'étais pas un connard. Je lui préparais son petit déjeuner sur un plateau, avec des croissants et du chocolat chaud, puis je montais doucement le tout. Je déposai le plateau à côté d'elle et caressai doucement son bras pour la réveiller.
- Aline..?

Elle ouvra les yeux et me sourit:
- T'as fait ça... pour moi?
- Non, pour le Pape.

Elle commença à rire puis s'arrêta d'un coup et me lança un regard noir:
- Ça n'excuse pas ton comportement d'hier!
- Je sais.

Elle parue désarçonnée un moment, c'était presque vexant. A croire que je réagissais toujours mal...
- Je sais que ça n'excuse rien mais je veux te montrer que j'suis prêt à faire des efforts.

Elle acquiesça et se mit à manger en silence. 

***

En début de soirée, je parlais de tout et de rien avec Aline. Enfin, c'était surtout elle qui parlait.
Elle était sur mes genoux, j'avais mes bras autour d'elle. J'étais plus intéressé par le contact de sa peau avec la mienne que par ce qu'elle me racontait.
- Gabriel, tu m'écoutes?
- Pas vraiment...

Elle soupira.
- Ta mère a du en baver avec toi, j'suis sûre qu'elle a essayé de te faire adopter!

Elle me tira la langue, mais ça ne me faisait pas rire. Je la poussai brusquement à côté pour me lever.
- Connasse!

Je voyais à sa tête qu'elle ne s'attendait sûrement pas à ce genre de réaction.
- Pardon? Depuis quand tu me parles comme ça?!
- T'as parlé de ma mère! Tu sais qu'elle est morte et que ça me fait mal! C'est toi la salope!
- Gabriel! Après tout ce temps t'es sensé avoir fait ton deuil, tu n'as pas à t'emporter pour si peu!

Si peu?

Elle n'avait décidément rien compris, et en plus, elle venait de provoquer une énième dispute. Ce qu'elle avait dit était tellement blessant! Personne ne pouvait se permettre de parler de ma mère comme ça. Pas même elle. Personne.

J'attrapai une bouteille de bière qui traînait sur le plan de travail de la cuisine et l'ouvris.
- Tu bois pas! dit-elle sur un ton agressif.
- Et pourquoi pas?

Elle m'arracha la bouteille des mains et la reposa violemment sur son emplacements initial.
- Je refuse! J'en ai marre de ton comportement de merde! À l'évidence, on n'a rien à faire ensemble!

Je me raidis instantanément. Cette dernière phrase me faisait tellement mal... D'un côté, elle avait raison, on s'engueulait trop. De l'autre, elle ne pouvait pas savoir que ça me ferait si mal, même si ce n'était pas très délicat de sa part. Toute personne normale ne réagirait pas comme ça après autant de temps.

Il fallait que je trouve un moyen de tout arranger, et rapidement. Ma peur de la perdre avait surpassé ma colère pour ces dernières paroles. Je pouvais bien prendre sur moi une dernière fois...

- Tu ne dis rien? Ouais, tu t'en fous.
Elle commença à partir mais je pris son poignet pour la tourner face à moi.
- Laisse-moi une dernière chance d'arranger les choses.
- Non. J'en ai marre. C'est trop tard.

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