Chapitre 9

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_ Soit, j'ai peut être énervé ou agacé votre ami mais dans mon clan, les esclaves sont traités convenablement . . . pas . . . pas . . . comme des bêtes de somme, repris-je avec emphase et énervement.

Je fais les cents pas pour tenter de m'apaiser devant Thorsten toujours debout derrière cette maudite table. Le voir ainsi m'agace au plus au point. Je fais volte face, une remarque cinglante prête à franchir mes lèvres quand je me stoppe net en voyant son visage.

Par tous les dieux, le fier et robuste viking qui a brûlé mon village et qui m'arrachée à ma terre n'est plus. Il se tient au bord de la table pour ne pas tomber, son teint est cireux et il transpire à grosses gouttes.

_ Thorsten, dis-je simplement en me précipitant vers lui, pour le faire asseoir avant qu'il ne tombe sur le sol inconscient.

_ Assieds-toi, vite, dis-je en étant plus douce.

Alors qu'il me dévisage, je me défais de ma fourrure pour avoir plus d'aisance, me retrouvant devant lui uniquement vêtue de ma chemise.

_ Depuis combien de temps es-tu dans cet état ? M'enquis-je en enlevant sa fourrure et sa chemise afin de l'examiner.

Comme la fois dernière, le vue de son torse musclé et de son tatouage m'hypnotise quelques instants. Mais la respiration de Thorsten et le grincement de ses dents à cause de la douleur me ramène à la réalité.

_ Viens, il faut t'allonger car si tu tombes, je serais incapable de te relever. Et je doute que tu ais envie que tes hommes te voient dans cet état, dis-je en l'aidant à se maintenir debout.

Je l'aide tant bien que mal à s'allonger sur la paillasse où je me suis réveillée seulement quelques heures plus tôt.

_ Alors ? Comment est - ce ? Me demande-t-il.

_ Pas joli, répondis-je les yeux rivés sur la plaie violacée située sur ses côtes. Je palpe la blessure et sens la peau tendue par l'infection. Cette dernière gagne du terrain car il a de la fièvre et son corps commence à trembler. Il rive ses yeux sur mon visage pour déchiffrer mes pensées. Je sens à ce regard qu'il veut plus de détails sur son état.

_ Que . . . vas-tu . . . faire ? Finit-il par articuler entre deux tremblements.

_ Il faut faire tomber la fièvre et . . . nettoyer la plaie . . . mais plus en profondeur et cela va être douloureux, terminais-je en baissant les yeux.

C'est idiot mais j'avais peur de lui faire du mal ou plutôt je me refusais à le faire souffrir. Même après tout ce que je l'avais vu faire aux miens, je ne sais pas pourquoi mais j'ai beaucoup de mal à le voir dans cet état de faiblesse, lui qui dégage une telle force en temps normal . . .

Je me redresse et me dirige vers la porte pour aller chercher de quoi le soigner.

_ Eivor . . . où . . . où vas-tu ? Me demande-t-il en gémissant de douleur.

_ Je vais chercher de quoi te remettre sur pied valeureux viking, répondis-je en fermant la porte derrière moi.

Sans prendre garde à ma tenue et au froid, je cours à la recherche de Dagny pour voir ce qu'elle a pu sauver du naufrage. Je n'ai que faire des regards qui pèsent sur moi alors que je cours à travers les maisons pour rejoindre celle de Dagny.

Quand j'ouvre la porte, elle sursaute et s'approche de moi inquiète, alors que tous les regards convergent vers moi.

_ Par tous les dieux, Eivor, souhaites-tu rejoindre nos dieux plus vite que tu ne le devrais. Thorsten sait-il que tu traverses le village à moitié dénudée alors que tu viens à peine de te remettre de la nuit dernière, me réprimande-t-elle.

Je suis si inquiète par l'état de Thorsten que je prends le temps de la remettre à sa place comme le ferai une vrai princesse de clan.

_ Justement c'est lui qui m'envoie, dis-je en la tirant par le bras pour nous mettre à l'écart.

Je suis suffisamment intelligente pour ne pas crier sur les toits que leur chef est dans un état critique. La situation n'est pas la meilleure pour faire par de cela, surtout que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il pourrait advenir de moi, s'il lui arrivait quelque chose . . . Comprenant alors que la situation est délicate, Dagny m'emmène à sa suite.

_ Alors qui y a-t-il ? Me demande-t-elle en chuchotant.

_ Il a beaucoup de fièvre car la plaie sur ses côtes s'est infectée, répondis-je simplement.

_ Je vois, me rétorque-t-elle en réfléchissant avant de m'emmener à sa suite dans une toute petite pièce.

Une fois à l'intérieur, je me retrouve devant toutes une série de pots et de fioles qu'elle avait pu sauver dans son sac. Je la remercie d'un simple signe de tête et prends ce dont je vais avoir besoin pour le soigner. Au moment de sortir, Dagny m'arrête et me tend des linges propres pour les soins.

_ Si tu veux , je passerai quand j'aurai fini ici, me dit-elle avec douceur.

Je jette un rapide coup d'œil et constate qu'elle aura du travail jusqu'à tard dans la nuit avec tous les blessés et les malades.

_ Je te remercie infiniment Dagny mais si tu as un peu de temps, prends du repos afin de ne pas tomber malade à ton tour, lui dis-je en la serrant dans mes bras quelques instants.

Puis sans un autre mot, je m'engouffre à nouveau dans la froideur hivernale courant jusqu'à notre petite maison. Je serre précieusement contre moi les fioles qui je l'espère le sauveront.

À peine entrée dans la demeure, je pose le tout sur la table et vais voir comment Thorsten se porte. Il a toujours beaucoup de fièvre et j'ai même l'impression qu'elle augmente encore si cela est possible. Quand à sa plaie, elle est purulente et commence à suppurer. Je mets un petit moment à comprendre qu'il murmure un mot entre ses dents, une peu comme une prière. Curieuse, j'approche mon oreille de sa bouche et reste stupéfaite de l'entendre prononcer mon prénom . . . enfin celui d'Eivor avec tant de douceur . . .

_ Il va falloir être courageux, viking. Les soins vont être douloureux , lui murmurais-je à mon tour en lui pressant la main.

Pendant un instant, je suis heureuse qu'il est perdu connaissance. J'en profite alors pour nettoyer la plaie en profondeur. Bien qu'il soit inconscient, je l'entends tout de même légèrement gémir de douleur. Heureusement pour moi, il est trop faible pour bouger.

Une fois la blessure nettoyée et séchée. Je prépare rapidement un onguent antiseptique et cicatrisant pour aider Thorsten. Puis je lui applique le plus délicatement possible. Pourtant à chaque fois que mes doigts touchent sa peau, je l'entends gémir. Je termine en bandant sa plaie et réussis tant bien que mal à lui faire boire quelques gorgées d'une tisane qui doit l'aider à faire tomber la fièvre.

Thorsten finit par s'endormir. Sa respiration redevient régulière. Je n'ose pas le quitter de peur que son état ne s'aggrave dans les heures qui viennent. Je sors récupérer ce qu'il nous faut de bois et retourne auprès de mon blessé.

Lorsque ses traits sont détendus, il est d'une rare beauté pour un homme. Une beauté virile, il respire la force, la volonté et le courage. Je ne peux empêcher ma main de venir caresser ses longs cheveux blonds. Je me reprends et cesse, me rendant soudainement compte de combien mon geste est déplacé. Thorsten tourne doucement la tête vers moi et pose ses yeux bleus comme les mers du Nord sur moi. Ce regard m'enveloppe de douceur et me paralyse en même temps.

_ Eivor . . . ne . . . ne . . . t'arrête pas, me murmure-t-il avec un léger sourire.

Je ne réponds rien mais reprends mes caresses jusqu'à ce qu'il s'endorme profondément.

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