Chapitre 15 [Noah]

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Nous continuons, une fois de plus. Je vois bien que certains ont envie de s'arrêter là, d'attendre la nuit froide puis la mort inévitable mais, en ce qui me concerne, j'espère encore.

J'espère retrouver mon père, mes frères, ma maison. Malgré tout, je m'efforce de croire qu'il nous est encore possible de retrouver nos amis, Seattle, nos vies.

- On continue, ordonne Arthur.

Une dizaine d'adolescents se met alors à le dévisager. Mais Arthur ne fléchit pas, il n'en a pas l'intention. Il sait très bien que s'il abandonne, les autres renoncement définitivement à reprendre l'ascension.

- Quelqu'un d'autre est mort, oui. Mais je pense que si celui qui a fait ça expose son cadavre, c'est pour nous faire renoncer, explique-t-il. On est proche du but. On ne doit pas, on ne peut pas renoncer maintenant.

Je regarde à nouveau le cadavre dont l'état est encore pire que celui de July. Ryan est salement amoché. Il en a presque perdu toute son humanité.

- Arthur à raison, je reprend devant tout le groupe. On a encore une chance. On doit la saisir si on ne veut pas terminer comme lui.

Après quelques protestations de certains d'entre nous, nous reprenons la marche. Dans le plus grand des silences, celui dans lequel se tiennent les enterrements, nous avançons, seuls avec nos pensées les plus sombres et espoirs les plus incertains.

Je commence à me dire que nous avons réussi, que, bientôt, tout cela sera terminé. Mais bientôt, le silence prend fin. Il est abattu en plein coeur par des coups de feu qui raisonnent tels des bombardements au milieu des arbres calmes.

Vient alors la panique. Elle se saisit de nous tous en l'espace d'une seconde. On court, on se met à plat ventre sur la terre sèche et sale, on fuit.

En un instant, le groupe, cette unité qui nous permettait de combattre tant bien que mal l'angoisse a disparu. Il n'y a plus que quelques individus apeurés qui courent de tous côtés telles des bêtes traquées par le chasseur.

Tout le monde s'évapore au fur et à mesure que les coups frappent le mur du son et nos tympans par la même occasion. Je reste là, couché sur le sol, les mains tentant désespérément de boucher mes oreilles, seul.

Malgré mes recherches, je ne vois pas le tireur. On dirait que les coups de fusils sont tirés loin, très loin d'ici et que c'est seulement leur écho qui nous frappe et fait battre nos coeurs en rythme.

Soudain, l'une des dernières silhouettes que je peux voir courir au loin s'effondre. Je la fixe pendant d'interminables secondes mais elle ne se relève pas. Les coups se rapprochent dangereusement.

Je n'ai plus le choix. Je me relève difficilement et je cours aussi vite que possible, mes mains collées à mes oreilles comme pour les protéger. Je n'ai aucune idée de l'endroit où je vais mais pieds m'y portent presque malgré moi.

Bientôt je passe au niveau de la silhouette qui ne s'est pas relevée. J'ai à peine le temps de l'apercevoir. C'est Tara. Et son pull porte une énorme tâche écarlate.

À suivre...

Last Days of SummerWhere stories live. Discover now