CHAPITRE 4.2 - Elly - L'Hôtel

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L'homme la fit sortir du cabanon sans un mot et s'engagea sur le sentier envahi par les mauvaises herbes. Il marchait à grandes enjambées et la jeune fille peinait à le suivre. Ils traversèrent le jardin à l'abandon jusqu'à la cour de l'Hôtel, où il se retourna vers elle et la regarda droit dans les yeux.

— Il y a quelques règles à suivre ici. Premièrement, personne ne sort de l'enceinte sans autorisation. C'est extrêmement important. Me suis-je bien fait comprendre ?

— Oui Monsieur.

— Deuxio, on ne sort pas du bâtiment après le couvre-feu, surtout avec de la lumière.

— D'accord.

Il jeta un coup d'œil sur le sac qu'elle tenait serré contre elle.

— Ce sont toutes tes affaires ?

— Oui...

— Bon. Suis-moi, maintenant.

Il se remit à marcher pour contourner le bâtiment comme elle l'avait fait quelques temps auparavant et elle dut trottiner pour rester à sa hauteur. L'homme guida Elly vers la même porte de bois défoncée par laquelle elle était entrée quelques heures plus tôt. Il la poussa et pénétra à l'intérieur du bâtiment. Elly le suivait de près, de peur de le perdre. Il s'avança jusqu'à une petite volée d'escaliers cachée derrière une porte et jeta un coup d'œil derrière son épaule pour s'assurer que la jeune fille était toujours là.

— Prends toujours les escaliers de service, jamais le principal, c'est compris ?

Elly acquiesça, un peu perplexe. Ils gravirent ainsi plusieurs étages, jusqu'au quatrième.

— Je t'interdis formellement de t'aventurer dans les étages inférieurs, ajouta l'homme d'un ton sévère en poussant la porte du quatrième étage. Ici, c'est l'étage commun, dit-il rapidement, sans sortir du sas d'escaliers.

Elly jeta un œil dans le couloir obscur. Elle put tout juste discerner l'épais rideau couvrant la fenêtre la plus proche avant que Kyros ne reprenne son ascension. Il la mena ainsi jusqu'au sixième et dernier étage où il s'engagea dans un petit couloir, aussi sombre que le précédent. Il attrapa un bocal sur une étagère, le secoua vigoureusement et attendit quelques secondes. A l'intérieur s'allumèrent peu à peu une myriade de minuscules petites algues bioluminescentes, réveillées par l'agitation de l'eau. Bientôt, le bocal répandit une douce lueur verdâtre, tout à fait suffisante pour éclairer les lieux. 

A mesure qu'ils marchaient à travers le couloir, quelques portes s'ouvrirent à gauche et à droite, et des têtes endormies mais curieuses apparurent dans les embrasures. Elly en fut horrifiée. Tellement de gens... Des gens partout... 

Les gens sont méchants. Les gens sont méchants. Les gens sont méchants... 

Jamais les mots de ses parents n'avaient résonné plus fort dans sa tête. Elle avait l'impression qu'elle allait exploser.

— Tout le monde retourne dans ses quartiers, grogna Kyros. Immédiatement !

Les portes se refermèrent aussitôt. Il prit à gauche au fond du couloir et ouvrit une porte marquée du numéro dix-neuf. La chambre était plongée dans le noir, mais quelques rayons de lune perçaient à travers les volets, révélant un lit, une commode, une petite armoire et une chaise.

— Tous les soirs, tu fermeras les rideaux et les volets si tu allumes la lumière, c'est compris ?

— Oui.

Il jeta un coup d'œil autour de lui.

— Il y a du linge dans l'armoire. Si tu as froid la nuit, tu as une autre couverture ici, ajouta-t-il en sortant un paquet de sous le lit. Ça ira ?

Elly hocha la tête.

— La salle de bain est attenante, derrière cette porte. N'utilise pas trop d'eau.

Sur ce, il sortit, laissant la jeune fille seule. Elle s'assit doucement sur le lit, encore sous le choc.

Et maintenant quoi ?

Les Bannis - Tome 1; Les premières pierresWhere stories live. Discover now