fifty-five

3.8K 435 22
                                    

Jungkook s'est endormi sur le divan. J'ai discuté un peu avec la vieille. Elle est gentille, c'te dame. J'ai appris qu'elle était là parce qu'elle avait déserté la guerre de 2119-2128. Depuis, elle vivait en ermite.

Cette forêt est la plus grande et la plus sauvage de tout le pays. C'est aussi la seule à avoir gardé des arbres dignes de ce nom. C'est le dernier poumon de notre air sali.

J'viens passer ma main sur le front du brun, écartant les mèches humides. Sublime. Une figure magnifique. Même lourdement abîmé, il reste beau à mes yeux.

Beurk, je vais vomir.

J'suis un peu niais là, non ? Bref, je peux pas détacher mes yeux de ses lèvres. Ces lèvres. C'est une tuerie. Ça n'existe pas. C'est pas possible.

On a déjà échappé à la mort une dizaine de fois alors qu'on a à peine 25 ans. Les temps sont troubles, et même quand c'est pas vraiment la guerre, les tensions sont là. Et la politique devient rapidement autoritaire.

C'est ça le problème.

Plus ça va pas, plus on fout la merde.

Parce qu'on a peur, on panique, on fait des conneries, on réprime, on étouffe, on efface ces conneries comme on peut.

Sauf qu'elles sont toujours là. Eh ouais, personne n'a oublié comment a démarré tout ce bordel.

Cet enfer.

Je passe ma main sur sa tempe, lentement, doucement. Je caresse sa joue blessée. Ces lèvres sont entre-ouvertes et je sens son souffle chaud sur les miennes. Elles ne seraient pas meurtries, je les aurais embrassées.

- vous semblez bien proches tous les deux.

Je me recule brusquement, me tournant vers la vieille dans son fauteuil.

- vous êtes seulement amis ? Demande-t-elle doucement avec un sourire tendre.

- je ne dirais pas ça... Réponds-je en souriant légèrement.

- je suis pas contre. Un peu de liberté ça fait pas de mal dans ce monde de brutes. À l'époque de mon arrière grand-mère, on avait le droit d'aimer qui l'on voulait. Raconte-t-elle.

- vous savez pourquoi on a plus l'droit ? Demande-je.

- en temps de troubles, toutes les minorités sont craintes. On leur remet la faute dessus.

J'acquiesce silencieusement. Puis reporte mon regard sur ce visage si particulier à mes yeux.

J'suis un peu nostalgique en pensant à la photo jaunie que mon supérieur m'avait passé, et qui a dû finir dans un feu de bois.

J'me demande comment on va finir, nous deux. On va être traqué comme des malades. Et si on nous trouve, on nous descend direct.

Ouais, j'crois qu'ils ont compris là.

Que même si c'est pas de lui-même,

Ténia s'échappe toujours.




















▸ quelle tristesse me prend les tripes en voyant la fin approcher 😓

ᴛᴇ́ɴɪᴀ | ʲᵏ ˣ ᵗʰWhere stories live. Discover now