Chapitre 21 - Réconfort

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J'ai séché la majorité des cours de la matinée. J'ai erré à droite et à gauche à sa recherche. J'ai fait chaque salle, chaque pièce, chaque recoin que je pouvais connaître sans pouvoir la trouver. Lili n'était pas là.

« - Hé Tristan ! »

On m'interpelle alors que mon regard se perd sur l'ensemble de la cour. Je ne vois personne. Personne mise à part cet individu se plantant là, devant moi.

« - Qu'est-ce que tu me veux ? »

C'est bien la première fois qu'il m'adresse la parole. La première fois qu'il s'avance vers moi. Mais je ne suis pas dupe, cela a forcément un lien avec elle.

« - Excuse de te déranger mec, mais...Tu n'aurais pas vue Lili aujourd'hui ?

- Non. »

Ce fut sec. Expéditif et plutôt bien envoyé. J'étais fier sur le moment.

« - Ah ok...Bah si tu la vois tu peux lui transmettre un message pour moi ?

- Non. »

T'as cru que j'étais ta chouette personnelle ou quoi ?

« - Ok... »

Voyant le malaise et comprenant très bien que j'avais bien autre chose à faire de ma vie que de l'écouter, Oliver se rapproche encore plus, réduisant au maximum la distance qui s'était installée entre nous.

« - Écoute...Je sais que tu ne me portes pas spécialement dans ton cœur

- Sans déconner...

- Et je ne sais pas pourquoi...T'es jaloux parce que je passe du temps avec Lili ? Elle m'a dit que vous aviez pour habitude d'être très proches tous les deux, mais tu sais, je l'aime beaucoup Lili et je n'ai pas envie qu'elle ait à choisir entre nous deux. Tu vois le genre ? »

Il est sérieux ? Il veut réellement avoir ce genre de conversation avec moi ? Et puis, pourquoi elle choisirait ? Le choix est inutile. Si je me base aux faits et purement aux faits, je pense que Lili a déjà « choisi ».

« - Enfin bref, si tu la vois...Dis-lui de m'appeler, ça serait cool. Merci d'avance. »

Je ne le ferais pas. Même pas je mentionnerais le fait que j'ai eu une conversation avec ce type. Elle n'est pas obligée de le savoir. Elle ne le saura pas.

Repartant vers ma salle de cours, je croise Leila qui, positionnée près d'une fenêtre aborde un léger sourire narquois.

« - Tu pactises avec l'ennemi maintenant ?

- De quoi tu parles ? D'Oliver ? Ce n'est pas mon ennemi. Ce n'est même pas mon rival. Ce n'est rien. Que dalle.

- Pourtant, tu sembles bien remonté...

- Ouais...Je n'en sais rien, dès que je le vois c'est plus fort que moi. »

C'était simplement de la jalousie. Je le savais. De la jalousie et rien d'autre. J'étais jaloux de ce gars que je le veuille ou non et on pourrait me donner toutes les raisons du monde, je crois que je le jalouserais longtemps. Il était proche de Lili, lui.

Moi, petit à petit, à chaque nouveau pas que je faisais vers elle, j'avais l'impression qu'un fossé se creusait.

« - C'est toujours ok pour ce soir ? »

Elle paraît surprise, étonnée tandis que je cherche à savoir s'il existe un moyen de me vider l'esprit. Elle détache son regard de la fenêtre et me souris à pleine dent :

« - Oui, bien sûr ! Sauf si tu as des impératifs premiers...

- Non, non...Je viendrais. »

J'avais besoin de savoir. De savoir jusqu'où on pourrait aller elle et moi. Peut-on réellement s'entendre ? Peut-on se faire confiance ? Compter l'un sur l'autre ? Peut-on croire en l'autre ?

Je le souhaite. Je l'espère.

Le soir même, j'étais resté devant chez Lili pendant une bonne vingtaine de minutes à me demander si je devais sonner ou pas. Tenter l'aventure...Lui demander si tout allait bien, si elle n'était pas malade ou autre, mais au moment où je tendais ma main vers la sonnette, je me suis désisté à la dernière seconde. J'ai préféré rentrer.

J'ai préféré aller chez Leila.

D'ailleurs quand j'ai sonné chez elle, un homme est venu m'ouvrir.

« - Bonsoir, c'est à quel sujet ?

- Bonsoir...Hmmm...Est-ce que Leila est ici ?

- Oh ! Vous devez être son ami Tristan. Entrez- donc jeune homme, je vais prévenir mademoiselle de votre arrivée. »

J'étais certain que c'était une sorte de fille bourgeoise. Sa maison doit certainement faire 5 fois la mienne à vue d'œil et chaque pièce est ridiculeusement grande pour sa nécessité.

Quelques minutes plus tard, Leila descend les escaliers menant à l'étage supérieur avec un large sourire, une joie non dissimulée et des étoiles dans les yeux. Était-ce dû à ma présence dans son hall ?

« - Tu es venu ! »

Oui. Je suis là. N'avais-je pas dit que je viendrais ?

« - Cela semble t'étonner...

- En fait...Je pensais que tu te désisterais à la dernière minute. Genre avec une excuse toute faite. Je ne pensais pas que tu tiendrais parole.

- C'est que tu ne me connais pas alors...

- Effectivement...Je ne te connais pas encore. »

« Pas encore ». C'est vrai. Leila et moi bâtissons notre relation petit à petit, brique par brique comme si nous étions en train de construire tout un édifice en ayant constamment cette crainte qu'il s'effondre à cause de l'autre. Mais pouvions-nous perpétuellement nous jeter la pierre de la sorte ?

« - Bon bah...Je te fais visiter ?

- Ouais, pourquoi pas. »

Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon. Ce n'est pas comme si mes parents étaient présents en ce moment et ce n'est pas comme si Lili se souciait de moi. Non. Si elle pensait ne serait-ce qu'un tout petit peu à moi, elle ne m'aurait pas fait ça. Elle ne m'aurait pas embrassé. Ne se doutait-elle pas des sentiments que j'avais à son égard ? Ne les voyait-elle pas ?

Cela fait des années que j'ai cherché un moyen, une façon, une occasion de lui dire ô combien elle comptait pour moi. Ô combien elle était importante pour moi. Ô combien je l'aimais depuis...Depuis cette histoire de chaussure perdue. J'aime Lili. Je l'ai toujours aimée et pourtant, petit à petit, tel un ennemi tapi dans l'ombre, le doute s'installe en moi.

N'était-ce pas préférable que j'abandonne ? Que je baisse les bras ? N'était-ce pas préférable que je la laisse « libre » ?

L'amour après tout...Ce n'est que du vent. C'est de l'énergie gaspillée pour un rien. C'est un sentiment temporaire que le temps nous laisse gentiment oublier.

L'amour, ce n'est rien.

« - Tristan, tu viens ?

- Hmm ? Oui, j'arrive. »

Parce que mes efforts et mon énergie méritent d'être redirigés ailleurs. Vers quelqu'un qui peut-être en valait le coup. Qui peut-être ferait attention à certaines choses...À moi, par exemple.

Je m'engouffre alors à sa suite, dans un couloir tandis qu'elle se dandine devant moi et à ce moment-là...Seulement à ce moment-là, je réalise ô combien j'ai été idiot de ne pas avoir rangé mon égo plus tôt.

3173  : Attrape-moi si tu peuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant