Miss Adelaïde

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Constance

En rentrant ce soir là, Aimé m'a emmené boire une tisane devant le feu pendant qu'Eugenie dormait. Nous nous sommes jetés l'un sur l'autre, enfin c'est plutôt moi qui ai tout naturellement fait glisser mon shorty facon "the full monty" de sous ma robe et me suis assise sur ses genoux, face à lui. On était en partie habillés, peureux d'être surpris mais terriblement excités. Jamais l'instant tisane n'aura été aussi fantasmant. Et quand, en pleine nuit, j'ai sursauté en m'écriant que j'avais oublié ma pilule, Aimé m'a retenu contre lui et m'a chuchoté au creux de l'oreille "tant mieux" je suis restée interdite et l'ai fait répéter.

— Je veux être avec toi ma chérie, j'irais où tu voudras aller. Ce soir j'en ai eu la certitude : je te veux toi et une famille.

Je frissonne et l'embrasse à perdre haleine.

— Mais on se connait à peine.

— Je te connais bien mieux que certaines de mes ex après des années de relations et j'ai envie que ce soit toi la mère de mes futurs enfants. Et si tu ne peux pas en avoir, je vivrais très bien sans également. Je te veux toi avec ou sans bonus.

Une pensée féministe me parasite un infime moment, et pourquoi ce serait moi qui serait stérile d'abord ?
En reprenant mes esprits, je me lève et lui chuchote.

— On en reparle dans six mois.

Je vois son sourire s'étirer et demeurer sur son visage le temps qu'il s'endorme de nouveau. Alors que je farfouille dans la salle de bain, j'entends Eugénie sangloter. Inquiète, je resserre les pans de mon gilet et tâtonne dans le couloir pour la rejoindre. La veilleuse me guide jusqu'à la petite princesse.

— Qu'est-ce qu'il y a ma puce ?

Je m'approche et m'assois sur le bord de son lit mais elle m'ouvre son lit en grand pour que je m'y glisse.

— Tu peux garder un secret ?

Je hoche la tête et attends qu'elle cesse de pleurer pour me parler.

— Je ne veux pas partir demain.

J'adore les secrets d'enfants, ils sont si limpides.

— Mais tu vas revenir dans moins de deux semaines !

Elle renifle et ajoute.

— Je voulais qu'Aimé soit mon parrain pour le revoir pour toujours ! Et maman était contre pour ne pas l'embêter. Mais elle a accepté car elle a reçu une gentille lettre qui disait qu'Aimé était triste.

Petite chérie, c'est trop mignon !

— Oui mon coeur, il t'aime beaucoup.

— Et comme ça je ne serais jamais seule.

— Mais non, bien sûr que tu ne seras jamais seule. Et puis tu as ta maman !

Eugénie me dévisage à quelques centimètres de mon visage et souffle, entendue.

— Ben non, maman ne sera pas toujours là.

— Pourquoi tu dis ça m'a puce ?

— La maman de mon amoureux est morte le jour de la rentrée !

Je serre les lèvres, si petite et déjà confrontée à la dure réalité de la vie.

— Tu sais cela n'arrive pas tout le temps, c'est rare, ta maman à toi est en bonne santé !

Tout ça pour ça (terminée)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora