Chapitre 13

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Mes yeux détaillaient son visage sans vraiment le voir. C'était comme si mon cerveau s'était planté et avait dû redémarrer. Je clignais plusieurs fois des yeux, essayant d'avaler que Gabriel n'était peut-être pas celui que je croyais. Il m'avait pourtant aidé, et m'avait soutenu. Pour mieux m'avoir.


« Ton expression réclame des réponses. Je le sais bien. »


Il me toucha le visage et je sentis les muscles de mon cou revenir à la vie. Je ne pouvais toujours pas parler en revanche. J'étais dans un lit d'hôpital, et il toucha les boutons pour me mettre presque assise. Je regardais la chambre qui était tout aussi blanche que le plafond. Il n'y avait pourtant pas cette odeur aseptisée persistante des hôpitaux, ni le bruit des infirmières qui travaillaient. Seulement le silence et Gabriel qui me dévisageait.


« J'ai demandé à ce qu'on prenne soin de toi, et visiblement c'est le cas. Observa-t-il, en fronçant un peu des sourcils. »


Si il entendait par là, la nuisible et détestable présence de cette folle d'Alenka, alors il se trompait. Seulement, je ne pouvais pas le lui dire. Il n'avait toujours pas débloqué mes cordes vocales. Je le fixais attendant toujours qu'il veuille bien éclairer ma lanterne. Il n'était pas plus bavard qu'avant, mais son visage rayonnait presque de bonheur de me voir ainsi. Si je pouvais frissonner, je l'aurais sûrement fait. Ma peau se serait sûrement recouverte de chair de poule.


« Ça me fait un peu de peine, tu sais. Commença-t-il, en tirant un peu mon lit de côté pour me mettre face à une baie vitrée donnant sur un champ de tournesols. »


J'avais atterri au fin fond de la campagne, et ça lui faisait un peu de peine. Si ça le chagrinait autant que ça, qu'il me libère et qu'on n'en parle plus. Je n'avais rien contre lui, juste un peu de rancune de m'en avoir fait baver. Je ne lui en voulais même pas de m'avoir mis un truc aussi dangereux dans le corps quand j'étais à un stade embryonnaire. Quoi que la trahison restait quand même en travers de la gorge.


« Je ne t'ai pas trahi. Je n'ai jamais caché mon désir initial, t'avoir pour moi, et je t'ai aidé à essayer de savoir qui tu es. C'était du donnant-donnant. Expliqua-t-il, devenant très bavard d'un coup. »


J'aurais aimé lâcher un soupir, parce que c'était vrai. Il n'avait jamais dit qu'il était mon ami. Et maintenant, je voyais clair dans son comportement. Il m'avait toujours subtilement proposé de m'éloigner de Cameron. En dehors de la première fois, il me chuchotait sans cesse qu'il pouvait m'emmener loin. Bien sûr il n'avait jamais insisté lourdement ça aurait été trop suspect. Dire que je n'avais rien vu venir. Je me sentais bête. Il y avait pourtant quelques signes avant-coureurs. Il ne restait jamais longtemps chez les loups. Il évitait de s'exposer et n'appréciait que ma compagnie parce qu'il me convoitait. Il y avait aussi sa bonne entente avec Alenka. Cette fille était insupportable et lui arrivait à le faire. D'ailleurs, elle devenait toute mielleuse avec lui. J'aurais dû tilter plus vite.


« Tu aimes le paysage ? J'avais fait planter ce champ pour toi, il y a un peu plus de 25 ans. M'expliqua-t-il, en désignant le paysage. »


Je n'étais même pas encore née qu'il pensait déjà à moi. C'était flippant, je dois dire. Je n'allais pas poser la question sur le choix des fleurs, sachant que les tournesols n'étaient pas vraiment ce que je préférais. Seulement, elle me titillait quand même.

Les Gardiens Et Les Loups Tome 3 : L'Appel du MonstreWhere stories live. Discover now