Chapitre IV - L'accident

1.7K 154 5
                                    


Le lendemain matin, j'avais beaucoup de mal à me lever. J'avais dormi dans une des chambres de la forteresse et n'avait pas cessé de pleurer en repensant au comportement d'Alec. Moi qui le pensais attentionnée et protecteur, je m'étais une nouvelle fois trompée.

Je décidai alors de descendre aux cuisines pour voir si je pouvais aider. Mirta m'accueillis avec un grand sourire comme à son habitude.

« - Madame, voulez-vous que je vous prépare un encas ? Vous avez une mine affreuse, vous avez mal dormi ?

- A vrai dire, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, j'ai eu un petit souci avec mon mari hier soir.

- A oui, Thomas et Paul m'ont raconté sa petite escapade à l'auberge. Ils m'ont dit qu'il l'avait déposé dans sa chambre et que vous vous occupiez de lui.

- Nous nous sommes disputés après leur départ et les choses sont allés un peu loin.

- Oh, madame je suis désolé. S'il y a une personne qui mérite d'être heureuse, c'est bien vous !

- Vous savez garder un secret, mon amie ? »

J'avais terriblement besoin de raconter toute mon histoire à quelqu'un. J'omis bien entendu de lui dire que je venais du futur mais lui raconta toute l'histoire de ma rencontre avec le roi, et mon mariage avec Alec. Je lui parlai aussi de la disparition de ma mère lorsque j'étais enfant et de combien Alec m'avait fait souffrir cette nuit moi qui pensait que nous aurions u avancé, enfin.

« - Lara, je vous admire vraiment arrivé dans un monde dont vous ignorez tout avec des gens qui complotent de tous les côtés, ça doit être très dur pour vous. Si en plus, vous commencez à aimer votre mari et qu'il vous met des bâtons dans les roues, o ne va pas s'en sortir.

- Je ne sais pas si je commence à l'aimer mais une chose est sûre ; c'est que je l'ai toujours beaucoup apprécié et beaucoup admirer.

- Ah ma chérie, le véritable amour ne commence pas avec la passion. Il commence lorsqu'on comprend que celui qu'il vous faut est en réalité votre meilleur ami, votre confident, votre protecteur. L'amour nait d'une attirance mais se nourrit de confiance, de respect et des moments partagés ensemble. »

Ces mots me faisaient réfléchir sur ce que je voulais vraiment. Etais-je aussi amoureuse d'Alec ? Pouvait-on aimer deux hommes à la fois ? J'étais totalement perdue et la dispute de la nuit dernière ne m'aidait pas à dénouer ce sac de nœuds.

Je décidai d'aller aider les femmes à la rivière. J'avais entrepris de leur montrer comment laver vaisselles, linges et enfants afin de réduire les contaminations le plus possible. Quand nous eûmes finis nos corvées, une femme nous interpella :

« - Venez voir ! Venez voir ! Les hommes organisent des combats à l'épée sur la place centrale du village.

- Pourquoi ? lança soudain Roberta. Pour régler leurs histoires et s'éventrer en deux ?

- Non, reprit l'autre, pour s'amuser disent-ils. Ils célébraient le fait que nous ayons été bénis dans nos récoltes. »

Nous nous précipitâmes alors pour les voir. Je n'étais pas vraiment ravi de ca mais je ne pouvais pas interdire leurs divertissements. Tout le monde riait de bon cœur et encourager le combattant de son choix. Soudain, je vis Alec sauter vers le centre de l'arène improvisé.

« - J'ai fait une très mauvaise action, hier soir, dit-il en plongeant son regard dans le mien. Je pense bien mériter une bonne leçon et j'aimerais que vous, madame, vous me punissiez » dit-il en me désignant. Je devins alors toute rouge. Que devais-je faire ?

« - Je ne serai jamais aussi forte qu'un homme, monsieur, et je n'ai pas envie de me blesser » lui signifiai-je pour lui faire comprendre que je n'avais pas envie d'aller vers lui.

« - Alors désigner un champion qui m'affrontera et si je gagne, aurais-je droit à un baiser ? » Je ne pus m'empêcher de sourire. Il n'était jamais arrivé que nous soyons fâchés et même le premier jour de notre rencontre, lorsqu'on m'avait accusé de sorcellerie, il m'avait défendu contre tous.

« - Qu'il en soit ainsi, mais connaissant vos antécédents, je vais vous désigner deux adversaire » lui répondis-je en demandant à deux soldats s'ils voulaient l'affronter. Ils acceptèrent le défi et tous les trois commencèrent à combattre.

L'un était assez costaud et peu agile mais possédait une frappe à vous couper en deux et l'autre était mince et très souple. La combinaison de ses deux soldats formait un adversaire redoutable et même avec l'expérience qu'il avait, Alec les gardait à distance avec beaucoup de mal. Soudain, mon mari trébucha sur une pierre, et je vis alors le costaud lui asséner un grand coup d'épée en plein sur le côté gauche. Alec qui était à genou, s'effondra d'un seul coup et tout le monde se précipita sur lui.

A ce moment-là un énorme « Non » était sorti de ma bouche et je courus vers lui poussant la foule qui se tenait devant moi.

« Laissez-moi passer, laissez-moi passer ! » Je m'agenouillai devant mon époux qui avait perdu connaissance. « S'il vous plaît faites qu'il n'est rien, faites qu'il n'est rien » mais je levai ma main et pus voir qu'elle était pleine de sang.

Quelques minutes plus tard, on l'emmena dans sa chambre et un médecin s'occupa de lui. J'étais sous le choc. Comment avais-je pu autoriser un tel jeu ? J'étais furieuse contre moi-même mais surtout morte de peur. S'il était arrivé quelque chose à Alec, je ne me le pardonnerai jamais. Je repensai alors à deuxième fois que nous nous étions vu.

*****

Cela faisait deux jours que j'avais été nommé duchesse et j'étais complètement perdu dans toutes mes nouvelles fonctions. Que pouvait bien faire une noble pour passer son temps.

Je faisais les cents pas à l'intérieur du château ne sachant pas où aller ni que faire.

« - Duchesse, puis-je vous aider ?

- Oh, vous êtes le général qui m'a sauvé du baron de Strique, est-ce que je me trompe ?

- Non, c'est bien, me dit-il e souriant. Vous avez l'air perdu dans cette forteresse, est-ce que je peux vous aider ?

- Je suis effectivement un peu dépassé par les évènements. A dire vrai, je n'ai aucun idée de ce que je dois faire en tant que duchesse. J'ai passé un peu de temps avec la princesse mais après ? Je ne connais personne ici, je ne sais pas quoi faire ? »

Il éclata alors de rire. Son geste me déconcerta et contre toute attente, eut la fabuleuse fonction de me détendre.

« - Vous me connaissez moi, je vous promets de devenir l'un de vos plus grand ami, si vous le voulez.

Le roi part en campagne cet après-midi mais il m'a chargé de veiller sur vous. Nous verrons donc comment occupez votre emploi du temps »

Au fur et à mesure que le temps passait, nous nous racontions toutes nous journées et nos peurs. Nous étions devenus d'excellents amis.

« - Lara, pourquoi ne parles-tu jamais de tes parents ? As-tu une famille derrière ces Montagnes qui t'attends ?

- J'ai un frère et un père qui m'attendent effectivement.

- Et ta mère ?

- Elle nous a quittés lorsque j'avais quatre ans. Je ne l'ai jamais dit à personne, mais tu sais elle me manque terriblement. J'ai toujours souffert de son absence. J'avais tellement envie qu'elle me prenne dans ses bras, qu'elle m'embrasse, qu'elle me dise que tout irait bien. » Les larmes coulèrent sur mes joues et lorsqu'il s'en rendit compte, il se précipita pour me prendre dans ses bras. Il souleva mon menton pour plonger ses yeux dans les miens. Il essuya la larme qui parlait sur ma joue et ajouta :

« - Ne t'inquiètes pas, c'est normal qu'elle te manque. Ta mère fait partie de toi. Elle serait si fière de la femme merveille que tu es devenue. » Il me serra plus fort contre lui et je me laissai aller là contre son cœur.

*****

Le médecin sortit de la chambre avec l'air inquiet. Je sentis mes jambes flanchées sous son regard. Mon cœur se serra instantanément. Je ne lui avais même pas dit que je l'aimais.

Une autre vie - tome 2 : Entre deux cœursWhere stories live. Discover now