10.Everything's easy when you know how to love someone

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Pensez vous que le lien qui unit un père ou une mère à son enfant existe ? Pour ma part avant d'avoir rencontré ma fille je n'y croyais pas et me persuader que j'y crois maintenant est encore plus compliqué. C'est si inédit et imprévisible.

J'avais vécu seul, enfermé avec d'autres enfants dans une chambre et chaque jours je regardais par la fenêtre pensant que ma mère allait venir me chercher. Malheureusement elle n'était jamais venue, l'année de mes sept ans on m'avait annoncé la nouvelle : ma mère était morte d'une overdose de cocaïne. Je n'avais pas vraiment ressenti de peine puisque je ne me souvenais ni de son visage ni du son de sa voix. Mais l'espoir fait vivre. J'avais donc commencé à espérer que ce soit ma nouvelle famille qui vienne me chercher, elle non plus n'est jamais venue. Ma chambre qui comptait huit lits avait fini par abriter un seul résident, et venait s'ajouter pour me tenir compagnie la solitude. Mes amis étaient partis vivre une autre vie, loin. Là où les problèmes n'existent pas et où il y avait cette chose insensé qui s'appelait l'amour. Ça m'a fait mal, je n'ai jamais su ce que j'avais fait au monde pour être si rejeté. Parfois j'allais dans des familles d'accueil car je faisais sûrement tâche dans le décor de perfection de l'orphelinat. Je n'en ai jamais gardé un bon souvenir, ça m'avait façonné mais de la mauvaise façon. Là bas j'avais eu les coups, les pleurs, la douleur, la maltraitance, toutes ces choses inhumaines. J'avais d'ailleurs très vite commencé à marcher dans les pas de ma mère. En commençant par fumer de simples cigarettes vers mes quatorze ans en cachette dans la salle de bain, puis ça avait continué avec de la marijuana pour finir comme ma génitrice par être accro à la cocaïne. Ma dépendance à la poudre blanche était maladive et j'en devenais fou. Avec la drogue on se dit toujours : une dernière fois, après j'arrête. Mais il y a ce truc qui détruit tout et qui vous bloque dans une spirale infernale. C'était quelque chose de vitale, comme manger ou boire. Si je n'avais pas mes quelques rails j'étais dans une hystérie et une trans insurmontable. Rien n'est simple.

C'était sûrement pour tout oublier. Au fond chaque jour je me demandais qu'elle était ma place dans ce monde et la neige me permettait de vivre la vie que jamais je n'aurai. L'humain a toujours voulu fuir la triste réalité qu'il vivait. Pour moi c'était ça.

Ma mère se droguait pour oublier, comme moi, sa vie de merde car elle était déçue de donner son corps toute la journée pour pouvoir se nourrir et son overdose elle la voulait. J'en étais sûr. C'était ce dont je m'étais persuadé avec le temps. Je l'ai voulu aussi mais la seule chose que j'avais gagné fut d'être encore une fois enfermé dans une chambre, vide, froide et où j'étais un toxicomane au yeux de tous et pour qui un seul rail ne suffisait pas. Les médecins me regardaient d'un mauvais oeil en centre et pourtant je m'en fichais car j'avais besoin de m'évader. Il fallait que je me drogue à cause de ma dépendance certes, mais surtout pour m'ouvrir le portail du bonheur, ce bonheur que je frollais du bout des doigts à chaque fois que je touchais à cette substance.

Voila pourquoi le lien qui unissait un enfant à ses parents n'avait jamais existé avant cet instant si intense. Le bonheur n'existait pas et si vous étiez assez fou pour y goûter un instant il se détruisait sous vos yeux. J'avais vite compris par ma propre expérience personnel que la seule personne susceptible de vous être lié quoi qu'il arrive c'était vous même. On esseyait tous de se persuader qu'on savait aimer alors qu'en réalité on voulait se sentir aimé, sauf que la chance pour que cela arrive était minime. Et non, le lien entre un parent et son enfant ne résistait pas à toutes épreuves comme le disait mon meilleur ami. Celui entre moi et ma fille était déjà brisé j'en étais persuadé et puis qui aimerait avoir comme un père quelqu'un d'aussi... Extravagant ?

Ma rencontre avec Taylor avait été stressante, bien trop même. Pour l'une des premières fois de ma vie mes mains tremblaient comme des feuilles sous un vent automnale. L'appréhension que j'avais était à son apogée. Yann m'avait aidé à acheter un cadeau pour ne pas que je vienne les mains vides, il m'avait surtout forcé. Au final on avait choisi un animal robot, un chien. Ça n'allait sûrement pas lui plaire, les filles préféraient les poupées et tous les trucs nuls et niais mais je n'étais pas là pour faire du social. Devant la porte j'attendais avec mon paquet sous le bras, après avoir sonné. J'avais une sorte de crainte de rencontrer ma progéniture, pour toutes sortes de choses. La première était sûrement que je n'en voulais pas. Une boule était coincée dans ma gorge.

JAYLWhere stories live. Discover now