Prologue

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À chaque fois qu'elle venait à la maison, c'était toujours la même histoire. Ou du moins, ça finissait toujours de la même façon. Elle venait discrètement dans la nuit, se faufilant dans mon lit avec son énorme peluche et elle me disait tout bas « Tristan, y'a des monstres sous mon lit ». Mais je n'y croyais pas. Ça n'a jamais existé les « monstres sous le lit ». Pourtant, rien que pour elle, je prenais ma lampe torche et j'allais vérifier. On allait vérifier à deux. Il fallait qu'elle le voie. Il n'y avait rien sous le lit à part des moutons de poussières.

Elle le savait. Mais à chaque fois, elle recommençait.

Alors, j'ai abandonné et je l'ai laissé dormir avec moi.

« - T'es comme un super héros Tristan ! Tu n'as jamais peur de rien !

- Ne dis pas de bêtise !

- Si, si, je t'assure ! »

Elle a toujours été comme ça. Voyant en moi une sorte de sauveur mythique aux pouvoirs étranges. On était justes des gamins et elle, elle avait une imagination beaucoup trop débordante.

Lili et moi avons grandi ensemble. Elle était la fille peureuse et moi le garçon courageux. Mon père ne cessait de me dire « Veille bien sur elle », alors à force, je me suis senti responsable d'elle. Pourtant, il n'y a que quelques mois qui nous séparaient. Je me suis attaché à Lili comme on s'attache à un membre de sa famille, en même temps, comment faire autrement quand elle passe le plus clair de son temps dans vos pattes ?

Mais comment lui en vouloir ? On avait beau regarder sous tous les angles, Lili restait quelqu'un de « mignon ». Même quand elle faisait une bêtise, c'était dur de lui en vouloir. Mes parents préféraient m'en vouloir à moi à vrai dire. Comme si c'était mon boulot d'élever une telle boîte à connerie ? Normalement c'était le boulot de ses parents, mais des parents, Lili n'en avait pas. Elle était ce genre de petite fille, seule, mais toujours heureuse. Ses parents sont morts dans un accident et elle a toujours vécue chez son grand-père. Grand-père qui habitait étrangement à quelques mètres de chez moi.

C'est comme ça que l'on s'est rencontré. Au détour d'une ruelle, à quelques mètres de chez moi. Elle était assise, par terre, sous la pluie, penchée au-dessus d'une bouche-dégoût, faisant son regard malheureux en disant : « J'ai fait tomber ma chaussure dedans ». Une vraie boîte à connerie.

Mais c'est ce qui me plaisait chez elle. Cette façon qu'elle avait d'être maladroite, dans les nuages, tête en l'air. Elle ne se souciait jamais vraiment de ce qui se passait autour d'elle. Elle n'a jamais vraiment compris le monde qui l'entourait à vrai dire.

Contrairement à moi.

Moi, le monde, c'était mon terrain de jeu. Mon terrain de chasse. Depuis petit j'admirais le travail de mon père et d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours dit que je voulais « Attraper des méchants ». C'était innocent à l'époque, mais plus maintenant.

Maintenant « attraper des méchants » c'était devenu plus qu'un passe-temps. C'était une mission. J'aimais ça. J'étais bon dans ça. J'y arrivais plutôt bien.

Et puis il a fallu que mon chemin croise le sien.

« 3173 ». Une voleuse. Une cambrioleuse. La seule tâche à mon tableau de succès.

Et il est hors de question que je laisse cette vilaine tâche plus longtemps nuire à tous les efforts que j'ai fournis jusqu'à présent.

Cette fille, je vais l'avoir.

Et quand je l'aurais, je lui enlèverais ce petit sourire narquois qu'elle affiche fièrement à chaque fois qu'elle me glisse entre les mains. Son sourire, je l'effacerais et son identité, je la révélerais.

Cette année, je la coincerais.


3173  : Attrape-moi si tu peuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant