Jeongguk n'a jamais connu l'amour. La perception qu'il en a est erronée et encore en pleine construction ; dû à des blessures du passé à peine cicatrisées et ayant pour seul appui ses romans à l'eau de rose qu'il affectionne depuis son adolescence...
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Assis sur sa chaise, les jambes croisées et la tête maintenue entre ses mains, Jeongguk n'avait d'yeux que pour le blond qui s'activait derrière le comptoir. Tantôt il s'occupait des commandes de la cafétéria, tantôt il gérait la partie grillade qui était annexée à celle-ci. Jin, quant à lui, était à la caisse pour payer leurs commandes à tous les deux, étant donné que Jeongguk n'avait pas retrouvé sa carte étudiante pour pouvoir payer sa nourriture avec. C'était une dame assez âgée qui avait servi le brun car le « bellâtre de la cafétéria » courait partout et celle-ci avait décidé de lui filer un coup de main. Seokjin arriva vite avec les commandes et s'installa face à l'ébène, ce qui mit un terme à la contemplation de celui-ci sur l'employé à la chevelure d'or.
— J'ai demandé à la dame si elle avait vu ta carte et elle m'a dit que non. Sinon, elle le saurait.
— Rah, putain... J'espère juste qu'un crétin ne l'a pas prise et paie ses repas avec mon argent. Je ne connais même pas les démarches à faire en cas de perte, soupira Gguk, complètement désespéré.
— Je crois que tu dois aller voir l'administration et téléphoner au Crous, je n'en suis pas sûr. On checkera ça ensemble dans la semaine, t'inquiète pas, rassura Jin, tout en tendant la salade de Jeongguk.
— L'administration, je ne compte pas trop sur eux. À peine tu entres dans leur bureau, t'as l'impression de les emmerder alors qu'ils sont payés à glander devant leurs écrans d'ordinateur toute la sainte journée.
Chaque fois que l'étudiant devait passer à l'administration pour ne serait-ce que récupérer une copie de l'un de ses partiels parce qu'il était absent lors de la restitution des notes ou pour demander un simple renseignement, il avait la sensation de ne pas être le bienvenu. L'organisation n'était pas trop leur point fort non plus, en plus de la politesse. Il évitait le plus possible de retourner dans cette pièce où l'odeur du café mélangée à celle d'un profond ennui régnait en maître.
Ils mangèrent tranquillement, sans se presser car ils ne reprenaient pas les cours avant treize-heures trente. Les prunelles jades du plus jeune divaguèrent une nouvelle fois en direction du comptoir de la cafétéria, essayant d'être le plus discret possible. Il remarqua alors que les traits faciaux du blond semblaient comme tiraillés, déformés par la contrariété. Cette expression d'apparence anodine ne faisait que le rendre encore plus beau et sexy qu'il ne l'était déjà aux yeux de Jeongguk.
Bel inconnu, dis-moiqui tu es. Es-tu diabolique ou divin ?
Il coinça sa lèvre inférieure entre ses incisives et ses globes oculaires se révulsèrent d'eux-mêmes à cette vue des plus plaisantes. Son désir d'en découvrir plus sur lui ne faisait que s'accentuer. En très peu de temps, le blond à l'allure d'ange tombé du ciel avait réussi à tourmenter son esprit, à s'accaparer celui-ci comme s'il s'agissait de sa nouvelle demeure. Une multitude de questions, toutes lui étant destinées, s'entrechoquaient à l'intérieur. Il se demandait si sa peau était douce comme du velours, s'il avait la même couleur favorite que lui – c'est-à-dire, le rouge –, quels étaient ses goûts musicaux... S'il était plutôt doux ou brutal au lit.
