Chapitre 39

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Elle s'immobilisa à l'entrée du salon, qui était dévasté. On aurait dit qu'une tornade était passée par là, et celle-ci se prénommait Lila si on se fiait à aux gestes de l'adolescente, qui se tenait au milieu de la pièce, la rage au ventre. Tous les objets décoratifs étaient fracassés par terre, la bibliothèque, renversée, les fauteuils...Tiens tiens ! Erin et Crystal étaient cachées derrière l'un d'eux !

- Ils sont morts ! hurlait Lila.

- Lila, calme-toi, lui disait Jasper. Faire une crise ne les fera pas revenir.

Morgane sentit son cœur louper un battement. Viviana et Guimond avaient trépassé ? Elle en fut peinée, bien qu'elle les ait d'abord détestés de l'avoir enfermée chez eux. Toutefois, ils avaient été des hôtes bienveillants et elle leur était reconnaissante de lui avoir appris qui elle était vraiment.

- Comment peux-tu être aussi calme ? lui cria sa sœur.

- Je ne suis pas calme, je suis aussi peiné que toi, mais il faut se montrer forts et rester unis. Et ce n'est pas en détruisant la maison que ça nous aidera.

Lila baissa les bras et tourna les talons sans ajouter un mot de plus. Quelques minutes plus tard, la porte de sa chambre claqua et tout le monde put respirer de nouveau.

- Ouf ! fit Dave. C'en était moins une !

- Oui, j'ai cru qu'elle allait nous réduire en poussière, ajouta Erin en sortant de sa cachette, suivi par Crystal qui ne faisait pas trop la fière.

- Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ? demanda Daniel. Tes parents sont vraiment morts ?

- D'après Lila, oui, répondit Jasper, dont le sublime visage était affecté par le chagrin.

- Ils vont me manquer, dit Crystal en essuyant une larme. Ils ont été si gentils avec nous !

Tout le monde semblait d'accord. Seule Morgane restait silencieuse. Elle se demandait si les Volmaîtres allaient pouvoir les trouver maintenant que Viviana et Guimond n'étaient plus de ce monde. Elle savait que cette pensée la rendait égoïste, mais elle ne pouvait faire autrement que songer que les prochains seraient peut-être eux...

- Ne t'en fais pas, Morgane, la rassura Jasper, qui lisait dans ses pensées. Ils ne nous trouveront jamais, ici. Mon père s'en est toujours assuré.

- Je l'espère...

Puis, lorsqu'il vit les bandages sur les mains de Morgane, il fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que vous faisiez ? demanda-t-il en s'adressant particulièrement aux jumeaux.

- Nous lui apprenions la boxe en attendant que tu lui apprennes à se dérendre comme tu lui avais promis.

- Bien. Dans ce cas, allons tester ce que tu as appris ? dit Jasper à la concernée.

- Mais...et tes parents ? Tu ne préfères pas attendre un peu le temps de faire ton deuil ?

Il secoua la tête.

- Je préfère me changer les idées et ne pas trop déprimer.

Dave et Daniel échangèrent un regard inquiet qui n'échappa pas à Morgane. De quoi avaient-ils peur ?

- Allons-y, ordonna Jasper. Et vous, essayez de ranger un peu, d'accord ?

Les autres hochèrent la tête et firent immédiatement appel à leurs dons afin de nettoyer le désastre de Lila.

Une fois au sous-sol, Jasper s'empara de Pads et aida Morgane à remettre ses gants. Ensuite, il lui demanda de frapper dans les Pads qu'il tenait. La jeune fille s'exécuta maladroitement.

- Assez ! s'exclama Jasper, après dix minutes. Je n'appelle pas ça se battre, j'appelle ça caqueter. Jamais je n'ai vu aussi peu de force chez une fille  !

Ses paroles firent enrager Morgane.

- Je viens juste de débuter ! s'offusqua-t-elle.

- C'est faux. Tu t'es entraînée toute la matinée avec les jumeaux ! Tu aurais dû savoir au moins comment donner un coup de poing correctement !

Il voulait un coup de poing ? Il allait en avoir un ! Sans crier gare, Morgane visa sa tête, mais il avait dû lire sa pensée, car il esquiva facilement. Avec un petit sourire arrogant, il la défia d'essayer de le toucher, ce qu'elle tenta sans succès. Une demi-heure plus tard, elle était à cran et n'avait plus d'énergie.

- Tu es une petite faiblarde, lui lança un Jasper amusé après qu'elle ait raté une fois de plus sa cible.

- Va au diable ! lui hurla Morgane, hors d'elle.

- Tu peux faire mieux !

Un énième coup plus tard, elle ne répondait plus de rien.

- Je vais t'envoyer rejoindre tes parents ! hurla-t-elle.

Soudain, sans réaliser ce qui venait de se passer, Morgane se retrouva par terre, sur le dos, la joue affreusement douloureuse. Ce n'est qu'après avoir cligné plusieurs fois des yeux qu'elle se rendit compte que Jasper venait de lui envoyer un direct qui l'avait presque mise K.O. Le visage déformé par la fureur, il était penché sur elle.

- Ne reparle plus jamais de mes parents ainsi, la menaça-t-il. J'ai été aimable avec toi depuis le début, mais tu as dépassé les limites.

Sur ce, il la laissa affalée sur le sol comme une vulgaire limace, enleva ses gants et quitta la salle d'entraînement. Morgane se releva en grimaçant et toucha sa joue meurtrie. Jamais Jasper n'avait porté la main sur elle, et bien qu'ils soient en plein combat, il ne l'avait pas touché depuis le début. Elle réalisa qu'elle s'était peut-être un peu trop emportée et que ses mots avaient dépassé sa pensée. Elle voulait juste le menacer puisque ses gestes ne l'atteignaient, mais elle regretta d'avoir évoqué ses parents tout récemment disparus.

- Tu n'es qu'une sotte ! se dit-elle pour elle-même.

Elle décida d'aller s'excuser, mais puisque le jeune homme était probablement très énervé contre elle, elle devrait attendre au lendemain. Pour l'instant, elle s'efforça de ne pas le croiser et alla prendre une douche pour se débarrasser de toute cette sueur.

Lorsqu'elle vit sa joue dans le miroir, elle retint une exclamation de stupeur. La partie du haut avait pris une teinte violette tirant vers le bleu. Elle fouilla dans la pharmacie et trouva une bouteille d'alcool à friction. Elle imbiba un coton-tige et appliqua le liquide sur sa joue, qui se mit à chauffer. Puis, elle entra dans la douche et y resta un long moment.

Lorsqu'elle en sortit, elle se sentait un peu mieux, mais toujours coupable des propos qu'elle avait eus à l'encontre de Jasper. Ce garçon avait le don de la pousser à bout ! Morgane comprit alors le regard qu'avaient échangé les jumeaux avant qu'elle n'aille s'entraîner avec Jasper. La journée avait été mal choisie puisqu'il était affligé par la mort de ses parents. En réalité, il ne voulait que se défouler afin de se changer les idées et l'avait utilisée à cette fin. La culpabilité qu'elle avait ressentie s'amenuisa ; en fait, c'était autant de sa faute à lui. Il lui avait dit des commentaires pas très gentils et elle réalisa qu'il l'avait fait exprès.

Morgane s'habilla en soupirant et se dirigea vers sa chambre, perdue dans ses pensées. Elle se remarqua même pas la personne qui marchait dans le sens contraire et lui fonça littéralement dedans. Un juron lui fit lever les yeux et son cœur manqua un battement lorsque son regard croisa celui qu'elle voulait à tout prix éviter.

La pêche aux sortilègesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant