JAYL

12. A good advice has no price

En deux semaines j'avais passé plus de temps avec Taylor qu'avec mon meilleur ami ou même Leïa. Celle-ci avait trouvé l'astuce, en tant que père je gardais Taylor tous les jours ce qui faisait que j'étais obligé de me débrouiller avec elle comme je le pouvais. C'était compliqué, il fallait cuisiner ce qui était un véritable challenge tous les jours, donc je commandais les trois quart du temps, mais il fallait aussi l'occupper. En réalité Taylor regorgeait d'énergie. Je ne comprenais pas pourquoi les enfants étaient toujours surexcités en début de journée et qu'ils tombaient comme des crêpes vers la fin de celle ci. Ils étaient comme des jouets qu'il fallait recharger tous les jours.

J'arrivais le matin vers neuf heures, pile au moment où ma fille de quatre ans et quelques mois buvait son biberon de lait matinal. Je repartais le soir après avoir dîner. Pour Leïa j'étais une sorte de babysitteur mais dans ma tête c'était plutôt bénéfique, car le soir au moment où notre fille allait se coucher nous étions tous les deux dans le salon. Durant la soirée nous étions une vraie famille et pourtant mon ex copine ne voulait rien avoir à faire avec moi, à croire qu'elle devenait de plus en plus difficile de jour en jour. On parlait de tout sauf de nous, ni même de notre passé et la plupart du temps un film tournait en fond pour remplir le blanc constant. Je n'arrivais pas à faire semblant, pour moi après la prison ma vie allait reprendre normalement mais je voyais la triste réalité. La personne que j'aimais le plus au monde ne me portait plus aucun intérêt. Je lui avais demandé si elle comptait se trouver une nouvelle personne pour partager sa vie et elle ne m'avait pas répondu. Leïa ne me confiait plus rien, la peur d'une nouvelle trahison sûrement.

Au final, nous nous étions énormément rapprochés avec Taylor et j'étais persuadé que jamais je n'arriverai à demander à Winston de l'enlever de la circulation. Encore une fois j'étais tombé. Taylor était devenue une réelle drogue c'était limite addictif. Je lui faisais des bisous toutes les dix minutes, Yann avait à mon plus grand malheur raison. J'étais derrière elle du matin jusqu'au soir, à croire que j'allais être père au foyer. Il fallait que j'assume que l'amour que je lui vouais était indéniable. J'étais sous le charme et gaga, mais pour l'instant je n'avais pas sauté le pas lui disant que je l'aimais. C'était pour moi un mot avec bien trop d'importance et qui me scellerait à ma petite brune jusqu'à la fin des temps. Ma fille avait cette façon de me regarder, de me sourire et me parler qui lui était entièrement propre. Une boule d'amour, et en ce moment ce qui me manquait le plus c'était l'amour. Alors oui, je ne pouvais pas me passer d'elle à mon plus grand malheur.

- On fait quoi aujourd'hui Papa ?

Papa... Ce mot était très spécial. D'habitude on m'appelait Jay ou Jayden mais non, maintenant c'était Papa. Taylor était la seule à pouvoir m'appeler comme ça. Ça me donnait un coup de vieux même si c'était extrêmement mignon par sa voix douce. Durant tout ce temps avec elle j'avais compris qu'il fallait que je rattrape le temps perdu comme personne.

- Tu veux faire quoi mon ange ?

C'était devenue une habitude, je m'étais rendu compte que Leïa l'appelait toujours comme ça. Elle l'appelait Taylor que pour quelque chose d'important ou si elle faisait une bêtise. À croire que même sans vivre avec elle pendant un peu plus de quatre ans j'avais déteint sur elle, vu qu'elle s'amusait à mener Leïa à la baguette plusieurs fois par semaine.

Elle me fixa en faisant les yeux ronds, signe qu'elle était perdue. Taylor était si petite et frêle par rapport à moi, cela me donna une idée qui pourrait être bénéfique pour moi tout comme pour elle. Ça me permettrait de retrouver mon professeur mais aussi certaines personnes. Malgré que le lieu ne soit pas vraiment adapté pour une petite fille de son âge, ça restait une bonne idée et puis j'étais là. Leïa m'avait bien annoncé qu'il était hors de question de la mettre en danger ou de l'inciter à faire des bêtises comme j'en ai fait durant quelques années avec elle. Mais quand c'est tentant on se jette à l'eau.