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Aller en cours est un supplice, je suis dévoré par l'angoisse le matin et je suis effondré le soir par l'épuisement, je suis aux prises avec des maux de têtes, une impression de malaise, des nausées et une fatigue. Pour peu d'avoir entendu une remarque un tant soit peu désobligeante d'un professeur, elle se grave dans ma mémoire et revient me hanter, parfois même des années après avec toutes les autres phrases du même ordre. Mon estime se dégrade un peu plus chaque jour, c'est une descente aux enfers presque inévitable et semblant être sans aucune issue possible. Les paroles réconfortantes des autres ne me sont d'aucun secours. J'en viens à penser que je ne suis absolument pas fait pour vivre dans ce monde.

J'ai passé tant d'années à m'auto-punir et à m'auto-flageller que j'ai l'impression de ne plus savoir faire autrement : qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Pourquoi suis-je incapable de faire quoi que ce soit correctement ? Et puis à quoi bon réessayer ? Pourquoi suis-je aussi fatigué ? Pourquoi ai-je l'impression de m'enfoncer un peu plus chaque jour ? Et si tout cela était dû à un problème de compréhension des autres et de moi-même ? À tout vouloir comprendre, finit-on par ne plus rien comprendre ?

Nous sommes des êtres extrêmement complexes tant dans notre façon de penser que de communiquer, nous interagissons en permanence avec le monde qui nous entoure et de différentes façons, parfois de façon totalement inconsciente. Nos principaux problèmes pourraient bien résider dans nos capacités, ou plutôt notre incapacité à communiquer, interpréter puis se focaliser sur l'instant présent. Il me vient à l'esprit que bien des malheurs dans ce monde sont imputables au manque de communication et aux interprétations excessives par rapport à notre vécu et à notre sensibilité.

Il me vient alors à l'idée que le jugement que nous posons sur les autres et sur nous-même est une sorte d'effet pervers issu de notre manque de communication et de connaissance de l'autre dans toute sa sensibilité et son vécu, «ne jugez pas un livre à sa couverture» dit-on, oui, mais qui ne juge jamais les autres ? Moi-même, je le fais, je le fais même très souvent, automatiquement, sans même m'en rendre compte. Dois-je blâmer la société ou moi-même ? Cela m'amène à me demander : Suis-je maître de moi-même ou marqué à jamais par une société axée sur la superficialité ?

Un de mes grands combats quotidiens est de procéder au détachement émotionnel et au lâcher-prise. Ce détachement me semble nécessaire, pour ne pas dire salutaire, afin d'arrêter de juger autrui, mais il semble ne pas exister de tâche plus ardue que celle-ci.

Je me juge très souvent de façon stricte, pour ne pas dire impitoyable, mais dans toutes mes ruminations et mes heures de profond désespoir, je ne me suis finalement jamais posé la question suivante : ai-je finalement pris la peine de bien me connaître ? Ceci m'amène alors vers une autre question : ai-je pris le temps d'apprendre à m'aimer ? Question simple à réponse simple : non, je ne m'aime pas. Peut-être que je ne sais pas m'aimer ? Puis-je apprendre à m'aimer ? Peut-être bien que oui. Comment donc s'y prendre ?

Arborescence infernaleTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang