Chapitre 3 [Calleigh]

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Quand je réussis finalement à entrouvrir mes paupières, la lumière est éblouissante, presque aveuglante. Je met quelques instants avant de réaliser ce que j'ai devant les yeux. Des flammes, de grandes flammes, un mur de feu. Des sons lointains me parviennent mais il me faut quelques secondes avant de les déchiffrer.

- Merde! dit une voix qui m'est inconnue derrière moi.

- Le moteur a cédé, se désespère une autre.

- Tu sais combien de personnes étaient toujours à l'intérieur?

- Peut-être une vingtaine...

J'arrive à avoir assez de force pour mettre une main tremblante sur ma tête qui me fait affreusement mal. Mes oreilles sont elles aussi très douloureuses, comme si quelqu'un y avait enfoncé une aiguille.

Quelqu'un pose son bras autour de moi. Ce qu'il dit m'est incompréhensible tant mon ouïe me fait souffrir. Pourtant, sa présence est familière, presque rassurante.

Je tourne la tête et découvre alors son visage. J'ai alors un léger mouvement de recul. J'aimerais quitter ce cauchemar au plus vite, me réveiller en sursaut dans mon lit douillé au beau milieu de la nuit. Tout mais pas passer une seconde de plus dans les bras d'Elijah Thorpe.

***

Le feu a fini par cesser. La terre était déjà en partie brûlée ce qui a empêché la propagation des flammes à l'ensemble de la forêt, tant mieux. Enfin, pas pour ceux qui étaient restés dans le bus.

Si plusieurs d'entre nous ont sorti un grand nombre de personnes du véhicule avant que le moteur n'explose, le bilan reste tragique. Nous étions soixante-trois dans le bus, mais seulement quarante-deux quand le feu s'est éteint. Sur les quarante-deux rescapés, seize ne se sont toujours pas réveillées.

Nous les avons donc allongés les uns à côté des autres et nous nous organiserons cette nuit pour que les bêtes ne s'en prennent pas à leurs corps. Je ne sais pas ce qu'il y a dans ces bois mais on ne peut pas les laisser s'en prendre aux blessés.

Puisque nous passerons sûrement la nuit (et peut-être plus) ici, nous avons décidé de nous organiser. Deux d'entre nous surveillent ceux qui ne se sont pas réveillés, quatre autres, qui prétendent avoir quelques connaissances sur la forêt, sont partis voir si on peut trouver de quoi manger et boire. Six ont proposé de rechercher nos sacs à dos qui ont certainement été éjectés hors du bus lors de l'accident.

Puisqu'il nous faudra dormir ici, nous avons pensé qu'il serait bon de faire un abri pour la nuit. Cinq d'entre nous se chargent de la structure et cinq autres d'aller chercher des branchages pour la couvrir.

De notre côté, nous sommes quatre à essayer de faire du feu. Je dis bien essayer car ce n'est pas très glorieux pour l'instant. Les quelques éclats que nous réussissons à faire émerger disparaissent aussitôt.

Pour détendre l'atmosphère, j'essaie de parler à Ivy et Caleb mais ils ne sont pas très bavards. Depuis qu'elle s'est présentée, Ivy ne prononce que les mots "oui", "non" et "peut-être" tandis que son voisin semble tellement absorbé par sa tâche qu'il m'ignore tout bonnement.

La quatrième personne du groupe étant Elijah (monsieur a insisté pour rester avec nous), je me résigne à me taire jusqu'à ce qu'un autre groupe revienne. Je me concentre donc sur mes pierres que je claque l'une contre l'autre sans relâche. Pas le moindre résultat.

Lassée par mes échecs à répétition, je porte mon regard aux cinq garçons qui prennent de gros rondins de bois tombés par terre (sans doute suite aux orages violents survenus récemment au centre des États-Unis) pour essayer d'en faire quelque chose. Ils sont à bout mais font de leur mieux, tout le contraire de mon voisin dont les yeux noirs me fixent depuis tout à l'heure.

Quand il détourne finalement le regard, je jette un œil au genoux d'Elijah. Il est dans un sale état. Je me demande même comment il a pu marcher avec une plaie aussi profonde. Je suis soudainement prise de pitié. Mais non, je ne peux pas m'apitoyer sur son sort alors que lui ne s'est jamais soucié de moi.

Son regard se pose de nouveau sur moi et je retourne les yeux aussi vite que possible en priant intérieurement pour qu'il ne m'ait pas vue. Trop tard, je le vois esquisser un semblant de sourire complice.

Quelques personnes reviennent, me permettant d'échapper à cette situation des plus délicates. Cependant, quand je regarde leurs visages effrayés, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas.

- Vous avez trouvé quelque chose? leur demande Caleb.

Ils font signe de la tête que non.

- Vous n'êtes que deux? constate Ivy qui vient de mettre le doigt sur ce qui me dérangeait.

- Les autres sont partis sur un autre sentier... On a attendu, on les a cherché encore et encore mais...

- Ils ne sont pas revenus, continue l'autre.

À suivre...

Publication du prochain chapitre: Jeudi 3 août

Last Days of SummerWhere stories live. Discover now