twenty-nine

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Il fait démarrer la moto dans un gros bruit de moteur et me fait signe de monter. Je l'enlace par la taille et il démarre.

On traverse la ville puis on se retrouve sur une grande route de campagne. C'est une espèce de désert post-apocalyptique autour de nous. Les paysages ont bien changé en quelques années.

Le plan est simple. Moi, j'ai juste à le récupérer à la sortie pour nous mettre hors d'atteinte des sentinelles plus rapidement.

Ça fait du bien c'te balade. Le vent refroidit nos organismes brûlants à cause des rayons du soleil amplifiés par c'te pollution à la con.

J'espère qu'il va y arriver. S'il ressort pas, je fais quoi ? J'y vais pour le sortir de là où je sauve ma peau ?

On finit par arriver dans une espèce de plateau recouvert d'arbres morts. Sympa l'accueil... Puis à un tournant la base nous apparaît enfin. Il ralentit et s'enfonce dans la pseudo-forêt. Il arrête la moto et coupe le moteur.

- descends rapidement... Grommelle-t-il.

Je m'exécute, mettant pieds à terre. Il descend à son tour et sort son flingue.

- t'attends 25 minutes et tu passes devant la base.

- OK, et si tu ressors pas ?

- Ténia s'échappe toujours. Tu devrais avoir imprimé maintenant.

- y'a un début à tout.

- Sauf à la fin. Si j'reste dedans je suis mort, OK ? C'est ma vie qui est en jeu donc je vais pas la laisser filer comme ça, crois moi.

- j'te crois. Fais-je en remontant sur la bécane. Fais gaffe quand même.

Il roule des yeux et charge l'arme.

- tu comptes à partir du premier coup de feu.

Puis il s'éloigne, direction la base. Je le perds de vue et m'en remets donc à mes oreilles que je tends. Je sors mon portable pour avoir l'heure. 10h37.

J'entends un coup de feu. 10h43. Puis un deuxième et un troisième très serrés. Puis plus rien. J'ai plus qu'à attendre 11h08.

Je soupire. Les minutes sont ultra-longues... Je jure que la prochaine fois je rentre avec lui... J'aime pas rester sans rien faire. Je sors mon carnet à dessin et me mets à dessiner les arbres morts.

Je repense à ma vie, vers le début de la guerre. J'étais tellement paumé. J'avais quoi, 20 ans à l'époque ? J'avais peur, je savais pas ce que je foutais là. Mon père est mort au front au bout de quatre mois. Ma mère a été tuée lors de la prise de ma ville natale, dans le nord du pays. Je suis fils unique, donc tant mieux vu la merde dans laquelle on est.

11h07. Je démarre. Je regagne la route et fonce vers la base. Personne. Je ricane. Tous les gardes se sont repliés à l'intérieur pour essayer de le choper. Aller Ténia, un petit effort. Soudainement deux sentinelles s'avancent sur le rempart et pointent leur laser sur moi. Je lève les mains en l'air, attendant patiemment. Mais j'entends un tir venant de là-haut et je pousse un grand cri rauque en me prenant une balle dans l'épaule droite. Je me couche sur le guidon, serrant les dents. C'est pas la première que je me prends dans ma vie, mais ça pique toujours. J'essaie de faire le mort. Allez...

J'entends des tirs à la chaîne et enfin je le vois qui court comme un dératé vers moi. Il saute sur le véhicule et je démarre au quart de tour.

On s'éloigne rapidement, à plus de 200 kilomètres par heure sur la longue route déserte. Puis au bout d'une vingtaine de minutes, je ralentis. Je sens plus mon bras. Un kilomètre plus loin j'arrête la moto sur le bord.

- qu'est-c'qu'il y a ? Me demande-t-il en défaisant son étreinte sur ma taille.

Maintenant que le moteur est coupé, j'entends ma respiration saccadée. En baissant le regard, difficile de pas voir mon sweat qui s'imbibe de rouge. Je me tourne vers lui, tenant ma clavicule droite.

- y'a un sentinelle qui m'a pas loupé... Murmure-je d'une voix tremblante. Tu peux pas regarder si c'est une CF ?

Il descend et je le suis.

- allonge toi.

Je me mets au sol, ma capuche se défaisant. Putain de merde je jure que si c'est une CF je hurle... Il retire la lanière de mon pare balle sur mon épaule et tire sur les cols de mon t-shirt noir et de mon sweat beige, le regard concentré.

- t'as quelque chose pour la retirer ou je le fais à la Ténia ?

Je fouille mes poches et je retrouve de quoi retirer les balles. Je lui passe, nos doigts s'effleurant.

- c'est vraiment pas agréable ici... Murmure-je. Ça me fait hyper mal à chaque fois que je respire.

- bah alors commence par la fermer. Me lance-t-il.

Il retire enfin la balle pleine de sang qu'il fait tourner dans sa main, l'observant.

- alors ? Murmure-je, appuyant sur ma plaie ouverte.

- y'a juste écrit SOV-12... Marmonne-t-il. Ça veut dire quoi ?

Je laisse un rire franchir mes lèvres, regrettant de suite sous la douleur. Je suis tellement soulagé que ce soit pas une CF.

- une SOV... Chuchote-je.

- ça veut dire quoi ? S'énerve-t-il.

- ça veut dire que je vais être shooté. Et correctement. T'es toujours loyal ?

Il souffle, exaspéré, avant de se mettre derrière moi pour me relever en position semi-allongée, ma tête reposant sur ses genoux repliés.

- ça commence quand et ça dure combien de temps ?

- ça commence déjà et ça dure 12 heures... Murmure-je.

- génial... Fait-il ironiquement. Et tu vas t'endormir ou bien tu vas être genre bourré ?

- je vais m'endormir... Mais d'abord je vais être soûlant genre bourré comme tu dis.

- ça changera pas.

- je t'emmerde, OK...

- OK... Ça commence bien.


















▸ ce vieux gif... Oui je suis nostalgique ㅇㅅㅇ' désolée si les blessures par balles manquent de réalisme... J'espère que ça va ?

ᴛᴇ́ɴɪᴀ | ʲᵏ ˣ ᵗʰWhere stories live. Discover now