Prologue

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Hébétée, je regarde, sans le voir, le téléphone que je tiens toujours dans la main. Son écran noir, son silence obsédant me narguent et me renvoient en pleine figure l'erreur que je viens de commettre.

Mais qu'est-ce qu'il m'a pris ? Pourquoi ai-je dis ça ? J'ai perdu l'esprit ce n'est pas possible autrement !

Obsédantes, les questions tournent dans ma tête comme des fauves en cage, sans qu'un embryon de réponse ne me vienne à l'esprit. Alors, je me refais mentalement le déroulement de cette soirée, avant que tout ne vire au cauchemar.

Il était tard quand je suis rentrée du travail, harassée, énervée par un chef tatillon qui voulait absolument des chiffres pour ses statistiques. Un mal de crâne lancinant, qu'aucun cachet ne soulageait, me vrillait les tempes depuis quelques heures déjà.

Une seule envie me motivait à avancer : prendre un bon bain avant de me détendre sur le canapé avec une boisson chaude tout en écoutant un peu de musique douce. J'avais besoin de calme et de sérénité pour décompresser de cette journée éprouvante.

Sitôt la porte fermée, j'ai envoyé valser chaussures et vêtements trop serrés, enclenché la sono, préparé une ambiance feutrée, propice à la relaxation. J'étais déjà nue, les cheveux relevés en un chignon lâche, prête à me glisser dans l'eau brûlante, et hésitant encore entre différents savons.

Que mon portable sonne à ce moment précis m'a prodigieusement agacée. Sans même regarder qui m'appelait, je maudissais déjà mon interlocuteur, tant j'avais envie de calme. Pourtant, j'ai décroché. Pour me liquéfier aussitôt en entendant Sa voix.

Instantanément, mon sexe est devenu moite, ma respiration plus rapide. Rien qu'en l'entendant, mon cœur s'est emballé plus vite qu'un cheval au galop. C'est dingue l'effet qu'Il a sur moi, sur mon corps. Je ne le comprends toujours pas moi-même.

Tremblante, je L'ai écouté me dire – m'ordonner serait plus juste – ce qu'Il voulait que je porte comme tenue pour L'accueillir dans quelques heures, et ce que je devais préparer pour la séance qu'Il avait prévue.

Que s'est-il passé dans ma tête à ce moment-là, je pense que je ne le saurai jamais. Mais, plutôt que de lui expliquer mon état de fatigue, excuse qu'Il aurait parfaitement comprise, et admise, je Lui ai répondu « Non ».

« Non ». Un mot. Un seul tout petit mot. Net, précis, concis. Qui ne permet aucune contestation, aucune argumentation. C'est la première fois que je refusais aussi catégoriquement un de Ses ordres. Et à l'instant où ce mot franchissait mes lèvres, j'ai su.

J'ai su que ce n'était pas ce qu'il fallait dire. Que ce n'était pas la bonne façon de le dire. Que ce n'était surtout pas la chose à Lui dire. Mais il était trop tard, le mot avait franchi mes lèvres, sans possibilité de le reprendre. Il y a eu un blanc. Un blanc qui m'a semblé durer une éternité.

J'ai bredouillé, bafouillé, tenté d'expliquer ce « Non », qui n'aurait pas du être. Mais je parlais dans le vide. Il avait raccroché. Sans une parole, sans un reproche. Rien que Son silence. Un silence qui maintenant me fait peur. Plus peur que Sa colère.

Machinalement, je pose le téléphone sur la table, attendant vainement qu'il sonne. Qu'il sonne pour que je puisse de nouveau entendre Sa voix. Qu'il sonne pour qu'Il m'informe de la punition qui m'attend pour m'être montrée aussi insolente envers Lui. On ne dit pas « Non », impunément, à son Maître.

Je tourne en rond dans le salon, éteins la musique qui maintenant m'oppresse. Une envie furieuse de L'appeler me taraude, mais je sais que je ne dois pas. Ne jamais Le joindre sauf en cas d'urgence. La situation actuelle est-elle une urgence ?

Assise sur le canapé, j'implore l'appareil d'émettre un son. Ma peur enfle. Mon ventre se noue. Ma respiration devient désordonnée. J'ai froid, j'ai chaud, je tremble. Sur mes joues, mes larmes roulent silencieusement. Un sentiment d'abandon m'envahit peu à peu.

Ce n'est pas possible de tout perdre suite à un simple mot. Que tout ce que nous avons vécu, partagé, expérimenté s'arrête aussi brutalement. Je ne suis pas prête pour cette rupture. Je ne le serais jamais. Surtout pas de cette façon.

Je reprends le téléphone, que je serre fort contre moi. Roulée en boule, j'attends. J'attends qu'Il m'appelle. Je ferme les yeux, tente de calmer la douleur qui résonne dans mon âme. Dans le silence de l'appartement, je me remémore ma longue quête, parsemée d'embûches.

Mon bonheur quand je L'ai enfin trouvé, et qu'Il a acceptée de me prendre sous Sa domination, pour me guider et m'éduquer dans cette sexualité si éprouvante, si difficile mais, Ô combien épanouissante.

Je me souviens...

Insolente...Where stories live. Discover now