2.History tends to repeat itself

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En y réfléchissant bien, je n'avais jamais été la personne la plus cultivée au monde, puisque j'avais arrêté l'école assez tôt. Je trouvais les cours complètement inutiles. On apprenait souvent des choses qui ne nous ne serviraient jamais. C'était bien mieux de passer sa vie à s'amuser. Je n'avais jamais compris l'intérêt qu'avaient les gens à travailler toute leur vie dans quelque chose de totalement ennuyeux.

Malgré tout, mon élocution, ma logique et mon côté malin avaient toujours été là d'une façon innée, sur ce point-là je n'avais aucun soucis à me faire. Ça venait sûrement de mon père car de ce que je savais, ma mère n'était pas très futée. La logique ainsi que la malice m'étaient bien utiles pour les cambriolages, et je gagnais souvent bien plus que mon ami en volant au passage des objets d'une grande valeur. C'était pour cette raison que Yann m'avait toujours vu décliner ses propositions d'emploi, le vol était bien plus intéressant en terme de rémunération. Ce n'était certes pas très stable, mais je pouvais gagner beaucoup en une seule soirée.

Le seul bijoux volé que j'avais gardé avant la prison avait été une bague, d'une beauté époustouflante. Mais malheureusement, je l'avais dérobée au mauvais endroit, au mauvais moment et à la mauvaise personne. Le jour où j'avais voulu faire ma demande en mariage à Leïa, je m'étais fait arrêter par la police durant la matinée. C'était un souvenir qui me hantait, et je la revoyais encore se faire menotter de force alors qu'elle était innocente. Son regard était froid et dur, mais il était aussi apeuré. Elle avait payé pour mon mensonge, pour ce que je lui avais caché pendant plus de trois ans. Mais au final, notre mariage n'aurait jamais tenu si j'avais continué de lui mentir autant. Elle aurait bien fini par découvrir la vérité ...

Winston m'avait appelé dans la matinée pour me demander de le rejoindre au hangar, ce que j'avais fait sans rechigner. Tant qu'il avait ce que je lui avais demandé, ça me convenait.

— Elle vit toujours ici. Un appartement dans Miami Ouest. C'est pas le truc le mieux loti.

Il avait dit tout ça sans le moindre entrain, ça avait l'air de l'embêter plus qu'autre chose de m'aider. Cinq ans auparavant, notre relation avait mal fini donc toutes ces informations étaient à prendre avec des pincettes. Winston était capabale de m'envoyer entre les barreaux ... Il ne me détestait pas tant que ça, il détestait surtout Leïa. Winston voyait en elle ce qu'était sa femme lorsqu'il avait mon âge. Jamais Leïa et lui ne s'étaient rencontrés, il ne le voulait pas. Pour lui, cette fille était un problème. Elle m'empêchait de vivre ma vie de voleur et dealer en toute tranquillité.

— Quoi d'autre ? demandai-je, me doutant qu'il en savait plus.

— Elle a une soirée en fin de semaine, dans une boîte. Pour l'anniversaire de sa patronne.

— Comment tu sais ça ? Tu lui as parlé ?

Personne ne pouvait en savoir autant en si peu de temps, c'était très suspect.

— Jay, tu me sous-estimes ... Un café, une tête tournée et un petit mouchard, c'est rapide tu sais, soupira-t-il nonchalamment. Bref, reprenons. Elle travaille chez Clara.G et c'est tout ce que je sais.

— Sa patronne c'est... la créatrice de mode ? Vraiment ?

De ce que j'en savais, Leïa n'avait jamais aimé la mode, elle était en médecine et jamais elle n'aurait troqué ses aiguilles médicales pour celle d'une machine à coudre ! Cette nouvelle me faisait légèrement rire, ça n'avait aucun sens. Clara.G était une créatrice assez connue dans le milieu, et me dire qu'elle travaillait pour elle me faisait bizarre. On la disait extrêmement prétentieuse. Pour avoir une place avec cette blonde superficielle, il avait dû falloir en découdre pendant un bon moment. Et puis Leïa n'avait aucune qualification dans le domaine. Comment pouvait-elle travailler aux côtés d'une telle personne ?

En réalité, lorsqu'on était encore ensemble, on ne se voyait pas souvent. La journée elle était en cours, et le soir je partais souvent pour faire mes cambriolages ou pour revendre les objets volés. Quand on se voyait le soir, on profitait de notre soirée différemment qu'en discutant ... En conclusion je ne la connaissais pas vraiment. Peut-être qu'elle dessinait des modèles en cours et que je n'en savais rien.

— Et à ce sujet, si tu veux la revoir, y'a qu'une seule solution.

Il fouilla un peu sur la table en piteux état, avant de sortir du tas de feuilles un dossier qu'il me tendit. Cette table avait bien vécu : du sang, des drogues, des bijoux, des armes et pleins d'autres choses avaient touché ce bois. Mes yeux s'élargirent en lisant la couverture du dossier, et j'osai un rire. Était-il sérieux ?

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'une proposition d'emploi ?

— Apparement tu cherches un job. Ne me demande pas comment je le sais, je le sais c'est tout. Dans la boîte ou elle va, ils cherchent un barman. Et je pense que tu corresponds au profil. Surtout que c'est une demande assez urgente apparement.

Ce gars savait des choses que personne d'autre ne savait, c'était limite flippant. Winston excellait toujours dans son domaine, il était un maître du pistage et des renseignements. Et même si je la lui avais mise à l'envers plusieurs fois en ne le payant pas, il continuait de m'aider. Mais je n'allais pas accepter ça. Il était hors de question que je travaille, en tout cas pas pour le moment.

— Tu sais pourtant que je suis pas du genre à servir des cocktails ... Mais t'inquiète pas, j'ai ma petite idée. Combien je te dois ?

— Rien du tout. Je gagne plus ma vie comme ça.

C'était bizarre. Avant il m'aurait demandé de l'argent, ou de la drogue ... Mais bon sa réponse m'arrangeait puisque je n'avais rien sur moi ... Je le remerciai d'un signe de tête, et le dossier toujours en main, je me dirigeai lentement vers la sortie.

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Mon verre était vide depuis une dizaine de minutes, mais je ne ressentais pas le besoin d'en commander un deuxième. L'alcool avait un goût amer ce soir-là. Pourtant, d'habitude, c'était un de mes péchés mignons quand j'en avais l'opportunité. Je fixais sans arrêt l'entrée de cette discothèque. Les gens faisaient la fête sous les lumières colorées et la musique qui martyrisait mes tympans, sans faire attention au seul gars qui ne profitait pas de la soirée. Mais je n'étais pas venu pour danser, ou pour me saouler. Non, j'étais venu pour elle. Leïa devait avoir beaucoup changé en cinq ans, et pourtant j'étais persuadé qu'au moment où son pied se poserait sur le sol sombre de la boîte de nuit, je le saurais. Un genre d'intuition ou de connexion.

Mon cerveau me poussait à croire que Winston m'avait attiré dans un piège, qu'il voulait me faire perdre mon temps. Tout le monde savait qu'il adorait ce genre de... blagues. Comme beaucoup d'autres, il n'était pas pour ma relation avec Leïa quand celle-ci avait commencé, huit ans auparavant. Pour lui comme pour les autres, c'était stupide de s'inventer un personnage pour la garder à mes côtés, mais c'était ce que j'avais fait. Car au moment où son regard avait croisé le mien pour la première fois, il s'était passé quelque chose. Et la perdre aussi rapidement m'était inconcevable.

Si je lui avais dit qui j'étais réellement dès le début, nous n'aurions jamais eu cette relation si fusionnelle au point qu'elle en devienne toxique. Alors oui j'avais créé un autre Jayden. Celui qui avait un vrai travail, qui ne s'énervait que très rarement, et qui derrière son corps atypique, avait tout de même un coeur. Un homme parfait pour bien du monde, mais la question qui me trottait dans la tête depuis cinq ans était celle-ci : "Et maintenant ?". Allait-elle réussir à aimer le vrai Jayden ? J'étais sûr de ce que je ressentais pour elle, et il ne fallait plus que je me cache derrière quelqu'un d'autre. Car non je n'étais ni très gentil, ni attentionné, ni doux et j'avais encore moins un travail. J'étais sombre à l'intérieur comme a l'extérieur, des centaines de démons m'avaient habités et terrorisés tout au long de ma vie. Mais cette fois-ci allait être différente, car elle ne serait pas basée sur un mensonge.

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JAYLWhere stories live. Discover now