Chronique de Souadou: Ma vie, mes choix... (Tome 1 et 2)

Chapitre 37

  Chapitre 37

****Sarah****

Bi continue à me regarder et je comprends qu'elle ne va pas lâcher le morceau mais bon je dois parler.
Je fais un grand soupir avant de commencer à déballer.

-En fait, mes parents n'habitent pas à Dakar.
-Où habitent-ils ??? Demande-t-elle et je réponds par le nom de mon village.
-Tu habites avec qui ici ??? Revient Bineta à la charge. Avant que je ne réponde, le prof arrive mais je sais que je ne suis pas tirée d'affaires.

Je sors mon cahier et mon trousseau. Je me concentre sur ce que le prof est en train de dire tout en sentant le regard pesant de ma copine.

*****

La sonnerie annonce la fin du cours alors la récréation. D'habitude Bi sort pour voir Dave mais je sens que cette pause, elle la passera avec moi.

-Tu m'as ignoré tout au long du cours... Se plaint-elle alors que les jumelles viennent se joindre à nous.
-Tu connais Monsieur Niang mieux que moi, si on parle dans son cours il se met en colère.
-Bref, réponds-moi avec qui tu habites ?
-Tu as bien entendu ce que Penda Sow a dit, Sarah travaille pour elle...Dit Awa avant que je ne réponde.
-Tu fais quoi là-bas ??? Demande Awa.

Je prends une pause et je regarde mes doigts noués.

-Sarah, tu peux nous répondre s'il te plait... Insiste Bi.
-Je travaille chez elle comme bonne.

Automatiquement, Awa éclate de rire. Bi me regarde mais ne dit rien quant à Adama, on dirait qu'elle est étrangère à la scène.

-Mais quelle menteuse cette fille !!! Dit Awa de façon assez forte pour que notre conversation intéresse le reste des gens de la classe qui ne sont pas sorties.
-Que se passe-t-il ??? Questionne Jules sans doute alerté par les ricanements d'Awa.
-On a une boniche doublée d'une menteuse dans notre bande... Répond-elle.

Tout le monde me regarde et je pouvais entendre quelques moqueries. Je ne peux plus être ici. Je prends mes affaires et je sors de la classe en courant.
Je quitte l'école alors que mes larmes commencent à couler.
Je marche jusqu'à un jardin qui n'est pas très éloigné de l'école et je m'assois sur un banc public.
Vous comprenez maintenant pourquoi j'ai menti ? Je savais que j'allais pas être accepté dans de telles conditions. Je suis sûre d'être aujourd'hui la risée de tous.
Ils me verront tous comme la domestique qui n'a pas sa place dans cette école. Je devais aller dans une école publique.
La sonnerie de mon portable m'interpelle. Je regarde et c'est un message de Bineta. Une moquerie sans doute. Je prends le risque de lire en ouvrant. Elle me dit : « Tu es où ? Le prof est arrivé. ».
Je suis surprise de voir que son message relevé de ça. Je m'attendais à me faire insulter. Je la réponds pas. Je vais pas retourner dans cette école où se trouvent des gens qui vont se moquer de moi.
Je ne sais pas où je peux aller. Si je rentre à la maison, cette peste de Nabou s'empressera de dire que j'ai fui les cours.
J'ai assez d'argent, je prends un taxi pour aller chez ma tata Maty. En parlant d'elle, ça fait un moment que je ne suis pas allée chez elle. Tata Maty n'a pas réellement été un ange avec moi. Je la suis très reconnaissante de m'avoir accueillie quand j'ai quitté le village mais ça s'arrête là. Tata n'a pas cessé de m'écraser durant les quelques jours que j'ai été chez elle.

******

Comme d'habitude tata Fanta est devant la maison derrière sa table pour s'occuper de son petit commerce. Elle m'a vue e loin et commence à me sourire.

-Bonjour tata.
-Mais toi t'es super élégante. Ça se voit que tu as changé de vie.
-Même pas. Je travaille toujours comme domestique.
-Mais ton patron t'aide dans tes études. T'as beaucoup de chance.
-A l'école dé, moy lolou.
-Que se passe-t-il ?
-Ils se sont moqués de moi quand ils ont su que je travaillé comme bonne...Dis-je en réprimant mes larmes qui s'apprêtaient à couler.