La rencontre

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Je me souviens...

Dire que j'ai eu peur aurait été un euphémisme bien en dessous de la réalité. J'étais tout simplement terrifiée à l'idée de Le rencontrer. Tout ce que je connaissais de Sa vie, c'est Lui qui me l'avait raconté. Je ne savais même pas à quoi Il ressemblait physiquement.

Suite à une description succincte, je savais qu'Il mesurait 1m92, qu'Il avait les cheveux poivre et sel de la cinquantaine, et que Son corps qu'Il entretenait dans un club, était tatoué. Jamais Il ne m'avait envoyé de photo, ni allumé sa webcam.

C'était peu pour avoir une idée précise. Pourtant cela me suffisait. Sa voix chaude me caressait, Ses mots imagés m'envoûtaient, Ses promesses de plaisirs inédits m'enivraient. J'avais tellement hâte, tout en le redoutant quand même un peu.

Il aurait pu vouloir rester masquer durant ce premier contact que cela ne m'aurait pas dérangé. Surtout s'Il réalisait tout de ce qu'Il m'avait annoncé. Mais même si c'était juste une infime partie, Il ferait de moi la femme la plus heureuse.

A la porte de Sa maison, j'hésitai à appuyer sur le bouton de la sonnette, des doutes revenant dans mon esprit. Et si c'était un pervers qui allait me torturer ? Un marchand d'esclaves qui me vendrait comme jouet sexuel ?

Les idées les plus folles me traversèrent l'esprit à la vitesse de la lumière. Je me rendis compte que je n'avais prévenu personne de l'endroit où je serais durant ce week-end. S'il m'arrivait quoique ce soit, nul ne s'inquiéterait avant lundi. Intérieurement, je me traitais d'idiote.

Prenant une longue inspiration pour calmer les battements erratiques de mon cœur, je me décidai à sonner, la curiosité l'emportant sur la peur. La porte s'ouvrit automatiquement. Je la poussai, toujours un peu craintive, mais déterminée dans mon choix.

A petits pas, je pénétrai dans un grand hall sombre et vide. Très intimidée, j'avançai en retenant ma respiration, prête à fuir en cas de danger, quand je L'entendis m'inviter à avancer jusqu'à la deuxième porte sur ma gauche.

La pièce était un salon spacieux, qu'une grande baie vitrée rendait lumineux. Sur la droite, une table avec des chaises, et derrière, une cuisine américaine. Le côté gauche m'était masquée par la porte. Lentement, j'entrai plus avant. Et je Le vis.

Assis dans un fauteuil, Il m'observait, me détaillait. Sous Son regard pénétrant, je me sentis gauche, aussi maladroite qu'un faon nouveau né. Le sang bourdonnait à mes oreilles, tellement mon cœur battait à tout rompre.

J'étais là, devant Lui, hypnotisée telle une petite souris devant un serpent qui serait prêt à fondre sur elle. Lui, nonchalant, un verre à la main, continuait de m'étudier de Ses yeux bleus aciers qui me transpercèrent jusqu'à l'âme.

De Sa voix chaude, sensuelle, mais autoritaire, Il m'invita à me mettre à l'aise. Je rougis, baissai les yeux, me débattant avec la ceinture de mon imper. Quand enfin, je réussis à défaire le nœud, Il était debout devant moi.

Silencieux, Il ôta les boutons, un à un, entrouvrant les pans, dévoilant mon corps dévêtu, comme Il me l'avait ordonnée : nue sous mon imper, avec seulement des escarpins à talons hauts. Il fit glisser le tissu sur mes épaules, le laissant choir à mes pieds.

Ses doigts effleurèrent la peau de mes bras. Je frémis de ce léger contact. Tant bien que mal, j'essayais de contrôler ma respiration, mais rien n'y faisait. Ma poitrine se soulevait à un rythme fou, trahissant mon émotion.

Me tenant par la main, Il me fit avancer jusque devant une cheminée dans laquelle un bon feu réchauffait agréablement la pièce. Appuyant doucement mais fermement sur mes épaules, Il m'agenouilla devant Lui.

En quelques gestes simples et efficaces, Il rectifia ma position. Le dos bien droit, les épaules en arrières projetant mes seins vers Lui, les genoux écartés offrant mon intimité déjà luisante de désir, mes mains posées sur mes genoux, paumes tournées vers le haut.

J'avais envie qu'Il me touche, qu'Il me caresse, qu'Il me prenne. Je voulais qu'Il me donne des orgasmes en cascade, qu'Il me fasse jouir comme jamais je n'avais joui avant. Je voulais tout ce qu'Il m'avait promis. Mais rien de tout cela n'arriva.

Il me parla longuement de ce qu'Il attendait de cette relation particulière, de ce qu'Il pouvait m'apporter, de ce qu'Il voulait de moi. Il m'expliqua Sa vision de la domination, comment Il comptait m'enseigner cette philosophie de vie.

Pour Lui, éduquer une soumise, c'était d'abord l'amener à accepter l'autorité du Dominant, à lui faire confiance pour qu'elle s'abandonne entièrement. Il la conduisait à gommer certains traits négatifs de son caractère, tels que l'impétuosité ou la jalousie, qui sont des freins à l'épanouissement.

Mais c'était aussi stimuler sa volonté, sa détermination, sa ténacité dans l'effort à vouloir obéir et satisfaire son Maître. Une soumission totale à l'autorité permettait de développer la sensualité, la sexualité, l'assurance de la soumise en elle, en ce qu'elle était en tant que femme.

Il ne me demandait pas grand-chose en retour. Je devais juste Lui accorder ma confiance. Une confiance aveugle, entière, sans aucune retenue. Une confiance inconditionnelle, absolue. Quel que soit ce qu'Il m'ordonnerait de faire

Même si cela me paraissait étrange, choquant, inquiétant, je devais toujours garder à l'esprit que tout tendrait vers un seul et unique but : me rendre plus forte et indépendante dans ma vie de tous les jours.

Si je parvenais à Lui offrir mon âme, Il m'aiderait alors à me dépasser, à repousser les limites psychologiques qui m'entravaient et m'empêchaient de connaître la jouissance ultime. Il ferait voler en éclat mes tabous liés à mon éducation, à la morale.

À l'instant même où je L'avais vu, ma décision était prise. Son discours ne fit que la renforcer : je resterais avec Lui tout le week-end. Ses mots captivants ne firent qu'accroître l'envie que j'avais de m'aventurer avec Lui sur ces chemins tortueux.

Je le désirais tellement que mon sexe était moite, ma poitrine gonflée et tendue au point d'en avoir mal. Comme Il avait pu s'en apercevoir, mon corps Lui avait déjà donné ma réponse, mais Il tenait à l'entendre expressément de ma bouche.

Depuis cette soirée, cette envie ne m'a pas quittée. De penser à Lui, mon entrejambe est de nouveau humide. Mais aujourd'hui, ce sont surtout mes joues qui sont trempées. Trempées de mes larmes qui coulent sans discontinuer.

Parce que je n'ai pas su contrôler mon impulsivité, j'ai peut-être bêtement tout perdu. Alors, je pleure sans bruit, nue, recroquevillée sur le canapé. Je n'ai même pas été cherché un plaid pour me couvrir.

Mes souvenirs affluent, par vague, sans ordre précis, me montrant les petits moments de bonheurs passés qu'Il m'a accordée. Les connaîtrais-je encore ? Sera-t-Il là pour m'accompagner dans cette quête des plaisirs raffinés ? Lui seul sait si bien calmer mes peurs, et m'encourager à me dépasser, encore et toujours.

Pourquoi il n'appelle pas ?

Insolente...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant