Chapitre 7

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-         Et puis ? Demanda Jenny en la voyant arriver. Avec qui fais-tu équipe ?

-         Je ne le connais pas, mentit Morgane. Je crois que je vais faire une petite sieste en attendant le repas.

-         D'accord, on reviendra te chercher.

Les filles la laissèrent seule, alors et elle s'étendit sur son lit. Elle avait pris celui du bas car le chalet comprenait deux lits superposés.

Morgane avait dû s'endormir, car elle se réveilla tandis que Geneviève la secouait.

-         Pourquoi ne nous as-tu pas dit que tu faisais équipe avec Jasper ? lui reprocha-t-elle. Il vient de nous dire ça.

-         J'espérais pouvoir changer de coéquipier, marmonna Morgane, encore endormie.

-         Il est trop tard, répondit Corinne. Pourquoi ne veux-tu pas être avec lui ? Ce sera un bon professeur. C'est le plus expérimenté du camp.

-         Disons qu'on s'est un peu insulté tout à l'heure, répondit Morgane.

-         Qu'est-ce que vous vous êtes dis ?

-         Peu importe. Ce n'était pas très gentil.

Corinne et Geneviève grimacèrent.

-          Je crois que tu devrais essayer de lui reparler, proposa Corinne.

-         Il est rancunier, leur dit Geneviève. Je crois que tu viens de te faire un ennemi, et ce n'est pas une bonne chose.

-         Pourquoi ?

-         Parce que Jasper peut t'en faire voir de toutes les couleurs. C'est lui qui fait la loi ici, après les moniteurs, bien sûr. Il aura dix-huit ans à la fin de l'été et ça fait sept ans qu'il vient ici. L'an prochain, il s'inscrira probablement comme moniteur.

-         Qu'est-ce qu'il pourrait bien me faire ?

-         Il pourrait te faire renvoyer. Il y a plusieurs gars qui sont partis l'an dernier et il avait toujours quelque chose à voir là-dedans.

-         Et tu n'aurais pas pu me le dire avant que je l'insulte ?

-         Désolée.

Morgane soupira.

-         Quoique me faire expulser réglerait mes problèmes, ajouta-t-elle. Je vais peut-être l'embêter, après tout !

Elles éclatèrent de rire.

-         Essaie quand même de lui parler, proposa Corinne. Il est au feu de camp. Tu devrais venir avec nous.

-         Je ne sais pas. Je n'ai pas très envie de le revoir.

-         Allez, il ne va pas te mordre.

-         Espérons-le, soupira Morgane en se levant.

Elles allèrent rejoindre les autres au feu de camp. Ils étaient une soixantaine. Certains dansaient et d'autres discutaient ensemble.

Morgane resta sur ses gardes jusqu'au moment où Corinne lui suggéra de se détendre. Elle ne vit pas Jasper tout de suite.

Ses nouvelles copines s'assirent sur un tronc d'arbre couché et discutèrent ensemble. Elle entrevit finalement Jasper en grande conversation avec ses amis. Il ne semblait pas l'avoir remarquée.

Morgane se leva :

-         Je crois que je vais y aller, annonça-t-elle aux filles.

-         Déjà ? S'étonna Jenny. Tu viens à peine d'arriver. Maxime n'a même pas encore commencé à jouer de la guitare. Tu devrais rester, il est vraiment bon.

-         Et puis, tu n'as pas encore discuté avec Jasper, souffla Corinne.

-         Que veux-tu que je lui dise ? Chaque fois qu'on se parle, ça finit mal.

-         Peut-être que c'est la fille à qui il parle qui le fait se comporter ainsi, dit une voix dans son dos.

Morgane se sentit piquer un fard. Les filles se plaquèrent la main sur la bouche pour se retenir de rire.

-         Merci les filles de m'avoir avertie. Je vois vraiment la solidarité féminine.

-         Désolées, dirent-elles en se levant, la laissant seule avec Jasper.

Morgane ne s'était pas retournée. Elle fixait le feu avec attention.

-         Pourquoi tu ne m'as pas dit qu'on était partenaire de pêche tout à l'heure ? lui demanda-t-il en s'asseyant à côté d'elle.

-         Je ne voulais pas gâcher ta journée, répondit-elle.

-         Peut-être pas.

-         Ne me mens pas. Je nous ai envoyés dans l'eau tout à l'heure.

-         C'était plutôt divertissant.

-         Peut-être pour toi. Je crois que je vais rester sur le quai à l'avenir. Tu iras pêcher seul.

-         Les moniteurs ont été bien clairs. Ils veulent qu'on reste avec notre coéquipier peut importe ce qui se passe. Et arrête d'être aussi désagréable. J'essaie juste de t'aider.

-         Je n'ai pas besoin d'aide.

Bon, peut-être que si, mais elle n'oserait jamais l'avouer.

-         Je veux te montrer qu'il n'y a rien de dangereux sur ce lac.

-         Et que vas-tu faire pour m'aider à ne plus avoir peur de l'eau?

-         T'apprendre à nager.

Morgane le regarda avec les yeux ronds.

-         Jamais, répondit-elle.

-         Ce n'est pas aussi pire que ça en a l'air. C'est comme apprendre à faire du vélo.

-         Je ne veux pas entrer dans ce lac. L'eau est glacée, en plus.

-         Ne t'en fais pas avec ça. Demain, j'apporterai de quoi nous tenir au chaud.

Elle le regarda. Nous tenir au chaud ? Mais à quoi pensait-il ?

-         Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

-         C'est la seule solution pour que tu puisses aller pêcher sur ce lac.

Elle soupira, vaincue.

-         Si je meurs noyée, je te jure que je reviendrai te hanter.

Il rit, puis se leva et lui souhaita bonne nuit.

Morgane ne resta pas plus longtemps et s'éclipsa avant que les filles ne viennent lui poser mille et une questions. Elle retourna au chalet malgré la douleur insupportable de sa cheville. Il allait vraiment falloir qu'elle marche moins les jours à venir et elle ne voyait vraiment pas comment elle ferait.

La pêche aux sortilègesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant