Chapitre 33

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  Chapitre 33

****Souadou****

Je me réveille en sursaut. A force de parler et de pleurer, je me suis endormie. Le drap est tout mouillé à cause de mes larmes.
Je ne sais pas ce que je vais faire mais je sais que je dois faire quelque chose et surtout sortir de cet enfer. Je regarde l'heure sur mon portable et je vois que les visites vont bientôt terminer. Je fais un bisou à ma mère sur le front avant de sortir.
Je n'ai pas vraiment envie de rentrer, je décide de faire quelque chose que je n'ai pas fait depuis longtemps et pourtant que j'adorais faire. Je prends ma voiture direction la plage. J'ai envie de me laisser transporter par le bruit des vagues et réfléchir ainsi à ce que je vais faire.

*****

Je tiens mes chaussures par la main et j'avance sur la mer. Je vais pas me baigner mais j'ai retroussé mon pantalon afin de pouvoir mouiller mes pieds.
Il y a pas beaucoup de monde en cette période de l'année. C'est vrai que la fraîcheur commence à se faire sentir. C'est toujours reposant de venir ici si on n'est pas obligé de faire face à toutes les énergumènes que ce monde porte en lui.
Après en avoir fini avec l'eau, je vais m'asseoir sur le sable. L'équation restant la même comment vais-je m'en sortir ? J'ai jamais regretté ce que j'avais fait, à savoir n'avoir pas refait le bac après mon échec. J'ai choisi de me marier avec Djily et de rester une femme au foyer.
Dans la mesure où c'est difficile de s'en sortir dans ce pays avec un diplôme universitaire alors sans diplôme c'est encore pire. Je n'ai pas 36000 solutions je suis obligée de monter ma propre affaire.
En outre mes 10 doigts ne me servent pas à grand-chose. Je sais pas tresser et je sais pas coudre. Je ne pourrais être ni tailleur, ni coiffeuse. J'aurais dû apprendre tout ça pendant qu'il était encore temps.
Ce qui me reste est d'entrer dans l'univers très compétitif de la vente. Mais je peux déjà compter sur un fond de départ. J'ai mes cartes bancaires que je compte bien vider avant de partir et j'ai également mes bijoux qui coûtent une vraie fortune. Si j'ai besoin de plusieurs millions pour commencer mon affaire, je suis obligée de les vendre. Mais je dois me dire que les choses marchent je pourrais avoir assez d'argent pour en acheter d'autres. Il faut être optimiste, ça ira pour moi.
Maintenant il faut que je fasse attention, ce pays est rempli d'arnaqueurs. Je vais pas quitter Ismaïla pour voir quelqu'un me prendre tout ce que j'ai amassé. Qu'est-ce que je vais faire ? Si je quitte cet imbécile ce sera pour de bon et pour rien au monde je ne reviendrai sur cette décision.
Où vais-je aller ? Chez mon père, il y a vraiment pas de place. Je peux occuper la chambre de ma mère en attendant qu'elle se réveille. Je ne peux pas me payer le luxe de payer pour un logement. Déjà que je ne sais pas comment vais-je entretenir la maison et en mettant sur pied mon affaire.
Mes tantes vendent des choses au marché. Je sais déjà que ça doit pas rapporter beaucoup mais quand même ça ne doit pas les empêcher de faire quelque chose pour la maison. Mais non, chacune travaille pour elle et ses enfants. Tout ce qui est lié aux dépenses de la maison revient à mon père et dans la mesure où son état de santé l'empêche de travailler, en tant que bonne fille aînée c'est à moi de prendre en charge ses responsabilités. Vivement qu'Abou s'en sorte. Son école nous coûte de l'argent. Putain, il est lui aussi en train de galérer pour avoir un stage. Je veux pas qu'il travaille avec l'autre connard et j'ose pas demander à Djily de le prendre. A moins qu'il va lui-même voir Djily pour qu'il le prenne. Jusqu'à nos problèmes, c'est Djily qui payait sa scolarité et effectivement Abou devait lui rendre des comptes. Pour ce que j'en savais, il se débrouillait assez bien. Je vais demander à Abou d'aller le voir, qui ne tente rien n'a rien.

******

Ça fait des heures que je suis là. Je n'ai même pas senti le temps passé. Je ferais mieux de rentrer. Mes affaires ne se rangeront pas toutes seules et j'en ai un bon paquet.
Le rangement se fera assez discrètement. Je veux que cet imbécile ait la surprise de sa vie quand je partirais.

Chronique de Souadou: Ma vie, mes choix... (Tome 1 et 2)Where stories live. Discover now