Chapitre 11 - Nuit mouvementée

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On a joué. On s'est amusé. On a rigolé et puis on a parlé. On a parlé de tout et de rien. Le genre de conversation qui va dans tous les sens, mais qui nous fait du bien. Un bien fou. On a joué, on s'est amusé et puis on est rentré.

On est rentré en riant. On est rentré en s'amusant sous les premières gouttes de pluie. Vacances pluvieuses, vacances heureuses.

« - On fait quoi ce soir ?

- Je n'en sais rien, tu veux faire quoi ?

- Honnêtement Lili...Rien. »

J'avais juste envie de rester là, à discuter avec elle. De tout et de rien. De la pluie et du beau temps comme du mauvais temps. J'avais envie que l'on se raconte nos souvenirs d'enfance, que l'on n'en rigole ensemble. Juste ça, ça me suffisait.

Je voulais juste passer l'une de ces soirées où l'on reste l'un à côté de l'autre, à discuter.

J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas discuté avec Lili.

Pourtant, on se voit pratiquement tous les jours sur le campus, même de loin. On est voisin. Elle vient chez moi un jour sur deux.

Mais une éternité me semble être passée.

Je déteste ça.

Je déteste avoir l'impression qu'un fossé s'est creusé entre nous.

Après tout...Je ne m'y attendais pas. Depuis longtemps je suis attaché à Lili. Depuis trop longtemps. Il n'a suffi que d'un seul instant et depuis ce jour-là, ça a toujours été elle et moi contre le reste du monde. Ca a toujours été « nous ». Comme un ensemble, une même entité. On ne formait qu'un. On vivait pratiquement ensemble. On allait à l'école ensemble. On partait en vacances ensemble. On faisait les fêtes de fin d'année ensemble. Tout, absolument tout était fait l'un avec l'autre.

Jamais l'un sans l'autre.

Et pourtant, quelque chose nous a séparés. Progressivement.

« - Tristan ? »

Son visage est à quelques centimètres du mien quand je sors de mes pensées. Elle proche. Trop proche. Elle a toujours été trop proche. Mais elle était comme ça. Lili était celle qui entrait dans la vie des gens sans prévenir. C'était un rayon de soleil. Une boule d'énergie et de chaleur. Je jalousais ses autres qui gravitaient autour d'elle comme je les comprenais sincèrement. On ne pouvait tout simplement pas faire autrement.

Elle attirait.

Elle attirait terriblement.

Pourtant, elle n'a jamais été « jolie ». Lili était la fille banale, rouquine avec des taches de rousseurs parsemées sur le visage. Un peu maladroite sur les bords. Un monde à part dans la tête.

Mais elle attirait.

Elle envoûtait les gens avec ses grands yeux verts et ses fossettes.

C'était Lili. Ma meilleure amie oserait-je dire tout haut, la femme de ma vie penserait-je tout bas.

« - Tu m'écoutes ?

- Hmm ? Désolé, je suis complètement crevé. Le voyage puis toute la journée dans l'eau...

- Tu veux aller te coucher ? Tu sais, tu peux y aller hein, je ne t'en voudrais pas. Je trouverais bien quelque chose à faire.

- Non, non, c'est bon...

- T'es sûr ?

- Si je te le dis. »

Sois un homme. L'homme couche la femme pas l'inverse. Attends qu'elle s'endorme pour ensuite ronfler tranquillement.

« - Je vais à la douche. J'ai du sable plein le maillot et ça me réveillera sûrement.

- D'accord...Et puis au lieu de dire « plein le maillot », tu pourrais dire « plein les fesses », je comprends, aussi tu sais. Je n'ai plus six ans.

- Quoi ? Non, mais... »

Parce que oui, Lili n'a aucun tact. C'est plus un éléphant qu'une fille par moment. Petite elle avait tendance à courir toute nue dans le quartier ou alors, ça a été la première à donner des cours d'éducation sexuelle aux garçons du collège, le tout de façon très imaginée. Quand elle a quelque chose à le dire, elle le dit.

Elle ne se prive pas.

Comme la fois où elle m'a traité d'idiot parce que je refusais de venir au bal du lycée. Je m'en souviens...ou plutôt mon épaule s'en souvient pour moi.

J'ai eu un bleu. Un gros bleu. Le genre de bleu plutôt violet en fait.

M'enfermant dans la salle de bain, je manque de confondre mon shampoing avec tous les produits de Lili. Elle a ramené le supermarché avec elle. Shampoing, après shampoing, démêlant, crèmes en tout genre et j'en passe. À quoi ça peut bien servir autant de flacons ?

Ma mère m'a mis le même gros bidon «Shampoing tout-en-un » qui lave tout et puis voilà.

Quand je sors de la douche, je sors avec la serviette autour de la taille et je cours en direction de ma chambre, manquant de glisser au passage. Vas-y Tristan, casse-toi une jambe pendant les vacances. Meilleur moyen de les gâcher.

« - Lili ? »

Cela fait un moment que je constate qu'il n'y a plus aucun bruit dans le salon. Pas même le bruit d'un paquet de chips.

« - Lili ? »

Je pose la serviette à la salle de bain et retourne dans le salon tout en enfilant mon débardeur quand je remarque que Lili est vautrée dans le canapé, la tête en arrière, un filet de bave sur le côté.

« - Eh bien... »

Sa position pas du tout glamour me fait rire, mais je ne peux décidément pas la laisser...Comme ça.

Je l'attrape dans mes bras et la porte jusque dans sa chambre en poussant la porte avec mon pied. Au moment de la déposer sur son lit, ses bras s'enroulent autour de mon cou et m'attirent à elle.

Contre elle.

« - Lili !

- Reste.... »

Je présume que je ne vais pas me faire prier. Autant rester.

3173  : Attrape-moi si tu peuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant