Lettre 1

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12 Janvier 2018

Salut Metias,

C'est moi, Morgan (aujourd'hui du moins). Je sais que tu ne liras sûrement jamais cette lettre. Je sais qu'on ne se reverra pas. Mais tu me manques. Et ça, comme je ne peux pas te le dire, je peux au moins l'écrire. Tu le mérites.

Je suis tellement désolé, si tu savais. Pour tout ce que je t'ai dit, pour ce que j'ai pu crier, pour la haine que j'ai pu déverser contre toi. Une haine que tu n'avais pas à subir. Que personne n'a à subir.

Depuis que tu n'es plus là, tout est sombre : le lycée, la ville, ma famille, mes amis, ma vie. Rien n'arrive à me faire sortir de cette bulle noire dans laquelle j'évolue. Je suis comme englué dans la tristesse, comme une mouche coincée dans une toile d'araignée. Je sais que tu te foutrais de ma gueule, rien qu'en lisant ces lignes. Tu dirais que c'est mon côté poète dramatique qui ressort. Et au fond, tu as peut-être raison. Peut-être que c'est ce que je suis, dramatique - face à ton enthousiasme et toute ta positivité, je ne peux que l'être. Mais écoute, on ne lutte pas si facilement contre sa nature, malheureusement. Et ce n'est pas faute d'avoir essayer, tu le sais.

Comment se passe ma vie depuis que tu es parti ? Même dans les pires moments, il y a forcément du positif. C'est ce que tu me disais, tu te souviens. Je peux t'affirmer que c'est faux, que cette fois-ci, tu as tort.

D'abord, il y a mes parents, leurs regards inquiets. Ils se font du soucis pour moi, et même si je sais que c'est parce qu'ils m'aiment, je n'arrive que à leur en vouloir. Ça ne m'aide pas, tout au plus, ça m'exaspère, et ça ne fait que me rappeler ton absence. Ça a le même effet que de brandir une banderole "Metias n'est plus là". Je sais que ça te ferai rire, si ça arrivait. Tu aimais les choses déplacées. Toi même, tu l'étais, tu l'as prouvé plus d'une fois. Tu te souviens, quand tu as offert un tube de dentifrice à ton prof de maths quand tu as appris qu'il portait un dentier ? Ça m'a toujours fait rire, surtout la manière dont tu racontais ça, comme si c'était naturel.

Et puis, il y a le lycée aussi. Que disent les gens ? "La terminale, c'est la meilleure année, tu vas voir !" Non. C'est la pire. Surtout maintenant. Les autres me dévisagent, ne comprennent pas, certains tentent de faire preuve de compassion. J'hésite à dire lequel des deux est le pire. Entre ceux qui découvrent mon existence et viennent me parler, et ceux qui s'excusent alors qu'ils ne me connaissent même pas, aucun ne fait rêver. Il y a également tes amis qui ne savent pas comment me voir. Avec pitié, ou avec colère ? Je dois bien avouer que même moi je ne saurais pas trancher.

Et puis, il y a mon... problème. Tu disais que ça faisait partie de mon charme. Que tu aimais voir toutes mes facettes. J'ai toujours détesté cette partie de moi, celle que tu adorais. Je me hais de ne pas savoir faire un choix pour enfin être une personne bien distincte. D'autres y parviennent, et s'épanouissent après. Deviennent eux entièrement. Mais moi je n'arrive pas à me décider. Je ne sais pas qui je dois abandonner. Avec toi, c'était tellement plus simple. J'étais, le reste n'avait plus d'importance. Ça me manque, tes baisers furtifs, tes clins d'oeils à toutes les occasions, tes sourires avant de partir. Mais si tu savais à quel point je m'en veux et je t'en veux... Je suis tellement en colère contre toi, contre ta connerie. Qui fais ça, Metias, qui fait ce genre de choses, à part toi ?

Mon plus grand regret, c'est cette dispute, ce soir là, c'est d'avoir tellement hurlé contre toi que tu es partie, pour ne plus revenir. Peu importe ce que les autres m'ont dit, je sais que tout est de ma faute. Que si je ne m'étais pas emporter pour ce qui est maintenant une connerie, tu serais encore là, avec moi. Mais si tu savais à quel point j'aimerais que tu puisses me pardonner... Je rêverai de te serrer dans mes bras, te dire au revoir, et t'embrasser, une dernière fois. De remonter le temps, revenir à ce  soir là. Dans mon esprit, il n'y a que nous deux, nos cris, et la neige qui tombe, sans s'arrêter. Puis ta voiture rouge, cette vieille caisse que tu chérissais tant, que tu bricolais si souvent, qui démarre, et tes phares qui disparaissent au loin, entre les flocons. Après, tout est blanc. Je ne sais plus ce que j'ai fais après, je ne sais même pas jusqu'à quand j'ai oublié.

Ce que je sais, c'est que j'étais dans un état tellement lamentable qu'ils m'ont emmené chez le psy. C'est à partir de là que j'ai accepté de me souvenir. Il m'a répété que je ne devais pas rester comme ça, qu'il fallait que j'accepte ce qui s'était passé. Que j'arrête de m'en vouloir. Mais c'est de ma faute si tout est terminé. Je le sais au plus profond de moi, je le sens. Mes amis font tout pour me remonter le moral. Alix et Tom essayent même de ne pas trop s'embrasser devant moi. C'est gentil, et j'ai beau leur expliquer qu'ils ont le droit de s'aimer, ils ne veulent rien entendre. Ils ont organisé une petite soirée tranquille, avec juste Elena, Max et moi, pour me changer les idées. Ça faisait du bien, d'un peu rire, boire, avoir des conversation stupide. Mais le lendemain, j'ai de nouveau ressenti le vide que tu as laissé derrière toi. Comme pour me rappeler que je ne pourrais jamais oublier. Que je ne pourrais jamais t'oublier, toi.

Tu me manques Metias, tu étais mon monde, et maintenant, il s'effondre.

Morgan.e.


Bonjour cher lecteur et bienvenue sur cette nouvelle histoire ! Pour fêter les 10k de Chez Jean (merci) rien se mieux qu'une nouvelle histoire !

Taquapax
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