Chapitre 13

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Je reste dans un état de choc et de confusion le plus total quand je reconnais l'homme qui m'a protégée. Comment est-ce possible ? Comment pouvait-il être là avec moi sur cette île ?

Je reste muette n'arrivant pas à prononcer un mot car je suis perdu dans la profondeur de son regard gris nuage.

_ Vous allez bien ? Me demande-t-il avec respect en m'aidant à me relever avec un sourire entendu.

J'acquiesce incapable de prononcer le moindre mot. Je scrute chaque trait de son visage comme si je le voyais pour la toute première fois. Il semble fatigué . . . non épuisé. Une cicatrice court sur sa joue de son œil à son nez. Je me fais violence pour ne pas effleurer sa joue. Heureusement pour moi, Gunnar interrompt cette échange silencieux.

_ Alors Ulrik, tu es encore prêt à mourir pour sauver la vie de la fille de ton couard de jarl, plaisante-t-il avec une ironie non feinte.

Ulrik ne lui répond pas tout de suite, il ferme les yeux. Quelqu'un qui ne le connaît pas pourrait penser qu'il capitule devant Gunnar et son clan. Mais pour moi qui le connaît depuis ma plus tendre enfance, je sais très bien qu'il essaie de se calmer pour ne pas sauter à la gorge de ce dernier et l'étriper.

_ Non, . . . mais je n'aime pas voir mourir une jolie femme, répondit-t-il sur un ton tellement calme qu'il me glace les sangs.

_ Une jolie femme, reprend Gunnar en riant à gorge déployée.

Ulrik ne répond rien mais serre les dents, et ses yeux gris lancent des éclairs. Le silence se fait . . . et alors que je pensais ne pas pouvoir être plus mal à l'aise qu'à cet instant. Les hommes s'écartent et je le vois se diriger droit vers moi, le visage tendu par l'inquiétude. Mon cœur rate un battement car cela fait longtemps que je ne l'avais pas vu et que je m'étais empêchais de penser à lui.

_ Eivor, tu n'as rien ? Me demande Thorsten en prenant mes mains glacées dans les siennes.

_ Je . . . je vais bien, n'ayez aucune crainte, répondis-je en baissant les yeux étant incapable de soutenir son regard plus longtemps.

Thorsten se tourne vers Ulrik en gardant ma main dans la sienne, comme s'il ne voulait pas rompre le lien entre nous.

_ Je ne te reconnais pas. Merci d'avoir sauver Eivor . . . quel est ton nom ? Dit-il en s'adressant directement à Ulrik.

J'appréhende sa réponse, car ses yeux n'ont pas quitté la puissante main de Thorsten qui enveloppe la mienne pour me garder près de lui.

_ Je me nomme Ulrik, fils de pêcheur. Je viens du village de Dame Eivor, répond-t-il en regardant Thorsten droit dans les yeux avec bien plus d'arrogance qu'un simple fils de pêcheur.

Je relève la tête et regarde ces deux hommes qui comptent pour moi s'observer et s'analyser l'un l'autre.

_ Pourquoi es-tu avec nous ? Demande Thorsten d'une voix dure cette fois. C'est comme s'il voulait lui montrer que le chef de ce clan est bien lui et qu'il doit s'y plier. Tout comme c'est lui qui décidera s'il vit ou non . . .

Alors qu'Ulrik allait donner sa réponse, Thorsten lui intime le silence d'un simple geste autoritaire de la main.

_ Gunnar, peux-tu m'expliquer pourquoi un captif participe à la chasse ? Demande-t-il les dents serrés pour que seuls nous quatre entendions la suite de cette conversation des plus tendue.

Gunnar s'approche Thorsten pour lui donner sa réponse. J'essaie de reculer, ne voulant pas être témoin ou responsable de ce qui va suivre. Mais j'ai surtout une peur viscérale que tout s'arrête pour moi . . . peur d'être découverte et rejeté par Thorsten . . . peur de la réaction d'Ulrik face à ce que j'ai fait . . .

Mais Thorsten, contre toute attente, noue ses doigts aux miens et m'attire encore plus près de lui sous le regard ulcéré d'Ulrik. À chaque seconde qui passe, j'ai peur que tout explose et c'est à ce moment que Gunnar choisit de répondre.

_ Il est fort et valeureux. C'est un fils de pêcheur. Il était sur le bateau d'Audar et n'a pas hésité une seule seconde à se jeter à l'eau pour nous venir en aide alors que les autres ont simplement poursuivi leur route, répond-t-il calmement ce qui m'étonne vue sa posture.

Thorsten ne prononce pas un mot et semble réfléchir. Son regard navigue plusieurs fois entre Gunnar, son meilleur ami et chef de guerre, et Ulrik, cet homme qu'il ne connaît pas mais qui m'a sauvée.

_ Es-tu sûr de toi mon ami ? Lâche Thorsten.

Gunnar inspire profondément et bombe le torse avant de parler.

_ Je réponds de lui, comme de chacun de nos hommes . . . Et si c'est le fils du couard qui t'inquiète, je lui ai moi même tranché la gorge, termine-t-il avec aplomb.

_ Bien, . . . dans ce cas, continuons, reprend-t-il en s'adressant à Gunnar, qui comprend aussitôt qu'il doit s'éloigner puis il se tourne vers moi.

Je suis heureuse de notre proximité et de le revoir mais mal à l'aise de par la situation. Il a toujours ma main dans la sienne. Voyant que je garde les yeux rivés au sol, il presse légèrement ma main.

_ Eivor, murmure-t-il pour que notre conversion reste privée, tu n'as rien ?

_ Non, . . . c'est grâce à Ulrik, répondis-je à mon tour sur le ton de la confidence.

_ J'aurais voulu arriver plus tôt et être celui qui te sauve, me dit-il dans un souffle . . . puis il reprend. Je dois rejoindre Gunnar et nos hommes mais je ne veux pas que tu sois seule. Je vais demander à Ulrik de te ramener, si Gunnar a confiance en lui alors moi aussi. Tu apprécieras de pouvoir parler avec quelqu'un de chez toi, termine-t-il en caressant ma joue.

_ Ulrik, appelle-t-il sans que je ne puisse l'arrêter.

_ Je te remercie d'avoir protégé Eivor. Raccompagne la et veille sur elle jusqu'à mon retour, dit-il le plus sincèrement du monde.

Je reste plantée là et même avec ma fourrure, je sens le froid m'envahir quand je me retrouve seule avec Ulrik tant je redoute sa réaction.

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