Chapitre 18

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Depuis que je l'ai rencontrée, ou plutôt enlevée, . . . elle . . ., elle a tout bousculé, mes certitudes et mes principes les plus ancrés.

Et quand ce jour-là, elle avait décidé de rompre notre étreinte après ce baiser. Je m'étais senti rejeté, trahi. Et j'avais détesté ce sentiment, je lui en voulais de me faire ressentir une telle chose. Mais elle avait eu raison, moi dirigeant le clan et elle, simple captive, . . . qui plus est ma cousine par alliance. Tout cela était tout bonnement impossible . . . totalement impossible. Mais à ce moment, une partie de moi voulait y croire, . . . mais tout cela était vain.

Je n'ai eu d'autre choix que d'accepter cet éloignement et de la mettre à l'écart volontairement. De vivre sans elle, loin d'elle, s'était avéré beaucoup plus compliqué, . . . plus difficile que je ne l'aurais cru. Je m'étais plongé dans la vie de notre camp. C'était de plus mon devoir, mon rôle en tant que représentant de mon père sur cette terre. Mais tout cela était vain, mes pensées allaient toujours vers elle. 

Et . . . et il y avait eu aujourd'hui, alors que je pensais que tout rentrait peu à peu dans l'ordre. Il y avait eu cet incident qui avait failli lui coûter la vie.

Mais cela ne s'était pas arrêté là, . . . il avait fallu que cet homme . . . ce Ulrik venant de son village la sauve. Gunnar avait beau répondre de lui, quelque chose n'allait pas dans son histoire. Cependant ce n'est pas ce qui m'agace le plus.

Sa façon de la regarder, de la tenir près de lui. Et quand je suis entré dans la chambre et que je l'ai vue sur ses genoux, . . . une douleur sourde m'a serré le cœur au point de bloquer ma propre respiration. D'abord surpris par cette sensation qui m'était encore inconnu, . . . une autre émotion que je connais bien fit son apparition, la colère.

C'est à ce moment précis, ivre de rage que je prends la décision de la soustraire à cet homme. Je demande à Gunnar de prendre ma relève sur le camp pendant que je serais absent. Ce dernier essaie dans un premier temps de me faire entendre raison et de m'empêcher d'agir de la sorte mais je ne peux pas continuer ainsi. Mon ami finit par laisser tomber car quand je suis dans cet état rien ne peut me calmer si ce n'est de me laisser du temps. J'ai besoin de savoir . . . de comprendre . . . ce qui me perturbe chez cette femme.

Pourtant, une fois seule dans la chambre avec elle, ma colère semble diminuer à la vitesse de l'éclair rien qu'à la vue de son visage. Sans attendre, je l'emmène dans cette maison perdue dans la forêt. Seul Gunnar et moi savons où elle se trouve. Je fais le trajet en la tirant derrière moi comme ce jour où je l'avais soustraite à son village natal.

Je lui avais jeté quelques regards pendant le trajet et je n'avais pas aimé la façon dont elle me regardait. Dans ces magnifiques yeux verts je lisais de l'incertitude mais aussi . . . de la peur, ce qui me rendait de plus en plus en anxieux.

Une fois dans la maison, elle semble complètement perdue, ne sachant pas à quoi s'attendre de ma part. Pourtant elle devrait se rendre compte que je ne lui veux aucun mal . . . bien au contraire. J'ai besoin de la savoir en sécurité et heureuse.

Certes je suis engagé avec Sigfrid. Nos parents nous avaient promis l'un à l'autre, il y a quelques temps maintenant. J'étais chanceux ma promise est une femme viking, une combattante d'une rare beauté. Nombreux sont les hommes qui m'envient. Nous nous étions embrassés de nombreuses fois avec Sigfrid mais, rien . . . je n'avais jamais rien ressenti de comparable à ce que je ressens quand je suis avec Eivor.

Au bout d'un moment, j'arrive à rassurer Eivor en l'invitant à partager un repas frugal à mes côtés devant le feu. Me sentant soudain observé, je coule un regard vers elle alors que le repas s'est déroulé sans aucun autre échange.

Une fois de plus, sa beauté me cloue sur place. Ses yeux émeraudes ont de légers reflets dorés à cause du mouvement des flammes dans le foyer. Ses longs cheveux auburn bouclent sur ses épaules à cause de l'humidité. Là, près de moi, elle est tout simplement superbe.

Ses yeux sont braqués sur moi, mais elle semble perdue dans ses pensées. Si bien que je prends le temps et le plaisir de l'observer. J'ai un léger mouvement de surprise quand je constate qu'elle est de nouveau avec moi. Je voudrais lui parler, lui demander à quoi elle pensait. Mais son regard change quand elle remarque que je l'observe. Elle a même un mouvement de recul comme si je lui faisais encore et toujours peur.

_ Tu as encore peur de moi, dis-je en baissant les yeux. Tu me verras toujours comme le monstre sanguinaire qui t'a enlevée, terminais-je en me levant pour faire quelques pas ne supportant plus son regard sur moi. J'allais sortir quand elle prend la parole.

_ Thorsten, souffle-t-elle doucement.

Rien que de l'entendre prononcer mon prénom affaiblit ma détermination à quitter la pièce. Je baisse la tête, soupire et me retourne pour lui faire face. Je ne comprends rien de ce qui m'arrive, de cette faiblesse qui s'empare de moi quand elle est près de moi.

_ Qui y a-t-il ? Demandais-je en posant mon regard sur elle.


Cet homme a le don de me bouleverser et de me faire vivre une palette complète d'émotions. Je sais à quel point il peut être sombre, violent mais en même temps, à cet instant, je suis persuadée qu'il ne me fera jamais aucun mal. Je ne sais pas pourquoi mais j'en suis sûre.

La tristesse dans son regard m'a touchée. Je m'en veux de lui causer autant de peine. Je me lève et m'avance doucement vers lui. Après tout nous sommes seuls, isolés du monde, . . . ce qui se passera ici, restera ici . . .

Devant lui, je perds confiance mais contre toute attente, Thorsten fait un pas vers moi et me prend la main. Ce simple geste recouvre ma peau de frissons. Ma respiration s'accélère alors que son pouce caresse ma main. Nous n'échangeons pas un mot, . . . nos regards se perdent l'un dans l'autre.

Je me surprends moi-même à réduire la distance qui nous sépare. Il m'observe n'osant pas bouger de peur sans doute que je ne fasse machine arrière, mais sa respiration s'affole comme la mienne.

Alors qu'il ouvre la bouche pour parler, je ne lui laisse pas le temps de dire un mot et pose mes lèvres sur les siennes. D'abord surpris par mon initiative, Thorsten se laisse aller. Il enroule ses bras autour de ma taille pour me coller à lui. La chaleur de son corps irradie contre le mien. Mes mains terminent leur course derrière sa nuque pour le maintenir près de moi.

Je sais que je n'aurais pas du mais . . . quand Thorsten est près de moi, mon sang bouillonne et mon corps ne m'appartient plus . . .



Bonne et heureuse année 2019 à toutes et tous, que cette nouvelle année vous apporte tout ce que vous souhaitez.

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