Lettre 12

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20 mars 2018

Morgan.e,

Merci pour votre lettre. Il est souvent dur de se confier. Pourtant,vous avez réussi à me faire suffisamment confiance pour me confier votre histoire. J'espère que cela vous aura fait du bien, de coucher vos maux sur le papier.

Je pense, que je dois à mon tour me dévoiler, parce qu'après tout la confiance est quelque chose de mutuel.

Comme je vous l'ai déjà dis, j'ai perdu un être cher. Un être pour lequel j'étais prête à donner ma vie, à sacrifier mon innocence et à tâcher mon image. Parce qu'il était tout pour moi. Il était le fruit d'un amour pour lequel j'avais tout donner sans que l'on ne me donne rien d'autre que lui en échange. Il était et est le seul qui n'ai jamais occupé cette place dans mon cœur et dans mon corps. Il n'y a que lui pour lequel je pleure encore chaque jour avec ce regret infini de ne pas avoir pu le protéger assez. Il est le seul auquel je pense en regardant tous ces gens défiler dans la rue. Il est le seul à occuper mes pensées du matin au soir et à hanter mes rêves la nuit. Il est le seul pour qui j'aurais pu éprouver ce sentiment si humain d'amour maternelle. Et malgré tout cela, il n'a pas de nom.

Il n'a pas du nom, ou il n'en n'a plus. Parce que son nom n'a jamais exister. Parce qu'il n'a jamais exister. Il n'a pas eu la chance de découvrir les joies et les souffrances de ce monde. Il n'a pas eu la chance d'apprendre à marcher. Il n'a pas eu la chance de se faire des amis. Il n'a pas eu la chance d'aller à l'école. Il n'a pas eu la chance de respirer.

Cet être, je n'ai jamais pu le serrer dans mes bras, et c'est l'un des plus grands regret de ma vie. Pour autant, je l'aime. Ce il, qui aurait aussi bien pu être un elle, c'était mon enfant. Et on me l'a retiré. On m'a retiré ce droit que l'on laisse même aux animaux, on m'a enlevé ma progéniture. Aujourd'hui encore j'en souffre.

J'en souffre parce que je culpabilise. Je culpabilise de ne pas avoir fuit pour le protéger. Et ça me ronge, ça me consume de l'intérieur, mais ça ne m'achèvera pas. Parce que j'ai réussi malgré tout à ne pas me laisser abattre. Maintenant, je vis pour nous deux.

N'oubliez pas Morgan.e, ils auraient voulu qu'on soit heureux.

Sylvie

Morgan.e.Where stories live. Discover now