Jour 14 : Procès.

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Le lendemain.

Aujourd'hui était le grand jour, je n'aimais pas spécialement le tribunal, car cela me rappelait le fait que j'avais reçu une injustice. Nate m'avait dit que mon frère avait déposé mes preuves pour ce procès pour montrer que ce n'était pas la seule.

Je ne comprenais pas pourquoi il ne m'avait pas contactée. Il me manque et aujourd'hui allait être la première fois que j'allais voir mon frère exercer son vrai travail. Cela me faisait bizarre de penser cela, car quand je vivais encore à Séoul, il n'était qu'un simple voyageur de passage, pauvre, sans toit alors qu'en vrai, c'est un avocat accompli qui a réussi sa vie et qui va bientôt se marier.

Je ne savais pas si j'allais assister à son mariage, je n'étais plus sûre de rien, mais tout ce que je savais, c'était que j'allais changer ma vie, une nouvelle fois après ce procès. Mon frère m'avait toujours défini comme un papillon. Impossible de mettre en cage, toujours ce besoin de liberté.

Je savais que ma vie était beaucoup trop tourmentée pour une fille de mon âge. J'allais bientôt sur ma trentaine cette année, je vais opter pour une vie normale et discrète au moment de la fin de mon témoignage. Il était peut-être temps pour moi de me poser et de trouver une vraie personne sur qui je pourrais compter.

Je ne veux pas être avec des célébrités, car je ne veux plus être sous les feux des projecteurs. Surtout que si c'est pour faire les ragots sur chaque magazine people ou sur internet, non merci ! Cependant, je n'ai jamais regretté d'avoir pu aimer et d'avoir été aimer par eux. Mais maintenant, je ne peux plus me permettre ce genre de fantaisie dans ma vie.

On m'appela à la barre pour témoigner contre l'énergumène. Je m'asseyais sur la chaise qui me faisait face aux avocats des deux partis, dont mon frère. Je le voyais avec un air sérieux tout en me hochant la tête. Je levais la main puis je prêtais serment de ne dire que la vérité avant que ce soit mon frère qui m'interrogea pour le début du procès.

– Bonjour, Mademoiselle Kwon. Merci d'avoir appelé présente à ce procès. Je vais vous poser quelques questions. À quel âge êtes-vous rentrés dans l'agence de Monsieur ?

– À l'âge de treize ans. Je n'étais qu'encore au collège quand je fus acceptée dans cette agence.

– Combien de temps êtes-vous restées dans cette agence ?

– Cinq ans. Après ces cinq ans, j'ai fait un procès pour ce label en Corée du Sud suite à la mort d'une de mes très bonnes amies. Disais-je en retenant un sanglot et en contrôlant ma respiration.

– Je suis désolé.

C'était la première fois que je voyais mon frère agir aussi neutre que ça. Je sais que c'est seulement pour ce procès, mais j'avais l'impression qu'il allait être ainsi avec moi pendant plusieurs années.

Il me posait comme même des questions sensibles, et il gardait son visage impassif, ce qui pouvait me mettre la rage si nous étions en petit comité, ce qui n'était pas le cas actuellement. J'inspirais profondément ainsi que l'expiration pour rester calme.

– Que s'est-il passé pour que vous quittiez cette agence ?

– Objection !

– Objection refusée ! annonçait le juge.

– Et bien... ma dernière année là-bas a été terrible, entre les harcèlements moraux, les abus que cet homme a pu faire sur moi pendant plusieurs mois. Il faisait vraiment attention à ce que je ne tombasse pas enceinte, car évidemment, c'était des rapports non protégés sans consentement d'un parti. Pourtant je n'étais pas partie à ce moment-là, car j'avais ma défunte amie qui était là pour m'épauler. Un soir, pendant que je sortais de l'agence, il m'avait attendue et il m'avait traînée dans une ruelle sombre pour faire ce qu'il avait l'habitude de faire sur moi, c'est-à-dire me violer, cependant, notre agence était en face d'une supérette ouverte 24 h/24 et j'ignorais que mon amie m'attendait pour rentrer ensemble. Elle avait évidemment vu la scène et elle avait décidé d'intervenir pour en mettre un terme, mais...

J'essayais de rester calme malgré les larmes qui coulaient sur mon visage. C'était assez dur de raconter ça devant un public, car je revoyais cette scène comme si c'était hier. J'essuyais mes larmes puis je contrôlais ma respiration avant de reprendre mon récit.

– Mais... j'ignore comment ce soir-là, il avait pu récupérer une arme à feu. Il allait entrer en moi quand mon amie intervenit en le mordant l'oreille par-derrière. Cet homme hurla de douleur et la frappa plusieurs fois violemment, tandis que je venais de tomber par terre, car il avait relâché sa prise sur moi. J'étais paralysée par la peur, j'entendais mon amie hurler, me disant de m'enfuir pour vivre et que pour une fois, c'était elle qui allait me protéger. Moonsik n'aimait pas les femmes bavardes alors il a brandi son arme dans sa direction. Mon instinct d'amie fidèle prit alors le dessus sur ma peur et je mettais mon corps devant celle de mon amie pour la protéger, car j'étais responsable de mon petit groupe. Au lieu de me prendre une balle dans le dos, mon amie nous fit changer de position et elle prit la balle en plein cœur. Elle perdit beaucoup de sang et elle s'était écroulée sur moi. Elle m'avait murmuré ses dernières volontés. Je m'en souviens très bien. « Enfuis-toi... Sukhee... Demande... justice... sois heureuse... je vais maintenant... veiller sur toi... ma vieille amie... »

Je gardais mon calme alors que mon corps me disait l'inverse, il faisait pleurer toutes les larmes de mon corps pour Sanae. On m'apporta plusieurs mouchoirs pour essuyer mes larmes. Mon frère n'avait plus de question alors ce fut le tour de l'avocat de Moonsik.

Je ne pouvais m'empêcher de jeter un regard sur l'expression que prenait cet homme dégoûtant. Je n'arrivais pas y croire, cet homme se foutait complètement de moi, il arborait un grand sourire fier, arrogant et dominateur sur son visage. Son avocat essaya de trouver des questions qui pourraient plaider à la faveur de Moonsik, mais je pris de bien répondre pour ne laisser aucune chance à cet homme tout en disant la vérité.

Lorsque le procès fut ajourné pour la pause déjeuner, je me dépêchais de sortir rapidement de la salle pour rejoindre Nate. Je ne voulais pas voir mon frère, je ne lui en voulais pas d'avoir été insensible dans ces questions, mais actuellement, je ne peux plus le voir. J'attendais toujours des explications de sa part sur le fait de son mariage ou même le fait qu'il m'ignorait.

Mon frère me rattrapa rapidement vers l'extérieur et il m'emmena dans un jardin aménagé, à l'abri des regards. Lorsqu'il s'assura qu'il n'y avait personne, il me prit dans ses bras, mais à un court instant, car je m'étais éloignée, ce qui lui faisait afficher une expression amère.

– Désolé... Ne m'en veux pas... veux-tu...? Je sais que tu es furax sur le fait que je vais me marier, mais je ne suis pas tout jeune je te rappelle !

Je fermais les yeux puis j'inspirais et expirais fortement pour calmer mon calme, mais surtout pour éviter de faire une scène dans un lieu plutôt sérieux.

– Je me fiche que tu vas te marier, je suis heureuse pour moi, mais je crois que la communication ne passe plus. J'aurais voulu que tu me dises progressivement que tu voyais quelqu'un. Je voulais quel genre de femme tu allais épouser, si elle te méritait. Je sais que je t'ai beaucoup monopolisé ces dernières années avec ma carrière de chanteuse, mais maintenant que j'ai témoigné pour ton procès, je vais aussi disparaître de ta vie. J'ai demandé à Nate de supprimer tous mes comptes des réseaux sociaux ainsi que la résiliation de ma carte SIM.

– Sukhee ! Qu'est-ce que tu es en train de faire ?! cria mon frère, énervé contre moi.

– Je suis une gêne pour toi maintenant étant donné que tu vas fonder un foyer, je n'ai plus ma place chez toi, puis je ne me sens plus chez moi. Je vais préparer mes valises, tu devrais profiter de ta pause pour déjeuner avant de reprendre le procès.

Je sentais que mon frère essayait de contenir sa rage, mais ce que je venais de lui annoncer était assez lourd pour se tenir, cependant il savait que j'avais raison. Si je restais chez lui, il risquerait d'avoir des problèmes avec sa femme et aussi que s'il ne mangeait pas maintenant, il n'allait pas tenir pour la suite du procès.

-... On en parlera ce soir.

Je laissais mon frère puis je retournais voir Nate qui avait récupéré les papiers où il y avait un nouveau prénom. C'était une sorte de dérogation pour me permettre de rester en France pour les vacances, études et travaux pendant quelques années avant de retourner en Corée du Sud ou soit si je renouvelle cette dérogation, elle allait me permettre de continuer de vivre en France.

[3/3]Oubliée... [BTS] Tome 03.Where stories live. Discover now