Chapitre 4 [Ivy]

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La nuit tombe peu à peu pendant que nous mangeons notre maigre repas. Les degrés en font bientôt de même et le petit courant d'air traversant les bois me fait frissonner de temps en temps.

J'observe les autres avaler leur portion aussi vite que possible en tentant de me retenir. J'ai faim, très faim même. Mais si j'avale tout d'un seul coup, je sais que mon cerveau en demandera plus. J'essaie alors de prendre mon temps, de ne prendre qu'une bouchée à la fois, de maintenir mon cerveau dans cette illusion en espérant qu'il ne fasse pas gargouiller mon estomac cette nuit.

Le diner est maigre: une barre de céréales, un bout de sandwich, quelques racines trouvées par Noah et July dans les bois. C'est peu, mais il ne faut pas oublier que nous sommes vingt-six (même si Daniel et Luke ne sont toujours pas revenus, nous leur avons gardé des portions).

Les barres de céréales proviennent d'un sac qui en était rempli (merci à celui ou celle qui avait fait des provisions dignes d'un hamster avant de monter dans le bus) et les deux sandwichs étaient écrasés dans un autre.

C'est tout ce que nous aurons à manger ce soir et je ne sais même pas si nous aurons la chance d'avaler quelque chose demain matin. J'espère que les secours viendront bientôt. Après tout, un bus plein d'adolescents ne peut pas disparaître comme ça sans qu'on entame de recherche, si?

Nos familles sont sûrement déjà inquiètes, l'une d'elles devrait bientôt contacter la police... Et puis, les écoles de New York vont bien se douter de quelque chose en découvrant que tous les étudiants de l'État de Washington sont absents.

Toutes ces éléments sont censés nous rassurer mais on doute tous, cela se lit sur nos visages. Certains essaient de prier des dieux qu'ils connaissent plus ou moins bien (Calleigh semble même déjà avoir organisé une sorte de prière collective avant qu'on ne mange). D'autres prévoient le pire: Elijah essaie de calculer les doses de nourriture qui nous seront nécessaires chaque jour tandis que Noah regarde autour de lui pour tenter de repérer des plantes comestibles.

Quand le repas est terminé, tout le monde regarde les deux portions restantes. On doit les garder au cas où Daniel et Luke reviennent mais la faim nous donne à tous une subite envie de nous jeter dessus.

- Ils ne reviendront pas, affirme July. Les bois sont trop épais, s'ils devaient revenir, ils l'auraient déjà fait...

Un silence gênant s'installe jusqu'à ce qu'une voix s'élève à quelques mètres de moi:

- Quel gâchis!

- On doit quand-même les garder, au cas où, répond Caleb. On en aura peut-être besoin demain.

Plus personne n'ose parler. Caleb vient de nous rappeler à tous que cette soirée n'est pas la fin du cauchemar. C'est peut-être même le contraire. Qui sait ce qui nous attend dans cette forêt hostile et mystérieuse?

Notre seule solution désormais est de se reposer cette nuit en attendant que le soleil ne pointe le bout de son nez, nous permettant d'explorer cette immense côte qu'à dû dévaler le bus après l'accident. C'est certainement le seul moyen de sortir de la forêt.

- Je crois que j'ai trouvé le téléphone de Luke, dit quelqu'un derrière moi.

Je me retourne et découvre un jeune homme blond aux yeux remplis de peur tenant un portable dans sa main droite et le sac à dos d'où proviennent les barres de céréales dans l'autre. Sur l'écran, on peut voir un garçon qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui qui a disparu sans laisser de traces dans les bois. Je m'en veux alors d'avoir manger une de ses barres de céréales alors que lui est sûrement perdu dans les bois, en train de mourir de froid.

À suivre...

Publication du prochain chapitre le samedi 5 août.

Last Days of SummerWhere stories live. Discover now