Chapitre 16

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Ce n'est que deux jours plus tard que Jasper pointa le bout de son nez. Il semblait plus silencieux que d'habitude, quoiqu'il le fût toujours lorsqu'ils pêchaient.

Morgane, quant à elle, se contentait de soupirer en observant ce paysage époustouflant.

Ce jour-là, il lui adressa un simple signe de tête en guise de salut et s'installa dans le canot. La jeune fille fit de même, se demandant si elle devait prendre la parole ou non. Qu'avait-elle fait pour qu'il se comporte ainsi avec elle ? Elle s'ennuyait presque de son comportement insolent.

Ce n'est qu'après une demi-heure de pêche dans le silence le plus total que quelque chose se produisit. La ligne de la canne à pêche de Morgane se mit à tirer.

-         Jasper, s'exclama-t-elle. Ça mord !

-         Roule ta ligne lentement. Maintenant, tire.

Elle s'exécuta et une belle truite apparut au bout de sa ligne.

-         Bravo, lui dit-il. Ta première truite.

Il la décrocha et la mit dans une chaudière. Puis, un ange passa. Ce fut finalement Jasper qui brisa le silence.

-         Au fait, as-tu dit à tes amies que tu avais perdu ton cellulaire ? demanda-t-il.

-         Non, pourquoi ?

-         Ça veut dire qu'il ne te manque pas tellement, dans ce cas.

-         Pas pour l'instant, mais lorsque je retournerai à New York, il m'en faudra un nouveau par ta faute. Et je ne t'ai pas encore pardonné de l'avoir jeté à l'eau.

Il n'ajouta rien. Le canot s'éloignait de plus en plus de la berge et bientôt ils se retrouvèrent bien loin des limites permises.

-         Mais où va-t-ton, à la fin ? Demanda Morgane

-         Il faut que je retourne chez moi. J'ai oublié mon hameçon et c'est mon meilleur.

-         Mais c'est hors limite. Je pourrais me faire expulser.

-         Vois-tu quelqu'un d'autre que nous ?

-         Non.

-         Alors personne ne le saura.

-         Ta maison est loin, remarqua-t-elle. Tu fais le trajet chaque jour ?

-         Oui, mais lorsqu'il fait noir, je passe par la route, sinon je ne verrais pas où je vais.

Ils accostèrent. Jasper débarqua aussitôt, mais Morgane resta dans le canot.

-         Tu viens ? Lui demanda-t-il.

-         Je crois que je vais t'attendre ici, répondit-elle.

-         C'est comme tu veux, mais hier, j'ai vu un ours rôder dans le coin.

Morgane débarqua aussitôt et le suivit. Ils marchèrent environ dix minutes, puis la maison se dressa enfin devant eux. En fait, ce n'était pas une maison ; c'était un manoir. Il était immense. Il y avait des arbres tout autour, une piscine à l'arrière, un jardin et une partie tout en gazon avec de petites clôtures se dressant au milieu. Il y avait également trois garages collés à la maison et plusieurs petits bâtiments autour. Pourtant, la maison avait l'air désert.

-         Wow ! S'exclama Morgane. Tu vis dans un château.

-         Si on veut. Pour l'instant, il n'y a que moi. Mes parents sont partis et reviennent dans deux jours.

-         Je trouve que c'est sinistre.

Peut-être était-ce le fait que le manoir était en pierre grise et que le soleil ne traversait pas les arbres.

-         Ouais, c'est l'inconvénient à habiter en forêt. Viens, mes hameçons sont dans le garage là-bas. Tu vas voir, j'en fais presque une collection, j'aime beaucoup pêcher.

-         Nous ne devrions pas trop tarder.

-         Ça ne prendra qu'une minute.

Le garage était un genre de grange un peu à l'écart de la maison

-         Ici, c'est mon coin, dit Jasper. Mes parents utilisent les garages plus propres pour leurs automobiles.

Jasper lui ouvrit la porte et Morgane fut surprise de voir le mur plein de matériel de pêche.

-         Wow ! Tu as toute qu'une collection ! s'exclama-t-elle.

Soudain, la porte claqua derrière elle et elle fit un saut.

-         Jasper, s'écria-t-elle. Qu'est-ce qui se passe ?

-         Désolé, Morgane. Le vent a fait fermer la porte. Attends une minute, j'essaie de l'ouvrir.

-         Dépêche-toi !

Elle l'entendit tirer la porte mais elle ne bougea pas.

-         Elle est coincée, déclara-t-il. Ne bouge pas, je vais chercher quelque chose pour l'ouvrir.

Elle l'entendit s'éloigner.

Quel manque de chance ! Elle aurait dû rester dans le canot. Elle se retrouvait seule dans une grange sombre pour seule compagnie du matériel de pêche. Elle observa de façon plus approfondie autour d'elle. Il y avait des meubles recouvert de draps et de la paille au sol.

-         Jasper ? Tu es là ?

Elle n'eut aucune réponse et commença à paniquer.

-         Jasper !

Elle poussa sur la porte, mais rien à faire.

-         Mais qu'est-ce que c'est que ça ?

Par la fente de la porte, elle vit un loquet. La porte était barrée de l'extérieur.

Elle eut un petit rire. C'était seulement le loquet qui retenait la porte. Lorsqu'il reviendrait, elle lui ferait part de cela. Il allait en rire lui aussi.

Morgane attendit et regarda sa montre. Il était parti depuis maintenant 30 minutes. Les minutes passèrent et Morgane commença à ne plus trouver ça drôle. Elle appela le garçon une énième fois et n'eut pas plus de réponse.

Tout d'un coup, elle eut une mauvaise intuition. Et s'il l'avait enfermé dans cette grange exprès ? Après tout, il n'y avait pas de vent aujourd'hui. Et s'il avait lui-même tirer le loquet ?

« Tu te fais des idées » se dit-elle. Jasper est quelqu'un de bien. Il t'a sauvé la vie.

Mais plus le temps passait, et plus ses doutes revenaient.

La pêche aux sortilègesWhere stories live. Discover now