Chapitre 8

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Quand je retourne dans le dortoir des garçons, mes amis se sont déjà activés pour tout ranger. Un oreiller avait éclaté et tout le coton s'était répandu dans les quatre coins de la salle. Reiner a un balai à la main. Jean est à quatre pattes par terre avec un chiffon humide pour nettoyer le sol. Les filles sont entrées dans le dortoir prétextant ne pas être la cause de ce désastre. Je relève mes manches, me positionne comme tête de cheval et attrape un chiffon dans le seau d'eau.

Je fais la pièce en largeur. Un moment, je sens une présence derrière moi. Reiner et Jean profitent de la vue. Une veine apparaît sur ma tempe, j'attrape le bout de tissu et le balance sur eux. Même si il ne touche que Reiner, l'eau dont il était imbibé a giclé sur le visage de Jean. Ils s'apprêtent à riposter quand mon regard les en dissuade. Ils retournent à leur tâche sans s'occuper plus de moi. Je soupire, prend le saut et me dirige vers le bout de tissu.

Quelques minutes plus tard, le sol est entièrement propre. Seul Conny, Jean, Reiner et Eren sont restés pour faire les lits.

Nouveau soupir, je transpire. Je retourne dans ma chambre, attrape une robe verte toute simple et me dirige vers les douches. J'entre dans une cabine, pose mes vêtements sur le bord du lavabo. Je me déshabille et fais passer l'eau froide sur mon corps. Je me savonne et me rince. Le changement de température me fais grelotter. J'enveloppe mon corps dans la serviette épaisse et me frotte énergiquement la peau pour me réchauffer. Une fois complètement sèche, je m'habille et sors de la salle de bain. Je me rends vers l'extérieur armée de mes crayons et de mon carnet de dessin. Je m'assois sur l'herbe verte en face de l'espace où les chevaux ont étés mis en liberté.

Je dessine les contours des animaux et des arbres. Je fais les muscles et les herbes dans leurs mâchoires. Une fois mon oeuvre terminée, je rajoute les couleurs. Des dégradés de verts pour les  arbres et la pelouse. Du marron, du noir, du beige pour la robe des chevaux et des dégradés de bleus pour le ciel. Totalement concentrée, je ne fais pas attention à la présence à mes côtés.

Quand je suis enfin contente, je me relève d'un coup et tend mes bras afin d'admirer mon travail. Mes yeux font l'aller-retour entre le paysage et le bout de feuille pour trouver la ressemblance. En effet, elle est frappante. Je souris de tout mon être et sautille de joie. Je tourne sur place quand je fais enfin attention à la personne à côté de moi.

Des orbes gris me fixent allègrement. Je ferme mon carnet, attrape ma boite de crayon et lui fait face:

- Qu'est-ce que tu me veux ?

Ma voix se faisais étonnement froide. Il le remarque et baisse légèrement le menton. Tel que je le connais, il culpabilise pour sa "crise de jalousie". Mais, trop fier pour me l'avouer, il va me lancer un remarque que je devrais traduire comme des excuses. Je soupire. Décidément, je crois que c'est devenu une habitude.

- Alors, tu me réponds ou pas ?

- Erwin m'a dit que si je voulais savoir ce qui se passe entre vous c'est à toi que je dois m'adresser.

- Donc tu veux vraiment savoir.

- Oui s'il te plaît.

Je sursaute, c'est moi ou il a dit"s'il te plaît". Je souris. Il me le rend maladroitement. Je lui raconte finalement toute l'histoire sans rien oublier. À la fin de mon récit, il prend la parole:

- Je suis dé...déso...

- Tu es désolé, j'ai compris. Je ne savais pas que tu avais autant de mal à prononcer ses mots.

Je lui rit doucement u nez. Il se renfrogne. Livaï boude comme un enfant. Je ris encore plus.

- jesuisdésolé, me balance-t-il rapidement.

Là, c'est trop, j'éclate d'un rire nerveux. Je me tiens le ventre tellement je ris. Livaï n'a pas l'air d'apprécier que je me moque de lui. Il me plaque au sol et me chatouille. Il n'a pas oublié mes points faibles et s'acharne sur eux. Je meurs littéralement de rire. Je tape le sol signe de mon abandon. J'essuie mes larmes et Livaï profite de ma faiblesse pour m'embrasser. Je me fige.

Ses lèvres sont aussi douces et sucrées que la dernière fois. Quand il se décolle enfin de moi, je le regarde avec des yeux tristes. En temps normal, j'aurais rougi en me rendant compte de notre position mais là, je n'ai pas la tête à ça. Mon humeur passe de triste à énervée. Je pousse et nous nous asseyons en tailleur l'un en face de l'autre. J'observe mon "ami" avec beaucoup de sérieux:

- Je peux savoir ce qui te prend ?

- Je comprend pas ta question...

- Tu m'embrasses alors que tu es fiancé. En plus, tu sais que je suis amoureuse de toi depuis qu'on se connaît. J'ai l'impression que tu profite de ça.

Ses yeux s'ouvrent en grand. Qu'est-ce que j'ai dit encore...

- Tu...tu m'aimes ?

- Tu veux dire que tu ne le savais pas.

Mon coeur va lâcher, j'ai avoué mes sentiments par erreur. Je rougis jusqu'à ressembler à une tomate bien mûre. Je me lève d'un bond pour fuir la situation que je juge critique. Livaï me retiens en attrapant mon poignet. Il me tire de force et scelle de nouveau ses lèvres au miennes. Par manque d'air, nous nous séparons. Je le fixe, interrogative:

- Je t'aimes aussi Eli...

-  Mais...mais tu es fiancé.

- C'est une fille de bonne famille et puis...on m'y a quelque peu obligé. Si ce n'était pas ma fiancée, je l'aurais trucidé depuis longtemps. Et puis...je t'aurais donné la bague à la place, finit-il dans un souffle.

Je rougis. Il est tellement mignon. Pourtant, avec les autres, il est plus froid. Je pense que mon ami à peur de faire confiance. Comme il a eu peur pour Farlan et Isabel au début. Quand j'y pense, je ne me souviens pas les avoir croisé aujourd'hui. De plus c'est bientôt l'anniversaire de Farlan:

- Dis Levi...

- Oui Eli.

- Je ne me rappelle pas avoir croisé Ferlan et Isabelle. Il sont restés au QG ou...

Je remarque les yeux remplis de tristesse de Livaï. Je crois comprendre.

- Je suis désolée, je n'aurais pas du en parler. Je ne savais pas...désolée, désolée...

- T'inquiète, tu ne savais pas...

- Je...

- Ils ont étés bouffés.

- Par des titans ?

- Un seul. Il a tué toute l'escouade. C'était un déviant. Et...je leur ai fait confiance...et je les ai quitté juste un petit moment...comment ça a pu arriver...c'est ma faute...

- Livaï...c'est pas ta faute. C'est le destin qui en a décidé ainsi. C'était pas ta faute. Personne ne t'en veux. Si ça se trouve, tu serais mort avec eux si tu les avait suivis.

- Ok. Tes arguments ne sont pas convaincants mais je suppose que tu essais de me dire que se n'est pas ma faute.

- Oui, en fait c'est ça.

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