Lettre 10

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Lundi 12 mars,

Morgan, la seule question qui m'est venue  à l'esprit quand j'ai lu votre lettre a été : Qui êtes-vous ? 

Je ne connais toujours rien sur vous ou votre passé, mais je suis sûre de savoir une chose, c'est que vous avez souffert et que vous souffrez encore aujourd'hui. Pourtant, à travers vos lettres, vous montrez une telle force, que je ne peux qu'avoir du respect pour vous. Vous semblez toujours souriant, toujours heureux malgré les mauvais tours que la vie vous offre. Toutefois, je sais qu'une personne même si elle se montre forte peut être blessée et le caché. Il y a  des tas de raisons qui poussent quelqu'un à enfouir toutes ces émotions, je ne vais pas toutes vous les énumérer, cela ne ferait que de vous ennuyer vous et moi, mais je veux vous en parler. 

Maîtriser l'art de paraître une autre personne aux yeux de la société peut-être une qualité dans un tas de circonstances. Surtout lorsque vous devez sembler vous intéresser à quelque chose qui vous ennuie. Mais il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour paraître fort et un temps pour se livrer. Cela peut vous sembler assez contradictoire, que je vous dises cela, moi qui depuis le début de notre correspondance vous affirme ne pas vouloir vous faire dire ce que vous ne voulez pas. Et je reste sur cette longueur d'onde, je vous dis simplement que vous livrer est une bonne chose. Pas forcément à moi si vous ne le souhaitez pas, mais à vos amis, à vos proches, à votre psy. Pensez simplement que je ne vous jugerais en aucun cas, car j'ai connu beaucoup de moqueries. Et puis, rappelez-vous, je peux être un bon inconnu.

Morgan, vous avez perdu quelqu'un de cher, je sais ce que sait. On m'a moi aussi enlevé une des personnes qui comptaient le plus à mes yeux. Alors, je me suis renfermée, je n'ai plus parlé à personne, je ne voulais plus voir les dernières amies qu'il me restaient, je ne voulais plus entendre parler de mes parents. Et j'ai souffert. 

Je n'ai pas seulement souffert d'avoir perdu cet être qui était plus important à mes yeux que ma propre vie, bien que cela m'aie déchiré le cœur en petites particules. J'ai également souffert de ce renfermement sur moi-même, parce que ça a des conséquences. Quand vous abandonnez tout ceux qui vous ont soutenu pendant les mois difficiles de votre vie, très peu reste quand vous leur tourner ensuite le dos. Et puis, outre tout cela, il y a le sentiment de solitude.  

Lorsque vous pleurez l'être que vous avez perdu et que vous ne voyez plus personne autour de vous, c'est encore plus dur. Et alors, vous commencez  vous lamenter, à vous demander pourquoi tout arrive à vous, pourquoi personne ne vous aime. Et vos pleur redouble de force. Et c'est une boucle sans fin, une fois que l'on y met son doigt dans les rouages, on ne le ressort que quand il est usé jusqu'à l'os. 

Je sais que votre cas est différent, vous voyez vos amis, vous leur parlez, mais faites attention, les amis sont le bien le plus précieux que l'on a. Et, s'ils sont vraiment fidèles, n'ayez pas peur de vous confiez, ils vont aiderons, j'en suis persuadée. Vos amis ont l'air formidable Morgan, je suis rassurée de voir que vous n'êtes pas seul pour traverser les tempêtes de la vie. 

N'oubliez pas, le monde entier n'est pas contre vous, certains bons inconnus vous tendent la main sans arrière pensées,

Sylvie.

Morgan.e.Donde viven las historias. Descúbrelo ahora