Chapitre 5

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À la demande de Thorsten, je m'allonge en chemise sur la paillasse qui fait office de lit. Étant mal à l'aise, je me mets sur le côté, lui tournant ainsi le dos. Je ne veux surtout pas qu'il puisse lire la gêne qui m'envahit sur mon visage. J'essaie de me faire la plus petite possible. Je retiens ma respiration quand il s'installe derrière moi. Sans un mot mais avec une tendresse qui m'étonne encore de sa part, il m'enlace et m'attire contre son torse dur comme de la pierre, avant de nous couvrir avec une fourrure.

Le corps de Thorsten est brûlant contre le mien. Rapidement mon corps se réchauffe à son contact. Je peine à garder une respiration normale et régulière, face à cette situation. Il dégage mes cheveux qui doivent le chatouiller d'un geste lent et caressant. C'est encore pire quand je sens son souffle dans mon cou. Sans que je ne puisse rien contrôler ma peau se recouvre d'une multitude de frissons.

Au bout de quelques minutes, le respiration régulière de Thorsten finit par me bercer et je sombre à mon tour profondément dans le sommeil.

Au petit matin, le léger ronflement de ce dernier me réveille. Je suis aussitôt confuse et me mets instinctivement à rougir sans oser faire le moindre mouvement. Pendant la nuit, lui comme moi avons bouger dans notre sommeil. Car j'ai maintenant le visage calé contre le torse musclé de Thorsten, ma main posée sur son ventre qui monte et descend au rythme de sa respiration. Quand à nos jambes, elles sont emmêlées les unes aux autres et je ne parle pas de son nez qui est plongé dans ma chevelure.

Cependant je n'ai guère le temps de tenter quoique se soit pour me soustraire à cette situation délicate avant son réveil. Gunnar entre dans la cabine comme si c'était la sienne et parle à voix haute et claire.

_ Thorsten, la nuit a été mouvementée sur le pont à cause des vents violents. Il y a quelques avaries et nous avons besoin de toi, explique-t-il posément comme si j'étais parfaitement invisible, ce qui ne doit pas être le cas vue le sourire narquois qui ourle ses lèvres.

Je me recroqueville sur moi-même rouge de honte en essayant de me cacher sous la couverture. Mon dieu, qu'allaient-ils tous penser ? Que je me suis offerte à ce chef viking sans aucune honte ni retenue ? Par tous les dieux, je suis mortifiée. Mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer davantage sur mon sort que Thorsten se lève me découvrant quasi entièrement.

_ Bien mon ami, je te suis, dit-il en enfilant ses vêtements. Puis il reprend en direction du lit cette fois.

_ Eivor, habillez-vous. Nous aurons besoin de toute l'aide disponible et n'ayez crainte pour votre vertue et votre honneur. Car étant moi-même engagé avec Sigfrid, tout le monde sait que je ne mettrai pas en péril mon union futur pour une simple captive . . . mais attention Eivor, tous les hommes de ce navire ne pensent pas ainsi . . . donc au moindre problème, vous venez dans cette cabine et je veux vous y voir tous les soirs. Suis-je clair, termine-t-il durement avant de sortir sans attendre une réponse de ma part.

J'accuse le coup et ne le remercie pas pour autant d'avoir clarifié la situation. Au moins maintenant les choses sont on ne peut plus claires. Ce viking veut simplement qu'il ne m'arrive rien avant notre arrivée et que je sois présentée à son père . . . et . . . que ce dernier fasse je ne sais quoi de moi.

Des cris et des ordres claqués sur le pont me font sortir de ma torpeur. J'enfile ma robe, en réalité mon unique robe. Puis j'attache rapidement mes cheveux en une tresse floue sur le côté pour ne pas être gênée. Je prends ma cape et me dirige vers le pont. Le froid me saisit une fois de plus, il est encore plus cinglant que dans les terres.

Arrivée sur le pont, je constate qu'il y a quelques dégâts et des hommes sont blessés à terre. Sans réfléchir davantage, je me dirige vers les blessés et remplace un viking qui ne semble pas savoir quoi faire pour soulager l'homme qui souffre au sol. Je me rapproche doucement et lui viens en aide en le guidant dans les gestes à faire pour aider l'homme allongé. Une jeune fille que je ne connais pas arrive avec une besace dans laquelle il y a plusieurs flacons d'huile et pots d'onguent ainsi que des linges propres pour les bandages.

Je la remercie d'un signe de tête et nous commençons à nous occuper des blessés ensemble. Et avec une chance presque insolente, je ne croise aucun membre de mon village. Autour de conversations, j'apprends qu'ils sont dans la cale, ce qui les a sans nul protégés.

_ Allons manger, me dit la jeune fille qui m'a aidée à prodiguer les soins pendant pratiquement toute la matinée.

J'acquiesce en même temps que mon ventre se manifeste, ce qui fait beaucoup rire ma compagne de labeur. Je la suis et nous rentrons dans la salle qui sert de lieu de restauration, de dortoir aux vikings. Alors que je regarde un peu partout, ma compagne m'informe que seul Gunnar et Thorsten ont une cabine. Cela fait maintenant quelques minutes que nous mangeons notre pain avec des morceaux de viandes, quand ma voisine se décide à prendre la parole alors que le silence me convenait très bien.

_ Tu te débrouilles bien pour les soins, tu as appris avec qui ? Me demande-t-elle tout en poursuivant son repas.

_ J'ai appris dans mon village avec Bergthora,une femme qui connaît tout des plantes et de comment les utiliser, . . . c'est . . . ma grand-mère, répondis-je en réalisant que je m'étais reprise à temps. Comment t'appelles-tu ? Lui demandais-je pour éviter que nous parlions de moi.

_ Ah oui, c'est vrai je ne me suis pas présentée. Elle se redresse un peu et poursuit. Je m'appelle Dagny, je suis la fille d'Eimund, le médecin du clan, me répond-t-elle avec un clin d'œil et un fond de fierté qui me font sourire.

_ Ils ont raison, lâche-t-elle avant de poursuivre son repas.

_ De quoi parles-tu ? Demandais-je quelque peu intriguée.

_ Les hommes, ils sont tous d'accord pour dire que tu es très belle et qu'habillée et coiffée comme une femme de ton rang, tu rendrais Freyja jalouse, m'explique-t-elle avec la simplicité et l'innocence de son jeune âge.

Je manque de m'étouffer en l'entendant tenir de tel propos ce qui la fait rire d'autant plus.

Huit autres jours de traversée passent. Un peu plus agréable pour moi. Je peux sortir et m'occuper de surveiller les personnes que j'ai soignées. Cela me fait plaisir de pouvoir voir les hommes que j'ai aidés se remettre de leurs blessures. J'arrive à savoir que les gens de mon village sont bien traités, enfin autant qu'ils le peuvent car ils n'en restent pas moins des prises de guerres probablement voués à l'esclavage. Mais ils sont au moins en vie et je pourrais peut être les aider.

Ce soir, comme les soirs précédents, je retourne dans la cabine sûre d'y être seule. Thorsten n'y vient dormir que quelques heures et le plus souvent dans la journée quand je ne suis pas là. Cela fait presque deux jours et deux nuits que je ne l'ai pas vu. Alors j'entre sans frapper et me retrouve face à face avec lui . . . torse nu . . .

VikingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant