Lettre 18

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15 juillet

Morgan(e),

Cela fait maintenant plus de deux mois que nos rendez-vous hebdomadaires ont commencé et je dois dire que jamais je ne me serais attendue à cela. La première fois que tu m'as proposé une rencontre, « Chez Jean », je ne pensais clairement pas venir. Tu n'étais qu'une personne avec qui j'aimais correspondre et je ne m'attendais pas a ce que nos échanges deviennent réels.

Et pourtant, ce 12 mai, je ne voulais pas me rendre dans ce café, j'avais prévu de rester chez moi. Mais, il faisait beau, alors je suis allée me promener dehors, flâner dans les rues. Et mes pas m'ont conduit devant la boutique. Je me suis arrêtée et je me suis revue, jeune, tous mes souvenirs sont remontés à la surface. Et j'ai compris une chose, la vie est trop courte pour avoir des regrets. Alors, j'ai poussé la porte, la cloche a retentit à mon passage et j'ai commencé à regarder attentivement les clients présents.

Et tu étais là, à côté du mur du souvenir, songeur face à tous ces visages d'inconnus. Exactement comme tu l'as dis dans ta lettre, magnifique avec le vernis à ongle rouge au bout de tes doigts que tu faisais courir sur la table. J'ai su que c'était tout et toi aussi je pense que tu as tout de suite compris qui j'étais. Et c'est là que tout à commencé.

Il y a tout de suite eu ce petit quelque chose qui est passé entre nous. Et cet après-midi de mai à été le début de nos longues conversations autour d'un rafraîchissement de « Chez Jean. ». Et j'ai été témoin de ton évolution au courant des semaines, j'ai vu que tu apprenais à faire ton deuil, et même si ce n'est pas le plus facile tu as aussi réappris à t'aimer un minimum, tu es maintenant en chemin pour t'accepter totalement.

Pour ma part, bien qu'il est vrai je ne t'en ai jamais parlé, tu m'as apporté beaucoup. Chaque fois que nous sommes assis l'un en face de l'autre, à débattre de quelque chose, je ne te vois pas comme un adolescent comme un autre, je t'imagine comme mon enfant. L'enfant que je n'ai jamais eu mais qui est dans mon cœur, cet enfant qui n'a pas de nom ni même de sexe, et que tu incarne à la perfection. Et sans pour autant l'oublier, tu as comblé le vide qu'il avait créé il y a des années.

Et c'est pourquoi je te propose de m'accompagner au vacances, j'ai loué une maison dans le sud, on y sera bien. Et tu pourrais peut-être emmener le petite urne dont tu m'as parlé. Celle qui contient les cendres de Metias, là-bas, il y a un rocher qui surplombe la mer, tu m'as un jour dis que tu voulais un bel endroit pour le laisser. Il me semble que ce lieu serait parfait. A toi de me dire.

Sylvie.


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